Merci, bonne
synthèse de Benoit Odile et Rémi Lebrun.
La carte à
16 :30 est la clé pour comprendre ce qui s’est passé en Ukraine depuis la
chute du Mur : deux populations aux tropismes géographiquement opposés
vers l’Ouest et l’Est, du fait de leurs passés qui ont formé ces régions et de
leurs cultures qu’elles en dégagent. Et si y on plante le dard, ces populations
ont de réels motifs historiques à s’écharper : les épurations bandéristes
contre l’Holodomor stalinien.
Le Maïdan
est une réplique de la Révolution Orange de 2004, qui contestait déjà l’élection
de Viktor Yanoukovytch, appuyé par le Kremlin, l’allié historique, pour
finalement élire Viktor Iouchtchenko, appuyé par le soft power et le financement
de Washington. Ledit Yanoukovytch ayant été remis en selle aux élections
présidentielles suivantes. Un peu comme l’eau qu’on secoue dans une bassine, si
on met les US et la Russie de chaque côté pour amplifier le balancement, ça
finit par sortir du récipient, ou du pays.
Concernant
le « choc libéral », ou ce qu’on a appelé la « thérapie de choc »,
sous Elstine, les pays de l’ex bloc soviétique n’ont en effet pas bien compris
ce qui s’est passé durant les années 90. Ces pays ayant été « congelés »
par le régime depuis le traité de Yalta, ils attendaient les lumières
occidentales qui dataient des théories de la relance de Keynes et du plan
Marshall. Sauf qu’entretemps, l’école de Chicago et le néoconservatisme ont
pris la place. Les programmes d’ajustements structurels consistant à vendre (brader)
les actifs d’un pays pour apurer les dettes, -comme en Grèce-, n’ont rien à
voir avec les prêts de relance, de grands chantiers et d’investissements du
plan Marshall qui ont contribué aux 30 Glorieuses en France. Sans compter que
ces pays ne s’appartiennent plus : après ces grandes braderies, le pouvoir
financier à pris la place de celui politique, pour agir sur l’économie.
Il n’y a pas
que la Russie qui a subi l’arrêt brutal de la croissance démographique,
consécutif à la chute de natalité, aux famines et à la réduction de l’espérance
de vie : ce sont tous les pays du pacte de Varsovie qui l’on subi avec
cette même « thérapie de choc ». En passant, c’était le programme de
Fillon et c’est Macron qui le met en œuvre.
Si Iegor
Gaïdar, l’artisan de la thérapie de choc est unanimement détesté par les Russes,
le théoricien est Jeffrey Sachs, à qui l’UNICEF lui impute 3,2 millions de
morts en Russie.
Odile &
Lebrun parlent de l’Eurasie comme pont des continents du monde : c’est une
évidence géographique, il suffit de regarder une carte et le placement des
terres émergées. Mais c’est très exactement et obsessionnellement ce que
Washington a toujours constamment refusé, au moins depuis le début du siècle dernier
(en tout cas Roosevelt), et avant, la thalassocratie britannique. Toute la
géopolitique du monde s’explique à partir de ce Grand Jeu contre le Hearthland
qui rassemble l’Europe et l’Asie, et ainsi le reste du monde. Et maintenant, c’est
l’UE, elle-même, qui bloque cette logique géographique, alors qu’elle aurait
été la bénéficiaire privilégiée dans cette Eurasie. Ben, tant
pis pour nous, hein…