@yoananda2
Exactement.
Je vais lui répondre de manière moins caricaturale, cela dit tu as très bien
compris mon point.
@micnet
Bonjour.
Vous faites
une différence entre le Coran et la bible parce que selon les croyances
musulmanes, il est la révélation directe de Dieu. Je vais vous répondre, et je
ne vous apprendrai rien, qu’il existe des croyances chrétiennes qui font de la
bible LA parole de Dieu, parce que ceux qui ont écrit ces textes étaient inspirés
directement par Dieu à un tel point qu’il ne faut rien rajouter ou retrancher à
cette parole, ce qui revient à en faire un corpus incréé, et vous avez d’ailleurs
des versets bibliques qui l’attestent ou qui du moins sont interprétés par eux
comme ça. Certes, ce n’est pas la tendance la plus forte du christianisme en France
( quoique la plus dynamique avec la croissance des églises évangélistes ) mais elle
est très forte aux Etats unis par exemple, à un tel point qu’elle a une influence
considérable sur la culture politique américaine, comme sur l’appréhension de la
constitution qui va être lue selon le principe d’autorité de l’Ecriture, ce n’est
pas pour rien que les américains touchent beaucoup moins à leur constitution que
les Français, chez eux elle a une dimension symbolique qui se rapproche de la
sacralité de la bible : la bible est la parole de Dieu et la
constitution la parole des pères Fondateurs !
Ce que je
veux dire, c’est que cette trichotomie Bible/Coran/Constitution qui est devenue
un lieu commun en France est beaucoup plus complexe qu’il n’y parait et nécessiterait
de faire de nombreuses nuances et contextualisations qui rendent ineptes l’idée selon laquelle on pourrait en tirer quelque chose de pertinent qui puisse
décrire une réalité sociale immuable. Ici, je voulais juste replacer votre propos dans une
perspective plus large.
Maintenant,
rentrons dans le vif du sujet. Le fait de croire que la parole de Dieu est
écrite dans un texte et ne peut pas être modifiée ne change rien au fait qu’elle
va être comprise et interprétée différemment par divers acteurs. Il existe des
chrétiens qui sont convaincus que la bible est la parole de Dieu et pourtant
ils sont en désaccord parfois radical sur ce que Dieu dit. Il en est de même pour
les musulmans. De cette perspective, si on veut être pragmatique, ce qui est
important, ce n’est pas de savoir si des gens sont prisonniers d’un texte ou
non ( après tout, on s’en fout si ça ne produit aucune nuisance) mais plutôt de déterminer quelles sont les
interprétations et compréhensions de ce texte qui sont problématiques au regard
de nos principes institutionnels. Ensuite isoler les tendances qui ont ces
interprétations dangereuses et les traiter en ennemi ( en les combattant de
façon intelligente évidemment, c’est-à-dire avec une vraie stratégie, pas comme
des bourrins qui tapent sur tout ce qui bouge ce qui ne ferait qu’amplifier le
problème).
Pour ce qui
est du cas spécifique des sourates du Coran qui ne sont pas compatibles avec
nos lois, vous avez des musulmans influents en France qui expliquent qu’elles
sont inapplicables ou encore qui les réinterprètent de façon à ce qu’elles
soient purgées de leur dimension polémogène. Je ne dis pas que ces gens là ont
la vérité du religieux ou qu’ils énoncent des vérités absolues sur ces textes,
moi ces spéculations ne m’intéressent pas, par contre ce qui attire mon attention, c’est
que leurs compréhensions et leurs interprétations de ces textes n’est pas du tout
dangereuse ou neutralisent les éventuels aspects guerriers de ces sourates. Plutôt
que d’entrer en confrontation avec une masse de musulman sur une modification
humaine d’un texte qu’elle considère comme sacrée, pourquoi ne pas simplement
favoriser la diffusion de ces interprétations et compréhensions ? D’un
point de vue stratégique, si l’objectif à atteindre est d’isoler les tendances, groupuscules et
mouvances qui ont des compréhensions et des interprétations dangereuses de leur
texte sacré, c’est ça qu’il faut faire. Pour le dire autrement, les alliés dans
cette lutte, ce sont ceux que les anti-islam appellent, en se moquant, les « cépaçalislam »
et qui sont par ailleurs méprisés par les salafistes les plus vindicatifs par exemple.
Le contre
argument habituel à ça, c’est la taqîya « oui mais ils peuvent vous parler
publiquement leur conception d’une religion d’amour et de paix en public et dire
le contraire dans le privé entre eux », mais c’est à ça que servent les services de renseignement
justement, à repérer ce genre forfaitures, n’oublions pas que nous sommes au
pays de Fouché.