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Commentaire de maQiavel

sur Mort de George Floyd : une vidéo met en cause la version des médias


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maQiavel maQiavel 6 août 2020 21:17

@yoananda2

« les faits ça n’existe pas, ça s’interprète toujours parce qu’on n’est pas dans la tête des gens ».

Non. Là il y’a un gros problème dans ton énoncé. A ce compte-là, un type pourrait faire tomber une pomme à terre et prétendre qu’elle est montée au ciel parce que c’est son interprétation personnelle. Et dans la vidéo de l’article, il n’est pas question d’une bavure policière mais d’un clown qui a étouffé un chat, c’est une interprétation comme une autre et tout se vaut. Finalement rien n’existe et tout devient interprétation. C’est ça qu’implique l’énoncé « les faits ça n’existe pas ».

Moi je ne vais entrer dans un débat philosophique et épistémologique entre l’objectivisme et subjectivisme radical pour déterminer ce qui existe ou pas dans l’absolu, cependant juridiquement le mot "fait" désigne un événement qui tombe sous les sens et qui est susceptible de jouer un rôle dans le développement d’un litige. Lorsqu’un gus en tue un autre en lui tirant une balle dans la tête, il ne peut pas de présenter au tribunal en prétextant que les faits n’existent pas, que le type qu’il a tué n’existe pas non plus et que de toute façon chacun interprète comme il veut épicétou smiley , il ne va pas échapper à son procès et à sa condamnation avec cette défense ( sauf si c’est la folie qui est plaidée). Alors bien sur les faits ça s’interprète, la subjectivité entre toujours en compte, il n’en reste pas moins que leur déroulement et leur quantification reste évaluable objectivement, c’est pour ça que le tribunal va reconstituer ces faits, séquences par séquences pour déterminer la culpabilité de ce type. Et cette évaluation des faits ne va pas se faire par des ressentis mais par la raison. Ça ne veut pas dire que les ressentis n’ont pas leur place dans un procès en général mais que c’est la raison qui va permettre d’obtenir quelque chose qui se rapprocherait d’une juste reconstitution des événement pour au moins déterminer ce qui s’est passé.

Donc là on présente une vidéo sur un policier qui est incriminé pour homicide. Je pose certaines questions sur ce qu’elle est censée apporter ou modifier et on me parle de race, de démocrate, d’ACAB et j’en passe. Donc je constate que les réponses qu’on m’apporte ne sont ni rationnelles, ni logiques. Désolé mais si un type me demande si Pékin est la capitale de la Chine et que je lui réponds que je n’aime pas les pommes de terres … ma réponse n’aurait aucun sens smiley, j’ai le droit de ressentir que c’est la bonne réponse si ça me fait du bien mais je ne vais pas commencer à lui dire qu’il a les fils qui se touchent parce qu’il me dit que ma réponse n’a rien de logique ou de rationnel, c’est juste vrai.

Avoir des biais ? Evidemment que j’en ai comme tout le monde mais précisément, dans un cadre rationnel on les combat, c’est une lutte qu’il faut livrer en permanence contre soi-même, on ne se dit pas « j’ai des biais et c’est comme ça, je n’y peux rien ». Après, on a le droit de ne pas être dans ce cadre rationnel, moi aussi il m’arrive de refuser ce cadre ( dans tout ce qui touche mes croyances religieuses par exemple) mais dans ce cas pourquoi parler de fil qui se touchent ? Ben non, soyons concret : Floyd a eu ce qu’il méritait parce que c’est un drogué noir, ce qui arrive à Chauvin est injuste, je suis blanc et je défends ma race dont Chauvin est un représentant parce que c’est ce que je ressens épicétou, voilà, là y’a pas de discussion, face à un énoncé comme ça je ne répondrai même pas un mot, la question serait vite répondue comme on dit. Par contre, si on défend cette position en prétextant lui donner une base rationnelle, c’est normal qu’elle soit réfutée sur cette base, ça ce n’est pas une question de fils qui se touchent mais de rationalisation du débat. 

Au passage, je n’ai rien contre l’appel à la réalité si ça se base sur des faits objectifs et non des ressentis personnels ou des constructions idéologiques. Ce que je reproche à certains droitards, ce n’est pas de défendre leurs opinions subjectives (tout le monde fait ça, c’est normal), c’est de les ériger en vérités absolues incontestables que seuls des idiots, des fous ou des malhonnêtes oseraient réfuter, là l’appel à la réalité devient une ruse rhétorique pour remporter un débat. 


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