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Commentaire de Stupeur

sur Arnaud Desjardins : Entretien avec Frédéric Lenoir


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Stupeur Stupeur 17 juin 2020 11:14

"A 45’ on a aussi un petit conte initiatique"

Oui ! un petit conte chinois : « le vieil homme à la frontière a perdu son cheval mais qui sait si c’est un malheur ? » (sai weng shi ma, an chih fei fu) :

« La perception de l’ambiguïté. Selon la pensée chinoise la crise n’est pas uniquement vécue ou ne doit pas être vécue comme un moment négatif ; elle doit aussi être perçue comme une situation positive, une opportunité, un atout, dont il convient de profiter. Cette façon de voir résulte de la conception paradoxale du yin et du yang où le monde se transforme perpétuellement selon le processus alterné de deux forces opposées, combinatoires et complémentaires. Cette vision de l’imbrication et de l’alternance des oppositions - par exemple la chance et la malchance - s’illustre dans des adages tels que « nul ne sait ce qui est bien, nul ne sait ce qui est mal » ou encore « le vieil homme à la frontière a perdu son cheval mais qui sait si c’est un malheur ? » (sai weng shi ma, an chih fei fu). Il y a là tout un conte chinois : un pauvre vieillard vivait avec son fils aux abords de la frontière. Un jour, son cheval se sauve chez les barbares. Aux voisins qui viennent le consoler, il répond : « Perdre un cheval pourrait être une mauvaise chose, mais cela pourrait se retourner en une bonne chose. Qui peut dire ? » Quelque temps plus tard le cheval perdu revient avec un troupeau de chevaux sauvages. Aux voisins qui viennent cette fois le féliciter, le vieillard dit de nouveau : « C’est peut-être du bonheur, mais peut-être pas… » Et voilà que son fils se fracture la jambe en tentant de dompter un des chevaux sauvages. « Quel grand malheur pour votre fils ! » disent les voisins, auxquels le vieil homme répète encore : « Oui, c’est un malheur mais, qui sait, peut être pas… » Quelques mois plus tard, la guerre éclate et tous les jeunes hommes sont mobilisés… sauf son fils handicapé !

 

Cette histoire nous éclaire sur la perception chinoise de la crise. Elle n’est pas ressentie comme une fatalité, un événement irréversible : c’est un événement qui est attendu pour nourrir le cours des choses. »

 

Extrait de l’article « Un détour par la Chine pour penser autrement » sur cairn.info


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