• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV Mobile


Commentaire de Gaspard Delanuit

sur Le mythe de la contamination épidémique


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Gaspard Delanuit Gaspard Delanuit 26 juillet 2022 07:05

@TchakTchak

Il ne s’agit encore une fois probablement qu’un débat de mot auquel il ne faut pas accorder une importance excessive, mais il me semble que le terme d’autorité se définit fondamentalement ainsi : 

 

nom féminin
  1. 1.
    Droit de commander, pouvoir d’imposer l’obéissance.
    L’autorité du supérieur sur ses subordonnés (hiérarchie).
  2. 2.
    Les organes du pouvoir.
    Les représentants de l’autorité.

Par conséquent, il est question d’autorité au sens politique ou concrètement dans une chaîne de commandement. 

Chez les compagnons, ce que vous désignez par le terme "autorité" me semble plutôt être "l’estime" que l’apprenti peut éprouver devant la maîtrise artistique de son maître. Cependant, le maître maîtrise son métier, il ne maîtrise pas l’apprenti. Le recours à l’autorité, donc tout ce qui a un rapport avec l’obéissance (car c’est la définition de l’autorité), serait ici malvenu. Cela introduirait un "biais d’autorité", l’emploi "d’arguments d’autorité", etc. ne pouvant que nuire à la compréhension des méthodes et l’acquisition des bons gestes. 

En revanche, sur un chantier, le maître responsable de la conduite des travaux va effectivement exercer une autorité. Les apprentis devront se soumettre à ses directives, même s’ils ne les comprennent pas toujours. Car ce n’est pas la compréhension qui importe ici en premier lieu mais la bonne exécution. Certes, la pertinence des directives sera parfois comprise à la fin du chantier, de sorte qu’on apprend aussi de cette manière, "sur le tas". 

Si l’on confond l’estime et l’autorité, on tombe vite dans des formes d’essentialisation de l’autorité. Bref, on s’approche à grand pas du concept de "maître spirituel" qui est la porte ouverte à toutes les confusions et toutes les dérives.

Bien sûr, dans une école, le maître doit avoir une autorité sur les enfants, mais précisément parce que ce sont des enfants ; et cette autorité n’aide en rien à établir une relation éducative (au contraire, le temps passé à faire la police est du temps perdu pour l’instruction) : cette autorité permet seulement que le cours puisse se dérouler normalement, sans chahut.

Il n’est pas malsain qu’un enfant éprouve de l’admiration ou une crainte respectueuse à l’égard de son instructeur (à condition que ce soit bien le savoir de l’instructeur qui lui inspire ces sentiments et évidemment pas sa brutalité). Mais cette disposition à l’admiration respectueuse, qui est parfaitement saine  et peut-être précieuse  chez un enfant, ne l’est pas toujours chez un adulte : parfois c’est juste infantile. 

"On peut reconnaître à quelqu’un qui de la connaissance et de la sagesse que l’on n’a pas et partant, lui reconnaître une autorité, adhérer et le suivre."

(Je comprends le sens de votre phrase.) Pour les raisons que je viens d’énoncer, je pense que vous auriez tort de faire cela. Dans la relation d’apprentissage, "n’adhérez" pas, ne "suivez" pas : instruisez-vous, efforcez-vous de comprendre, développez votre habileté. Peu importe que votre instructeur ait ou non du charisme. En revanche, dans une relation de travail, obéissez à votre patron pour que le travail soit bien fait. Si votre instructeur est aussi votre patron, ne confondez pas les deux niveaux de relation, ni les moments. Si vous êtes l’instructeur et le patron de la même personne, ne confondez pas non plus. 


Voir ce commentaire dans son contexte





Palmarès