Le
terme de judéo-christianisme est polémique. Et on comprend pourquoi, puisqu’il
s’agit après tout d’un concept moderne relativement mal défini. Il est toujours
bon de définir les termes. D’un point de vue historique en premier lieu :
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Le
judéo-christianisme exista dans les premiers temps de notre ère. Après l’« événement
Jésus » et les bouleversements qu’il suscita, ses proches continuèrent de
fréquenter les synagogues et le Temple. Les « judéo-chrétiens », surtout nombreux
à Jérusalem, autour de Jacques, « le frère du Seigneur », liaient les thèmes de la
prédication de Jésus à ceux de la loi juive. Ils observaient les commandements
de la circoncision et du shabbat, de la pureté alimentaire et le jeûne. Ils se
considéraient presque comme un mouvement de réforme à l’intérieur du judaïsme.
Et l’on peut se demander comment ce groupe eût évolué si le grand prêtre Anan
n’avait pas fait lapider Jacques, pour des raisons obscures, en 62.
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Jacques… dont on a retrouvé un épître
apocryphe (Livre secret de Jacques) dans la bibliothèque de Nag
Hammadi. Un écrit gnostique.
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Par
extension, on entend par « judéo-christianisme » l’opinion que chacun
s’en fait. Si on le comprend de façon interne, on cherche à savoir si ce terme
correspond à nos pratiques personnelles. Si c’est un regard externe, cela tendrait
à désigner une certaine manière de considérer le rapport à soi, à autrui et au monde,
autrement dit des schémas mentaux ou valeurs, plus ou moins partagés par une même
société ou civilisation.
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C’est
dans ce sens précis qu’il a été employé plus haut. En faisant bien la
distinction entre les deux religions abrahamiques, dont le postulat est qu’elles
ont (ou ont eu) toutes deux une influence prépondérante sur le cours de l’histoire
en Europe. Après il faudrait définir
plus précisément… mais on va s’en abstenir.
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Pour
aller à l’essentiel et répondre sur ce pêché originel qui en tracasse certains,
on peut observer deux grandes tendances sur la question. La première, c’est de
considérer que cette séparation entre l’homme et le(s) Dieu(x) est actée et qu’en
conséquent Dieu est inatteignable… si ce
n’est par les chefs spirituels terrestres ou les éventuels prophètes. Après, il
viendrait tous nous sauver à la fin... donc bon… La seconde, c’est de considérer
la séparation entre les hommes et le(s) Dieu(x) comme étant non irrévocable,
mais une sorte de défi lancé à l’homme, pour recouvrer sa « forme »
divine. On considère en général, dans cette seconde tendance, la personne comme
pouvant avoir un accès « direct » à la divinité sous certaines
conditions. C’est la parole du Christ entre autre, mais la première tendance
peut aussi désigner l’Église...
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On
peut aussi dire qu’il y a pas de péché originel mais chercher le divin du
monde.
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Après,
toute la nuance repose sur chercher quoi précisément, comment le chercher, par
quels moyens et dans quel but… Notre-Dame n’est-elle pas une réponse des plus synthétiques à ces problématiques ?