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Commentaire de Vivre est un village

sur Éloge des valeurs : Hannah Arendt contre Leo strauss


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Vivre est un village Vivre est un village 2 février 2024 08:59

Strauss en réalité peut se fixer cet objectif parce qu’il voit dans ces conflits fondamentaux les problèmes fondamentaux de la philosophie politique. Arendt ne procède pas ainsi : pour elle, la fin et le commencement ont effectivement la particularité commune de rendre manifestes les problèmes élémentaires de la politique ; mais les oppositions conceptuelles ne mènent pas directement à des problèmes que l’on pourrait dire permanents, liés à une nature du politique et de l’humain. Elles sont des actes de la pensée traduisant une expérience qui, loin d’être permanente, est actuellement dans l’oubli. Cette expérience doit être remobilisée, non pas pour inscrire les théories du passé dans leur contexte historique, mais parce qu’elle est nécessairement une expérience humaine. Il s’agit donc de rechercher ce qui fonde l’humanité, ce qui la rend possible, non pas comme un ensemble d’éléments définissant une nature humaine, mais comme un ensemble de conditions auxquelles l’expérience collective doit correspondre pour être véritablement humaine. Plutôt que de redonner vie à des conflits - c’est à dire toujours à l’opposition et à la hiérarchie - il faut s’ouvrir à la pluralité des expériences et à la pluralité du sens. Or quel est ce retournement originel ?

C’est "la periagôgé tès psychés de Platon, le retournement de tout l’être humain qu’il raconte - comme si c’était une histoire avec un commencement et une fin et non une opération purement intellectuelle - dans la parabole de la caverne dans la République ". Par son "comme si", Arendt ne pointe pas un faux-semblant ou une illusion : car ce retournement de tout l’être humain, c’est à dire de l’homme dans toutes les dimensions possibles de son rapport au monde, est loin de mettre en jeu des concepts vides. Il s’agit au contraire d’un retournement qui ne prend sens qu’à partir d’une expérience authentique. C’est pour cela qu’il peut y avoir une histoire  : parce qu’il s’est passé quelque chose, qu’il y a eu évènement ; parce que cet évènement est humain, qu’il s’inscrit dans un temps linéaire, distinct du temps cyclique de la nature ; et parce que l’ensemble a du sens, sans doute dans l’exacte mesure où il a entraîné un processus de compréhension.


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