Bonus :
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Comme le souligne d’emblée Anne-Marie Delcambre, à la suite de
Jacqueline Chabbi, professeur à l’Université Paris VIII, « l’Islam n’a
pas accompli sa révolution critique et historique ». Il devient donc
urgent de travailler à son histoire sans parti pris, car la vision du
courant wahhabite qui tente de s’imposer aujourd’hui n’a rien à voir ni
avec l’islam traditionnel ni tel qu’il s’est construit au cours des
siècles ni a fortiori avec l’islam des origines.
Après avoir jeté un regard décapant et bien accueilli par le public sur
la place problématique des interdits dans la religion musulmane,
Anne-Marie Delcambre invite à découvrir que l’Islam des premiers temps
est une croyance qui se cherche encore, bien éloignée d’une sorte d’âge
d’or mythique, et qui va profondément évoluer au contact de multiples
influences. De même que le christianisme des origines n’est pas lui non
plus monolithique, l’Islam se constitue à travers le contact ou la
confrontation avec d’autres, sensible à travers la question des
conversions. Ainsi la conversion des populations au-delà du monde arabe,
le choc culturel avec Byzance, la relation aux chrétiens de Syrie, les
convertis espagnols de l’Andalousie, les liens au monde turc et mongol,
puis plus tard avec le monde berbère ou l’Afrique...