Confinement au Bates motel. Rapport de situation. Episode 17.

Joie ! alléluia ! hosanna ! jour historique ! joie ! non, je ne célèbre pas la victoire et la libération, mais un autre événement tout autant considérable...

J’ai un client au motel...une cliente, plus exactement...hein.. ? bien sûr que le business continue, guerre ou pas guerre, je n’ai guère le choix vu le CA guère épais depuis la guerre...oui, avant aussi...et alors.. ?

Elle se prénomme Monique, elle est vieille, aux confins de la sénilité...elle parle peu mais elle bave comme un bouledogue...pas très glamour, j’en conviens...pour une permission de sortie du confinement hormonal c’est pas le meilleur plan...c’est pas cette antique créature baveuse que je vais reluquer par un trou dans le mur...

Vingt minutes pour garer sa vieille charrette devant le motel entre deux obstacles imaginaires comme sa raison...autant de temps pour arriver jusqu’à la réception en laissant une traînée de bave...une limace, une vraie limace...

Selon ses dires elle s’est évadée d’un EHPAD où ça commençait à sentir le roussi...plutôt le macchabée...à l’entendre, l’établissement débite de la viande froide pire qu’une usine de carpaccio...les fourgons mortuaires doivent prendre un ticket devant cet EHPAD géré par la fondation Rothschild, précision apportée juste par plaisir de stigmatiser, c’est gratuit...

Je lui ai offert un bol de soupe, à Monique...image saisissante de ces filets de bave qui formaient des stalactites entre ses babines et le sol...je comprends mieux la phrase "la vieillesse est un naufrage" mais je ne pensais pas qu’on pouvait se noyer dans sa bave...heureusement qu’elle m’a laissé un consistant pourboire en payant sa chambre, peut-être par générosité, peut-être par déconnexion avec la compréhension de la valeur des billets de banque, allez savoir...l’essentiel est ailleurs, c’est la chambre réglée en avance...pas besoin d’être devin pour sentir la filouterie de motel avec la grande faucheuse en complice...

Et puis, pauvre vioque ou pas, chacun se doit de contribuer à l’effort de guerre...