@Belenos
On
parle là d’une enquête judiciaire , donc liée à l’Etat et à sa rationalité normative. Quelle
est la procédure rationnelle qui permettrait de garantir l’honnêteté d’un
enquêteur ? Je peux concevoir qu’on puisse garantir que l’enquêteur ne
soit pas une personne condamnée pour crime et délit en exigeant par exemple le
casier judiciaire vierge pour l’exercice de ce métier mais je ne crois pas qu’il
soit possible de garantir l’honnêteté en tant que telle comme je l’ai précisé
plus haut. Cela étant, supposons que ce soit possible , quelle serait cette
procédure ? Parce qu’il ne suffirait pas de faire comme pour ses voisins ou
ses belles-filles , c’est-à-dire les inviter à diner et se fier à ses impressions
, il ne suffirait pas non plus de dire « je ressens que l’expert est
honnête » parce qu’il a une bonne tête , sans même parler du fait que celui qui paraitra honnête à l’un
ne paraitra pas honnête à l’autre , donc comment on fait ? Est-ce que
l’honnêteté a seulement un contenu juridique ? On se retrouve devant une impossibilité et
c’est ce qui arrive quand on introduit des notions subjectives qui relèvent de
la morale inter-individuelle dans ce qui devrait relever de l’examen rigoureux
et scientifique d’une enquête publique selon des procédures déterminées.
On
peut éviter le conflit d’intérêt lorsqu’une enquête est menée , on pourrait
même garantir son indépendance du pouvoir politique … mais garantir l’honnêteté
de l’enquêteur ? Moi je ne
vois pas comment on fait mais si quelqu’un a une idée moi je suis preneur. Comment
garantir l’honnêteté d’un enquêteur dans un milieu dans lequel des gens partent
de la pétition de principe que les conclusions d’une enquête sont forcément pré-écrites
parce qu’il y’a de grands complots dont ils n’apportent jamais d’éléments de preuves ?
Moi je dis bonne chance parce que ce sera une course en avant qui n’en finira jamais
…
Au-delà
de ça , j’ai une opposition de principe vis-à-vis
de cette recherche de pureté morale et d’introduction de moraline dans le champ
publique : je pars du principe qu’il est impossible de garantir l’honnêteté
d’un enquêteur ,donc les procédures doivent tenir compte du fait qu’il peut
être malhonnête , d’où la nécessité d’organiser l’indépendance des enquêteurs
vis-à-vis des pouvoirs constitués , de
rendre irréalisable les conflits d’intérêts et de mettre en place des contrôles
à divers niveau ( qui empêcheront la réalisation de votre exemple de l’enquêteur
qui accepte de l’argent ou une promotion sociale contre la production d’une enquête
faussée ou encore de l’enquêteur avec un casier judiciaire fourni ). Dans le moins mauvais système d’organisation
, on ne doit pas miser sur la vertu , l’honnêteté , la disposition d’âme des
dépositaires de l’autorité publique ( en l’occurrence l’enquêteur dans notre
cas ) , on doit prévoir au contraire leur faillibilité. De là garantir l’honnêteté
d’un enquêteur n’est pour moi pas un sujet , j’ai l’impression que c’est
quelque chose qui est important aux yeux de ceux qui privilégient leur ressenti
à l’examens rigoureux des résultats d’une enquête et qui n’ en accepteront les
résultats que s’ils ont toute confiance en l’honnêteté d’un enquêteur
, ces mêmes gens qui lisent les commentaires
sur les forums en examinant l’honnêteté ou la malhonnêteté de leur
interlocuteur qu’ils ne connaissent pas personnellement au lieu de faire la critique des propos tenus.
Donc
non , je ne considère pas que l’honnêteté doit être exigée chez un enquêteur (
puisqu’elle est impossible à garantir ) , c’est l’efficacité de la procédure qui
doit garantir une enquête non faussée ( garantie qui ne sera jamais absolue
mais ça c’est le monde des hommes , on ne vit pas dans un monde idéal ) ,
je ne vois pas ce qui pique les yeux là-dedans ni en quoi ce raisonnement
serait erroné.