Globalement
cette élection est le prolongement et la consolidation de la recomposition
politicienne commencée lors de la présidentielle. La sociologie électoraliste
et le paysage politicien qui en émane se bipolarise et met face à face un bloc
oligarchique qui a pour caractéristique d’être mondialiste et d’incarner la France
des métropoles et un bloc populaire plus périphérique qui s’oppose au
mondialisme. Les Le Pen et le RN ont
fait une OPA sur le bloc populaire , au grand dam de Mélenchon et LFI. Macron
et LREM a réussi à constituer le noyau dur du bloc oligarchique , ses
concurrents comme LR sont condamnés à être réduit à l’état de satellites.
De
cette perspective , le bloc populaire est condamné à l’échec puisque l’effet
repoussoir des Le Pen empêche toute victoire : la répugnance pour cette famille
qui mène à la baguette un clan d’incompétents et de corrompus est telle qu’un
Le Pen ne pourrait remporter un second tour de présidentielle face à un
suricate. Et ce , d’autant plus que les Le Pen sont indéboulonnables au sein du
RN ( #Bruno Mégret ) et que le RN est lui-même une forteresse imprenable au
sein du bloc populaire ( #LFI ; # Les patriotes).
Le
bloc oligarchique a donc de beaux jours devant lui , du point de vue de la posture,
il mène le bal puisqu’il porte la dynamique et incarne le mouvement , l’ouverture
et le progrès … bref , il imprime la marche , il en émane un élan positif et
des affects radieux. Le bloc populaire quant à lui est condamné à la relégation
, il incarne l’archaïsme, le repli sur soi , le passéisme , la colère , les pires
penchants de la « masse » , le fascisme et il en émane des affects tragiques.
Lors
des prochaines échéances électorales la dynamique va se renforcer : le bloc populaire cherchera à sanctionner par
les urnes le champion du bloc oligarchique , et cela se traduira par des votes
en faveur du RN qui est la seule force populaire en mesure d’arriver en tête d’un
scrutin ,et en face le bloc oligarchique se mobilisera pour faire barrage
au péril rouge /brun mais surtout brun. Dans ce contexte , Macron n’a qu’à
faire de LREM le centre incontournable du bloc oligarchique pour être réélu en
2022 et pour ce , il lui suffit de cajoler les 10 % les plus riches de la
population pour être certain d’être au second tour de la présidentielle et de
maintenir une posture d’antifasciste d’opérette pour la remporter ( il n’a donc
pas besoin d’élargir son socle électoral , ce qui importe pour lui c’est de le
préserver , peu lui chaux son impopularité générale ). Les prochaines années
, on va donc voir les hordes macroneuses réduire le paysage politico-médiatique
à un duel entre Macron et Le Pen. Les oligarques qui ont fait élire Macron en
2017 grâce à leur emprise sur les médias vont accentuer leur subtile couverture
médiatique du RN articulé sur l’équilibre promotion /diabolisation afin qu’il
continue de jouer son rôle d’épouvantail et de faire de la dynamique protestataire
du bloc populaire un pétard mouillé.
Ainsi
, d’une perspective purement éléctoraliste , le bloc oligarchique fait échec et
mat jusqu’au moins à l’horizon fatidique des 2030. Ce qui est paradoxal , c’est
que dans cette configuration , le
champion du bloc oligarchique l’emportera à chaque fois mais s’enfoncera de
suite dans l’impopularité. Mais sa légitimité n’en sera pas ébranlée puisque le
taux moyen d’abstention a de forte chance de diminuer : les castors des deux
blocs vont appeler systématiquement à voter pour faire barrage au champion du
bloc opposé. On l’a vu lors de ces élections dont le taux de participation était
en hausse et a été interprété comme une bonne nouvelle pour la »
démocratie « et pour l’UE , de fait les castors participent à la légitimation
de notre régime. Dans ce jeu de vote utile des castors des deux blocs , les micro-partis
ne comptent pour rien , ils ne sont même pas des variables d’ajustement.
Seuls
des évènements se situant hors du champ électoraliste pourrait faire perdre le
bloc oligarchique. Et d’ici à 2030 , des crises majeures peuvent surgir. Dès
que l’on sort de l’électoralisme politicien de caniveau pour entrer dans le
politique , le bloc oligarchique bascule de la toute-puissance à l’impuissance car au-delà des postures de dynamisme et de rempart de la démocratie et de la
liberté face à la menace fasciste , il n’a plus rien à offrir , il est en
proie à l’effondrement ( certes lent).
Cette
élection ne fait que renforcer ma conviction que l’électoralisme est le
cimetière du politique , la configuration qui en émane ne rende absolument pas
compte de la richesse de la vie authentiquement démocratique et citoyenne qui a
émergé ces six derniers mois.