Cette histoire
prend des tournures hilarantes. On connaissait les abjurations et les autocritiques
sous l’inquisition et les régimes totalitaires. Dans le premier cas, les aveux
étaient obtenus sous la torture, dans le second cas la menace suffisait pour soumettre
le condamné. Là avec les régimes libéraux on passe au stade supérieur : le
sujet doit intérioriser au plus profond de lui-même son erreur, il n’y a pas
besoin de décrire ses actes ignominieux ou de lui faire lire des discours prérédigé
par le pouvoir ou il admet sa traitrise, non, dans nos contrées le condamné s’exécute sans qu’on ne lui demande rien, c’est en quelque sorte spontané.
Yann
Moix à « On n’est pas couché » : « Le jeune homme que j’étais, je lui
cracherais dessus aujourd’hui. » Et il enchaîne, la voix chevrotante : « Je
demande pardon à Bernard Henry-Lévy, et à tous ceux que j’ai blessés du plus
profond de mon être. Pardon pour ces bandes dessinées. Je n’avais pas les
épaules assez larges pour me suicider physiquement alors je me suis suicidé
moralement. J’ai un dégoût de moi-même, ce raté, cet être méprisé et
méprisable. Je me vomissais. Je suis un lâche. J’ai été une ordure. Mais j’ai
essayé de m’arracher de ce trou noir, de ce cauchemar grâce à des gens lumineux
comme BHL qui m’ont permis de me construire intellectuellement. J’ai essayé de
me racheter toute ma vie, de combattre la xénophobie. Je suis désolé pour tout
ce que j’ai fait. »
MDR