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Commentaire de TchakTchak

sur Groupe Bilderberg : quand la télé Française avait encore la liberté d'en parler


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TchakTchak 15 janvier 07:39

@yoananda2
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Les Grecs n’ont pas laissé de concept aux caractéristiques bien spécifiées sur l’hubris. Donc non, il n’y a pas d’outil permettant de dire à chaque situation : c’est hubris, c’est pas hubris. C’était une évidence entre soi, de société, un sens commun avec toute la production des mythes pour faire méditer et réfléchir dessus.

Celui qui outrage, avilit, fait sacrilège est dans l’hubris. Les gens savaient ne pas tout connaître, comprendre, maitriser, en physis comme en moïna (destin) : on est prudent et on ne dérange pas en vain soi, les autres, l’ordre du monde.

C’est même plus compliqué que ça : si il faut parfois transgresser. Le panthéon grec (comme ceux des autres polythéismes) , en fourmille d’exemples : Ouranos émasculé pour faire advenir un nouveau monde adapté à la nouvelle génération, les humains reconnaissants à Prométhée bien qu’il ait été puni par les dieux pour leur avoir volé le feu… Mais la transgression, avec son risque, répond à une nécessité latente, et non pas à une envie d’orgueil, de démesure, de supériorité indue. Et sans détruire non plus l’arrière monde qui reste un soubassement. Il en faut pour tout le monde : les dieux, la nature, les humains selon leurs conditions… Donc pas de démesure : de science sans conscience, d’accaparement inutile de ressources (pour Xénophon, riche propriétaire terrien, le terrain ne lui appartient pas s’il n’en fait rien), d’étalage prétentieux de ses richesses, de comportement qui déshonore autrui, d’occupation de l’espace qui enlaidit, avilit (ce que vous comprenez très bien si vous avez fait l’expérience de vous promener parmi les vestiges d’une ancienne cité) … Ça n’a d’extraordinaire, c’est de la morale, mais consolidée par le fait qu’elle est inscrite dans l’ordre des choses qui ne nous appartient pas, pas simplement un petit carnet perso de bonnes et mauvaises actions. 

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Comment on différencie l’hubris de l’élan vital ? 

Hubris = démesure. Elan vital = énergie transformatrice pour que les destinées personnelles et vies en sociétés se fassent.
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 On pourrait dire du pommier qui produit bien plus de pommes que nécessaire 

La nature produit du gaspillage de semences, de fruits, d’oeufs, bébés, oui. Les pommiers n’ont jamais envahi un territoire en prenant la place de toute la végétation présente. En milieu austère, une espèce dominante peut s’imposer car les autres résistent moins, comme les résineux en régions froides, les épicéas en savane, les cactus dans les vallées de la mort... Sinon, la nature régule les profusions, les amplifie en variété d’espèces, sa loi naturelle est l’écosystème.
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qu’est-ce qu’on propose d’autre comme mécanisme de pré-sélection des élites publiques ?

C’est un peu comme si vous me demandiez dans un marécage comment on fait pour laver ses vêtements... Il y a eu la loi anti-trust, contre le monopole qui a empêché la Standard Oil de Rockefeller de devenir l’unique fournisseur de pétrole...
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Mais Montesquieu est vieux. On a déjà essayé sa solution, et onanélà !!! La séparation des pouvoirs ne fonctionne plus.

Je confirme. Le principe de séparation des pouvoirs s’est répandu dans la plupart des nations devenues de la planète, à très grands majorité des républiques, mais les pouvoirs se sont collés depuis. 
Déjà le système politique étant régulé selon ce principe, c’est par défaut le système économique qu’on n’a pas régulé, et même dérégulé depuis les années 1980. L’économie et les puissants qui la conduisent ont clairement pris le pouvoir sur la politique qui ne régule plus rien.
Il faudrait un nouveau Montesquieu version 2023, qui inventorie toutes les piles cumulatives de pouvoirs dans les sociétés d’aujourd’hui : les médias, l’Internet, les entreprises, les lobbys et organisations économiques apatrides, le numérique, etc... Et poser à nouveau comment réguler, éviter que le pouvoir ne se réduise à la simple loi des gros qui mangent les petits (optimum de Pareto), que les systèmes en macro comme en micro restent fonctionnels, holistiques.
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 j’ai le sentiment que cet hubris il est surtout "ressentit" par les gens et qu’ils projettent (je ne parle pas de toi) leur impuissance, comme un miroir inversé, sur l’hubris supposés de certains.

Dans une société, il y a toujours des jaloux, des envieux, comme il y a toujours des criminels. On ne fait rien de constructif avec le ressentiment, Nietzsche l’a suffisamment expliqué.

Ça n’enlève pas qu’on ne fait de bonne société avec l’hubris, la démesure, le pouvoir concentré aux uns contre les besoins des autres : c’est le règne de la malfaisance.


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