@sls0
l’insolence est l’argument de ceux qui n’en ont pas.
Il n’y a pas que le CO2 et le SO2 : il y a les particules fines et les NOx
« Le transport maritime achemine
plus de 90% des marchandises dans le monde et transporte plusieurs
millions de personnes chaque année. Mais derrière l’image cultivée par
les armateurs d’un mode de transport propre, se cache une réalité
beaucoup plus nuancée. Gourmands en énergie, chacun de ces monstres
flottants génèrent autant de pollution aux particules ultra-fines qu’un
million de voitures. Peu connue du grand public, cette pollution porte
atteinte à la santé des habitants des villes portuaires. À Marseille,
France Nature Environnement, France Nature Environnement PACA et l’ONG
allemande NABU ont mené l’enquête. »
Particules ultra-fines : un air jusqu’à 70 fois plus pollué sur le navire
Pour évaluer la pollution générée par le transport maritime, nos
équipes se sont réunies en 2015 puis en 2016 à Marseille. Première
étape : évaluer la pollution « de fond de l’air ». Dans différents lieux
de la ville, nous avons observé une moyenne de 5 000 particules
ultra-fines par centimètre cube. Puis nous nous sommes rapprochés du
port. Dans un quartier résidentiel aux abords, l’air s’est avéré être
jusqu’à 20 fois plus pollué avec une moyenne de 60 000 particules
ultra-fines par centimètre cube. Le pire nous a attendu à bord du
navire, où une équipe de l’émission Thalassa, accompagnant notre
expédition en 2016, a vu le compteur s’affoler : l’air respiré par les
croisiéristes et le personnel de bord contient jusqu’à 380 000
particules ultra-fines par centimètre cube, soit 70 fois plus de
pollution.
Mais que sont ces « particules ultra-fines » ? Le terme englobe
l’ensemble des composants solides de taille microscopique transportés
par l’air. Quand les particules fines désignent des polluants dont la
taille est inférieure à 10 et 2,5 microns (soit 0.01 et 0.0025
millimètres), les particules ultra-fines mesurent moins de... 100
nanomètres soit 0,01 microns ou encore 0.0001 millimètres. C’est environ
la largeur de votre cheveu découpée en mille. Et plus la taille de ces
particules est petite, plus elles s’infiltrent profondément dans les
organismes et s’y accumulent, générant d’importants troubles de la
santé.
Europe : 60 000 morts prématurées par an à cause du transport maritime
Un lien sans équivoque entre les gaz d’échappement des cargos et
plusieurs maladies cardiovasculaires et respiratoires a d’ailleurs été
établi par les recherches de l’université de Rostock et le centre de
recherche sur l’environnement allemand Helmholzzentrum Munich. Chaque
année en Europe, ces émissions du transport maritime causent près de 60
000 morts et coûtent 58 milliards d’euros aux services de santé.
Deux polluants émis sont particulièrement scrutés : l’oxyde de soufre
(Sox) et l’oxyde d’azote (NOx). Importants polluants de l’air, ils
accélèrent la formation de particules fines et ultra-fines. Les
émissions de soufre de ces transports à elles seules seraient
responsables d’environ 50 000 morts prématurés par an en Europe et de 5 % à 10 % des émissions mondiales.
En pénétrant dans les plus fines ramifications respiratoires, elles
peuvent entraîner une dégradation de la respiration, une
hyper-réactivité des bronches chez les asthmatiques ou encore une
augmentation de la sensibilité des bronches aux infections microbiennes
chez les enfants.
Côté oxyde d’azote (NOx), le transport maritime émet entre 17 et 31%
des émissions mondiales. Ce polluant irrite les voies respiratoires. Il
est responsable de bronchites aiguës, augmente le risque de maladies
respiratoires et cardiovasculaires à court et long termes. Mais cet
important danger pour la santé publique n’est pas inéluctable : avec 4
mesures, ces pollutions pourraient être réduites drastiquement.