Des
collègues témoignent ; des syndicats de police aussi.... mais si cette femme a
mis fin à ses jours c’est aussi et surtout parce qu’elle s’est sentie isolée,
non soutenue, abandonnée dans son combat.
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Si c’est la fonction qui fait l’homme, la fonction de
policier est sans doute une des fonctions les plus accaparantes, les plus
dévorantes qui soient, car, en effet, c’est bien à l’intérieur et de
l’intérieur que cette fonction agit.
Aussi, ce qu’il y a d’émouvant
ce qui fait qu’on y prête une attention toute particulière -, dans le suicide
d’un policier qui le redevient après avoir été longtemps considéré comme un
flic, un flic de plus aux pouvoirs aussi étendus qu’exceptionnels - force de
loi sans loi parfois aussi -, c’est qu’avec ce suicide, c’est l’homme et non
plus le flic et le policier, qui reprend "la main" sur la fonction
qui a été la sienne ; maintenant vulnérable et fragile, sa fonction cesse de le
définir ; c’est alors que ce policier dont on ne voyait plus que la fonction -
fonction qui nous cachait l’homme - se tient là devant nous... "tout
nu", débarrassé de cette fonction qui l’a tué en le poussant à mettre fin
à ses jours - dans le cadre d’un suicide professionnel avéré comme tel.
Avec son suicide, dans son suicide, le flic, puis le policier, semble avoir
retrouver en lui l’homme qu’il est, a été... et nous avec lui ; l’homme et sa
conscience, conscience de soi, conscience d’être au monde, autour de questions
souvent moquées : "Qui suis-je ? Quel sens donner à cette fonction qui m’a
totalement dévoré ? Quel sens ma vie a-t-elle ?"
Oubliez l’homme derrière une fonction quelle qu’elle soit, et c’est un homme
doublement homme qui vous fait face comme une révélation inattendue et donc
surprenante ; deux fois l’homme que l’on avait oublié tellement sa fonction le
définissait à nos yeux.
D’où cette émotion et ce questionnement particuliers à l’annonce du suicide
d’un flic-policier-homme.