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Commentaire de Vivre est un village

sur Débat sur Nietzsche dirigé par Rémi Soulié


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Vivre est un village Vivre est un village 5 décembre 2023 11:28

BILLET DE BLOG 17 JUILLET 2023 https://blogs.mediapart.fr/andre-bernold

ANDRÉ BERNOLD

Veilleur

SA BIOGRAPHIE

Dans l’herbe noire / Les kobolds vont / Le vent profond / Pleure, on veut croire. Verlaine.
Nietzsche raconteNietzsche invente.

Un jour, Nietzsche raconte. Ça ne lui arrive pas souvent. Nietzsche invente, parce qu’il est bien renseigné (derrière ses grosses moustaches). Oh ! c’est très court ! Mais d’abord, Nietzsche pose une question : quel livre y avait-il au chevet de Platon ? Chevet ? À quoi pouvait bien ressembler un chevet au cinquième siècle avant Jésus-Christ ? Nietzsche reformule sa question : quel livre Platon gardait-il sous son oreiller ? Son oreiller ? Bon ! Ne chicanons pas : ce n’était peut-être pas un oreiller japonais, en bois. C’est le livre qui était en bois, mais pas comme les chèques. Ou bien en papyrus ? Les codex existaient-ils déjà ? Je n’en sais rien ; mais je suppose que Nietzsche le savait ; sinon, il n’aurait pas posé cette question. Ce qui paraît à peu près certain, c’est que les livres étaient excessivement rares, à cette époque ; Ismail Kadaré commence son beau livre sur Eschyle, Eschyle, ou l’éternel perdant, en remarquant que dans la chambre d’Eschyle (qu’il décrit, si ma mémoire ne me trompe pas), il n’y avait pas de livres ; pas un seul. Eschyle écrit sans aucun livre auprès de lui. Quelqu’un nous apprend, Nietzsche, selon toute vraisemblance, que Platon fut l’un des derniers à disposer du texte intégral d’Héraclite. Je me suis toujours dit qu’un jour on le retrouvera, question : sera-ce de mon vivant ? Voilà l’enjeu. Mais ce n’est pas Héraclite que Platon gardait à son chevet, planqué sous son oreiller : justement pas ! Ni Pythagore, surtout pas Pythagore ! Nietzsche insiste sur ce point : on s’attendrait à ce que ce soit Pythagore, eh bien, justement pas ! Alors qui ? Je vous le donne en mille, non, pas moi, Nietzsche ; non, pas en mille ; en onze, il reste de lui onze pièces conservées : c’est Aristophane. Nietzsche, dans toute sa philosophie, combat Platon ; mais il lui donne Aristophane. C’est une marque de profonde affection.


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