Quelques faits bruts.
Nous, lecteurs et commentateurs d’Agoravox, sommes, quoi que
l’on dise et très majoritairement, des occidentaux.
Nous sommes donc programmés à utiliser des mots (« éléments
de langage ») communs aux occidentaux. Et le mot « ETAT », pour
nous, est un abrégé de l’Etat Nation ; par un automatisme culturel devenu naturel.
Puisque tous les pays dans lesquels nous vivons (pays « occidentaux »,
n’est-ce pas) relèvent de cette catégorie dite Etat Nation ; qu’ils soient
en Europe ou en Amérique, surtout du nord. La France en est l’un des exemples
le plus ancien.
A tel point que la vision d’autres cultures sur la question
nous échappe. Nous oublions que les Arabes, surtout ceux du Proche Orient à l’est
du canal de Suez (l’Egypte exclue donc), définissent leurs identités
collectives en fonction de la famille (élargie), de la tribu, du couple ethnie-religion.
L’exemple Syrie-Liban est symptomatique. Voilà deux « états »
créés par une puissance coloniale européenne (la France en l’occurrence) suite
au dépeçage de l’empire Ottoman après la première guerre mondiale ; suivant
le modèle « Etat Nation » cher à la France (et à sa puissance
coloniale complice, la Grande Bretagne) qui n’en imaginaient pas autre chose.
Or, aucun « Syrien » n’est syrien. L’inscription « Syrien »
dans l’état-civil est pratique ; elle permet d’avoir une adresse et un
passeport ; mais elle ne reflète AUCUNE identité collective réelle.
Les soi-disant « Syriens » (et Libanais) sont d’abord
et surtout Kurdes, Alaouites, Sunnites, Chi’ites, Druzes… et parfois Chrétiens.
(Il n’y a plus de Juifs…). Aucune « démocratie » ne peut survivre
dans ces conditions car les gens votent selon leurs origines ethnico-religieuses
et les partis politiques représentent des intérêts identitaires et non
sectoriels (riches, pauvres etc…) ; les notions politique « gauche-droite »
n’ont aucun sens dans ce contexte.
Voilà pourquoi la « Syrie » n’a pas d’existence
sauf sous la férule d’une dynastie de tyrans. Non que ces derniers soient
particulièrement méchants (« dictateurs »…). Mais une main de fer à
Damas est absolument nécessaire pour venir à bout des toutes ces forces
centrifuges qui tirent ce pays artificiel dans tous les sens.
Assad
dictateur ? On s’en fout. Il en faut bien un pour éviter la foire d’empoigne
généralisée dans ce genre de pays.
Autre identité ? Oui, l’identité supérieure pour les
musulmans ; l’appartenance à la « Oumma ». MAIS il faut
prononcer en entier : « Oumma Islamiyya », à savoir la nation de
l’Islam. Rien donc à voir avec l’Etat-Nation et aussi rien avec une identité
qui permet une gouvernance raisonnable et pacifique.