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Commentaire de TchakTchak

sur Interview d'un créationniste


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TchakTchak 24 juillet 2022 00:04

@Gaspard Delanuit
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Belle définition de l’intelligence humaine attribuée à Goethe par Nicolas Class (que je ne connais pas). Le privilège des humains est qu’ils sont conscients d’être conscients. On peut chipoter pour savoir si c’est une différence de degré et de nature, mais ce sont les humains, en tout cas, qui ont transformé de fond en comble la surface de la planète. Avoir du pouvoir est une chose, mais savoir s’en servir de telle sorte qu’il ne soit pas nuisible est autre chose. Ça, c’est un aspect de notre intelligence qui a manqué aux humains.

Entre autre privilège est celui de pouvoir nommer les choses, y compris de l’Univers et de pouvoir contempler son œuvre. Hubert Reeves dit même que c’est notre conscience qui révèle aux choses qu’elles existent et donc à l’Univers la conscience de son existence. Quand personne n’est là pour dire que ça existe, tautologiquement, rien ne dit que ça existe. La contemplation, pour donner du sens aux choses est l’une des trois voies d’Aristote de la connaissance (les deux autres étant celle pratique et celle productive). Il ne s’agit pas ici d’intelligence "mécanique".

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Un exemple de connaissance produite par la voie contemplative & spéculative est celle d’Anaxagore, dans « De la nature ». Il parle du ‘Tout est dans le tout »

Avant cette séparation, quand toutes choses étaient encore ensemble, aucune couleur, quelle qu’elle fût, n’apparaissait. Ce qui empêchait de l’apercevoir, c’était le mélange de tout, de l’humide et du sec, du chaud et du froid, du lumineux et du sombre. De plus, une grande quantité de terre y était contenue, et des semences en quantité infinie et sans ressemblance les unes avec les autres. Car des autres choses, aucune non plus n’est semblable à une autre. Dans ces conditions, il faut admettre que dans le tout, toutes choses coexistaient.

Et même :

Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau..

 Lavoisier : copieur !

Sans compter que la pensée holistique était déjà présente (qu’on a trop longtemps réduite ensuite à la pensée mécaniste, ex : les ravages du cartésianisme vers une pensée scientifique qui n’envisage que par catégorie) :

Et puisqu’il y a, en pluralité, égalité dans la division du grand et du petit, il peut y avoir aussi de tout en tout. Mais il n’est pas possible que rien ne soit isolé, et toutes choses ont leur part du tout. Du moment qu’il ne peut y avoir un dernier degré de petitesse, les choses ne peuvent être séparées ni venir à l’existence. Il faut qu’elles soient maintenant comme elles étaient au commencement, toutes ensemble. En toutes choses, il y a donc pluralité et, à la fois dans le plus grand et le plus petit, égalité dans la pluralité des choses séparées.

https://philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/Anaxagore_LesHomoemeriesEtLeNous.htm

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On est proche du Tao. Anaxagore, contemporain de Lao Tseu, distingue un Noûs infini et principe préalable du Tout.

D’autre part, il n’y a pas d’antagonisme entre monisme, dualisme, trilogie/tripartition. Au contraire.

Monisme : le grand Tout qui contient tout et/ou principe créateur de réalités par émergence. Pour le big bang, l’hypothèse la plus proche est l’énergie.

Dualisme : Yin/Yang, création d’une nouvelle réalité par son envers, contraire et principe d’engendrement. Ou pulsation (les mandalas, avec les couronnes successives, sont des images mentales de cette pulsation).

Tripartition : création, maintient, destruction, ou le phénomène du cycle.

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Quand à l’intelligence, je suis toujours d’avis qu’elle est profuse, émergente. On peut imaginer une pyramide, avec des niveaux d’intelligence, jusqu’à l’humain, pourquoi pas, et la conscience d’être conscient est un argument. C’est une construction a posteriori, en entonnoir jusqu’à nous. Cette construction peut se faire aussi en mosaïque, ou en buissonnement, avec des états d’esprits différents. Comme l’exemple que j’ai décrit plus haut, notre Umwelt qui ne permet pas d’expliquer l’esprit qui correspond à l’ophrys (qui est un être vivant), ni d’appréhender l’intelligence, mais il y en a bien une, qui a élaboré son labelle.

C’est un paradigme mieux ouvert, selon moi, à la perception les phénomènes biologique et universel.


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