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Commentaire de maQiavel

sur De désastre en désastre, la Russie au bord du précipice


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maQiavel maQiavel 11 décembre 2024 01:29

@herve_hum

Ceci n’est pas une contradiction mais une parenthèse sur l’impôt puisque vous l’évoquiez. Je reviendrai sur l’ensemble de votre propos demain, pour l’heure, j’aimerai vous faire part d’une analyse historique sur les origines du consentement à l’impôt que j’ai trouvé passionnante.

L’anthropologue Charles Stépanoff parle dans un papier de la méthode utilisée par les Russes pour coloniser la Sibérie (cette méthode a aussi été utilisée dans d’autres lieux par les puissances coloniales occidentales, et même par les romains dans l’antiquité).

Et il explique que de nombreuses populations autochtones y vivaient sans chefs et ne connaissaient pas l’Etat, il fallait donc le leur enseigner et leur faire admettre le principe d’une obligation du paiement de l’impôt. Pas simple. Comment y parvenir ? Eh bien la réponse des colons a été d’y aller progressivement en recourant à une technique redoutablement efficace : la prise d’otages ! smiley 

Des membres de ces communautés autochtones étaient saisi de force et enfermés par les colons dans leurs forteresses. En échange des otages, ils exigeaient des autochtones des fourrures (la conquête avait pour moteur la soif de fourrures précieuses dont la société russe était grande consommatrice et exportatrice). 

La particularité du système, c’est que la rançon ne sera jamais définitivement payée. Le principe fondamental que les Russes cherchaient à enseigner aux autochtones était celui d’une dette collective inextinguible. Ces derniers commencent par apporter des fourrures contre la vie de l’individu emprisonné mais les Russes ne le libèrent pas, ou le font en échange d’un autre otage pour lequel il faut encore payer. Le processus se poursuis, de semaines en semaines, de mois en mois, parfois d’année en année, jusqu’à ce que les autochtones comprennent que la rançon ne sera jamais soldée. Et là leur vient une idée : ils demandent aux Russes s’il est possible de pouvoir continuer à la payer, mais sans avoir à livrer d’otages.

Et là, les Russes l’acceptent volontiers et sont ravis car ils constatent alors que les autochtones ont intégré le principe : l’impôt est une rançon à payer indéfiniment, même lorsqu’il n’y a plus d’otage. smiley 


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