@Qirotatif
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Aaaah, ça vous démangeait hein… Mais vous n’insultez pas
votre interlocuteur toutes les trois lignes. Je préfère un opposant à mes idées,
mais posé, que quelqu’un qui partage les miennes en insultant tout le monde
pour les affirmer.
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De mon côté, je rappelle avoir écrit que Casasnovas pouvait délirer. Et
pour l’enfoncer, je viens de lire qu’il s’est fait implanter des dents... Sur la "repousse" du bras, ses propos sont décousus dans l’ensemble, contradictoires
selon les endroits. Il répond à un type qui vient de perdre un bras.
Le
handicap, c’est particulier, les gens réagissent différemment selon leur tempérament
et leur histoire. Il y a la version surhomme (ou wonderwoman) qu’on voit dans
les jeux paralympiques : faire de son handicap un exploit. Ça fabrique des
gens avec une volonté peu commune, mais aussi intolérants sur leurs faiblesses.
Souvent, il n’y a pas l’un sans l’autre. Emmanuelle Laborit a pris le parcours
communautaire (ou militant) : sa revendication pour les sourds a permis
notamment de faire passer la loi sur la langue des signes (qui était interdite)
et susciter l’engouement pour cette langue. Elle n’est pas du tout commode non
plus avec les « entendants ». Il y a celui qui refuse son handicap :
il mobilisera son énergie pour se débrouiller comme les "normaux", mais
le cacher nécessite constamment des contournements, avec les malaises inévitables.
Et des mensonges. J’ai emmené un pote
aveugle (très malvoyant, vision que sur une fine bande périphérique), avec des amis en trois voitures à Venise une
semaine. Il disait qu’il ne conduisait pas par philosophie, son anticonformisme
était apprécié. Un banquier place Saint Marc essayait de nous escroquer dans un
change de monnaies en se mettant des billets de côté (c’était avant l’euro), il n’y que lui qui l’avait « vu » et qui a réagi.
Etc… Je l’ai emmené aussi en canoë (à
deux) avec des amis aussi sur un torrent assez sportif : il l’a réussi, il
devait faire comme les autres car n’avait « pas le choix ».
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Ce détour pour indiquer qu’on ne peut pas dire à la place du
handicapé ce qu’il a à faire : c’est à l’amputé de se faire à l’idée qu’il
l’est et de décider comment il va s’y prendre. Je pense que les propos
ouverts de Casasnovas, suggestifs, multi-options, pourraient lui convenir :
le naturel, le surnaturel, réenvisager ton corps, qui a des cellules pleines de
possibilités, ou l’homéostasie, l’extraordinaire qui ne peut venir que de toi,
etc… Ca peut aussi être piégeant pour l’amputé qui peut s’enfermer dans le
cycle illusion/frustration, mais ça vaut bien un « t’es amputé, il faut t’y
faire, va voir un psy ». (Je caricature vos propos, je sais que ce ne sont
pas les vôtres, mais cela peut très vite être subi comme ça).
Et il y a aussi pas mal de handicapés qui ne savent pas qu’ils
le sont…
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Sinon, je sais bien qu’un bras, ça ne repousse pas. Quoique… Moi j’ai au moins vu un aveugle qui voit sans que les autres aient vu qu’il ne
voyait pas.
Et un extracteur de jus, ce n’est vraiment pas ésotérique,
si vous vivez aux States, vous savez bien que cela peut faire partie du
quotidien familial. Il s’y prend simplement de façon plus glamour que « Mangez
cinq fruits et légumes par jour » (un slogan qui a fait un flop, lui, par
contre).