@Qirotatif
Il n’existe pas de loi anti-niqab en France. La loi qui existe est
la "n° 2010-1192 du 11
octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public".
Toutafé.
Mais ce qu’il
faut savoir , c’est que le comité des droits de l’homme considère que cette loi
est une acrobatie. Non pas à cause de sa formulation mais du fait des débats
parlementaires qui ont précédé la ratification de la loi. Parce que le débat a débuté par la réflexion
sur une loi interdisant la burqa. Au fil des débats , il est apparu aux parlementaires
qu’une interdiction générale était juridiquement risquée du fait du conseil d’Etat.
Les parlementaires ont ensuite voulu glisser cette loi en s’appuyant sur la laïcité
mais ce principe ne s’applique qu’à l’Etat et à ses agents et non pas aux
simples citoyens. Le parlement a finalement opté pour une loi qui ne parle ni
de burqa, ni de niqab, ni d’aucun vêtement religieux, mais de la nécessité de
découvrir son visage dans les rues et les lieux ouverts au public pour des
raisons de sécurité publique et de respect des « exigences minimales de la
vie en société ». C’est en raison de tout ce processus qui a aboutit à la loi
que le comité considère qu’il s’agit en réalité d’interdire indirectement le
port du voile intégral ( ce qui est vrai , il faut être honnête).
Là je vais
faire une remarque : les parlementaires ont trouvé une solution habile pour interdire
le voile intégral et c’est très bien. Mais c’est regrettable d’être passé par tous
ces débats (qui révèlent les intentions réelles des parlementaires au comité ) pour
en arriver là. Ils auraient pu prendre la décision d’interdire la dissimulation
du visage dans les lieux publics sans jamais mentionner une quelconque pratique
religieuse et personne n’aurait rien trouvé à redire.
C’est ce que
je dis souvent ici lorsque je critique certains anti-islam et qui n’est pas
compris puisque lorsque je le fais je suis assimilé à un crypto-islamiste , ce qui
est assez ironique : je dis simplement qu’ il faut être plus malin. Il
faut revenir à certains principes directeur : l’Etat n’a pas à caractériser
le fait religieux , il ne doit même pas le reconnaitre. Les agents de l’Etat
doivent appliquer de façon stricte la loi et si certaines pratiques ( revendiquées
par des individus comme étant religieuses ou non , peu importe ) y
contreviennent , alors elles doivent être interdites. De sorte que personne ne
pourra parler de discrimination puisque la loi est générale et impersonnelle ( elle n’est pas et ne doit pas être dirigée
contre une religion et ses pratiquants ). La loi qui consiste à interdire la
dissimulation du visage concerne tout le monde , une femme ne peut pas mettre
de voile intégral dans les lieux public mais un homme ne peut pas non plus mettre
un masque de clown dans un lieux public . Sans ces débats parlementaires
sur la burqa , on ne pourrait même pas dire formellement quelle était la cible
réelle de cette loi. Selon la même
logique , si on se fixe pour objectif de réduire drastiquement la halalisation
agro-alimentaire , il ne faut même pas que les autorités publiques
mentionnent le halal dans les débats. Il faut se concentrer sur les conditions
sanitaires d’égorgement dans les abattoirs et la souffrance animale pour
émettre des normes qui concrètement rendront le rituel d’abatage islamique
illégal ( et pas que , à mon avis de nombreuses industries d’élevage et d’abatage
seront aussi embarrassées ).
Mais de
nombreux anti-islam ne le comprennent pas. Eux mènent une lutte culturelle et
symbolique totale contre une religion et contre les pratiquants de la dite , ce
qui nécessite de nommer leur ennemi directement et plus ou moins franchement. C’est
leur droit mais le problème c’est qu’ils confondent leur combat culturel avec
le combat politique qui demande plus de précisions , de subtilités et d’intelligence
tactiques. Ce sont des gens , souvent grossiers et caricaturaux , qui carburent
au politiquement incorrect et qui frissonnent de plaisir à la moindre attaque symbolique contre l’islam et les musulmans , ce qui est peut être un atout dans la lutte
culturelle qu’ils mènent je ne sais pas
, mais qui devient grotesque si on transpose sur le plan du combat politico
juridique , qui lui , nécessite plus d’habilité tactique et l’usage de moyens
détournés.
D’où la nécessité
de faire la distinction entre le niveau culturel et le niveau politico-juridique
( quand bien même l’islam mélangerait les deux , concrètement ça ne change rien
à la façon de traiter la problématique ). Et le problème , c’est que certains politiciens
, sous la pression d’une frange de l’électorat chez laquelle le sentiment de dépossession
culturel est le plus fort , font eux aussi cette erreur de mélanger ces deux
niveaux , de sorte qu’ils rivalisent entre eux dans les attaques symboliques pour
conquérir cet électorat , alors qu’ils devraient rester cantonné de façon
habile à la sphère politico-juridique.
J’espère que ce cas me permettra de me faire comprendre
( peu importe que l’on soit d’accord avec moi mais si je parviens déjà à me
faire comprendre , ce serait déjà énorme). Parce que généralement , expliquer cela
, c’est risquer d’être assimilé aux islamistes.