Que
le terme qui sert à désigner les
bobos soit devenu un mot fourre-tout, un
terme qui
recouvre
des contenus différents voire contradictoires (et
qui désigne des populations qui diffèrent selon les critères
utilisés) à
cause de l’usage péjoratif facile qui en est fait ne
veut pas dire que cette catégorie d’individus n’existe pas. Les
auteurs de ces vidéos tombent à pieds joints sur cette conclusion
hâtive (« les bobos n’existent pas ») sans se demander
si le terme de bobo ne renfermerait pas un substrat commun, ou tout
simplement une
réalité que
l’usage abusif et péjoratif du mot a rendue
vague, mais qui est
une réalité tout de même. Si, en voyant des chiens, je dis que ce
sont des coyotes, je ne fais pas disparaître les chiens par simple
erreur de vocabulaire.
François Bégaudeau explique très bien qui sont les bobos, même
s’il n’aime pas ce terme car il fait passer au second plan la
catégorie « bourgeois », dont le bobo n’est que l’une
de ses formes, la forme de ceux qui se veulent sympas, cool,
humanistes (même si à géométrie variable), fraternels (même si
seulement avec les immigrés et les minorités), écologistes (mais
pas trop quand même), bref « progressistes »… bref
bourgeois, mais pas comme les bourgeois conservateurs pas cool. En
gros, les « bons chasseurs » vs les « mauvais
chasseurs ».
D’autre part, comme le dit Bégaudeau, on peut avoir une idéologie
bourgeoise sans en avoir le patrimoine ni le salaire. Je me suis
forcé à revoir la deuxième vidéo (mais bon en accéléré,
vitesse 1,5, je suis pas maso) pour vérifier la présence de ce faux
argument.
Quant à la classification sociologique, est-elle la seule
pertinente ? Moi, la classification idéologique me convient
davantage. Que la sociologie n’arrive pas (mais est-elle vraiment
neutre et scientifique ?) à ranger le bobo dans l’une de ses cases
ne veut pas dire que la catégorie idéologique n’existe pas.
Sinon, autant dire que le chaud et le froid n’existent pas parce
que je n’ai pas de thermomètre.