Vu
le passage de Todd dans ONPC. J’ai
bien aimé la façon dont il a mouché Goupil en le désignant comme un bourgeois trotskyste
tout en souriant. A part ça, j’ai beaucoup de déssaccords avec lui, notamment sur
la place qu’il donne à l’appareil d’Etat et à ce qu’il nomme l’aristocratie stato-financière.
Mais
il y’a un point, hormis la problématique de l’euro, sur lequel je le rejoins totalement,
c’est sur son modèle des mépris descendant en cascade. Lorsqu’il dit que la
lutte des classes est descendante, et que chaque classe développe une attitude
agressive vis-à-vis de toutes les classes qui lui sont inférieures et
particulièrement vis-à-vis de la classe qui lui est immédiatement inférieure, y
compris la classe ouvrière, ce qu’il dit est tout à fait juste.
Ce
phénomène, c’est ce que des chercheurs anglosaxons ont appelé « la peur de
la dernière place ». C’est-à-dire que dans les systèmes de stratification hiérarchiques,
les gens sont motivés moins par un désir d’ascension sociale que par une crainte
de se retrouver au bas de l’échelle. Finalement, les acteurs dans un
tel systèmeont plus tendance à regarder vers le bas que vers le haut et
à stigmatiser le groupe qui lui est directement subordonné. On le voir bien par
exemple avec la tendance des classes moyennes supérieures à moquer les classes moyennes
inférieures et populaires avec tout un lexique les renvoyant à des beaufs de
bistrot peu instruits aux prénoms américains et à des cassos qui n’ont pour
expression que des borborygmes. Les mêmes classes populaires vont développer tout
un lexique xénophobe, voir racistes vis-à-vis des descendants d’immigrés
africains qui se multiplient comme des ras et ne seraient en France que pour
gratter la CAF. Et on voit poindre ce phénomène de mépris chez ces descendants
d’immigrés lorsqu’ils font face aux nouveaux immigrés et surtout aux roms.
Le
populisme ( au sens historique et non médiatique), comme le dit très justement Todd, c’est inverser
cette logique. Le populiste a beaucoup plus tendance à regarder vers le haut
que vers le bas, son mépris s’il en a, il le réserve aux catégories supérieures qui occupent le haut du panier, ses aspirations, ses
revendications, son idéal politique est structuré par le désir de faire cesser
les dominations sociales, qu’elles soient économiques, politiques ou culturelles. En ce sens, le
mouvement des GJ était un mouvement authentiquement populiste.