@Joe Chip
-Sur le
siège du conseil de sécurité, j’ai pris la précaution de m’exprimer au conditionnel
et de parler de rumeurs, je n’ai donc pas de source officielle puisqu’il ne s’agit
pas d’une information vérifiable, vérifiée et incontestable. Ça n’en fait pas
une fausse information pour autant, il faudrait vérifier pour se prononcer
définitivement mais jusque-là cela me parait pas du tout absurde car comme je l’ai
dit, ça fait quelques années qu’il existe des signaux officieux qui vont dans
ce sens et il ne me parait pas non plus grotesque que ceux qui travaillent sur
cet éventuel dossier ne veuillent faire aucune déclaration officielle dans la
presse tant que les négociations n’auront pas progressées.
Du reste, un
tel projet ne me parait pas du tout irréalisable sur le plan formel car il ne passe
pas forcément par l’amendement de la charte des nations, il suffirait par
exemple de limiter l’usage de la voix française au conseil de sécurité (et qui
restera donc telle selon les formalités onusiennes ) par des procédures préalables
qui auraient lieu en amont au sein des institutions européennes. Ainsi la France
garderait formellement son siège au conseil de sécurité (donc pas de
modification de la charte) mais sa voix et ses choix seraient en réalité prédéterminée
au niveau de l’UE ( qui ne concerne pas les nations unies ) , de ce coté là j’ai une totale confiance en la capacité des fonctionnaires
européistes de nous concocter un petit montage bureaucratique et de créer un nouveau
traité européen qui contraindrait la France à ne pas user de sa voix au conseil
de sécurité de façon souveraine.
-Concernant
le partage de la dissuasion nucléaire , de manière générale s’en tenir de façon
hyper rigoureuse aux formulations
diplomatiques ne permet pas de comprendre les tenants et les aboutissants des
relations internationales , elles ne permettent pas d’en comprendre les
logiques profondes et les rapports de force qui sont à l’œuvre , précisément
parce qu’elles sont « diplomatiques » ( c’est-à-dire exprimée avec
tact et prudence , raison pour laquelle les décryptages sont nécessaires pour
comprendre les non-dits » ).
Si la France
et l’Allemagne ont prévu d’intégrer une dimension de sécurité et de défense
incluant le fait que la dissuasion nucléaire française participe à la défense
de l’Allemagne, c’est qu’il y’a une raison qui se
fonde sur un intérêt mutuel , il y’a en amont une logique qui se déploie. De
toute évidence la seule dissuasion nucléaire américaine ne suffit plus à l’Allemagne
pour certaines raisons (qui tiennent peut-être à la nécessaire diminution de l’influence
militaire américaine dans un contexte d’exacerbation des rivalités économiques germano-américaine)
et elle tient à la contrebalancer par la dissuasion française (sans pour autant
se mettre les américains à dos par l’usage de formulations trop directe). Si cela
est juste, quel est l’aboutissement de cette logique ? Au partage de la dissuasion
nucléaire avec la France. C’est en effet le meilleur moyen de réduire la dépendance
qu’a l’Allemagne vis-à-vis des Etats unis. Une nécessité qui peut être légitimé
sur le plan de la narrative par les propos du président américain qui demande lui-même
aux européens de prendre en charge leur défense eux mêmes. Alors
ce partage ne se fera peut-être pas l’année prochaine ou dans deux ans , c’est
un processus qui peut prendre cinq , dix voir quinze ans mais la logique qui mène
à inscrire dans un traité que la dissuasion nucléaire française participe à la défense de l’Allemagne
y aboutit ( il faut bien comprendre ce que cette formule implique sur le plan
technique).