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Stirner, ce solipsiste inconnu

Lorsque l'on parle de la philosophie du XIXème siècle , on constate très vite à quel point Stirner a été effacé de l'histoire , et ceci dès le début .

 

Il n'a eu droit qu'aux insultes ou au mépris.

 

De Marx et Engels d'abord , par une tentative de vengeance contre la lucidité des critiques de Stirner concernant ce communisme qu'ils commençaient à théoriser.

 

Stiner :

« Si le communiste voit en toi un homme et un frère, ce n'est la que sa manière de voir des dimanches... Si tu étais un fainéant, il ne reconnaîtrait pas en toi l'Homme, il y verrait un homme paresseux à corriger de sa paresse et à catéchiser pour le convertir à la croyance que le travail est la destination et la vocation de l'Homme. »


Réaction d'Engels :

« Regardez Stirner, regardez-le, le paisible ennemi de toute contrainte
Pour le moment, il boit encore de la bière, bientôt il boira du sang comme si c'était de l'eau
Dès que les autres poussent leur cri sauvage « À bas les rois »
Stirner complète aussitôt « À bas aussi les lois »
Et Stirner de proclamer plein de dignité ;
Vous liez la volonté et vous osez vous appeler libres
Que vous êtes donc habitués à l'esclavage
À bas le dogme, à bas la loi.
 »


 

Son oeuvre :

  • Le faux principe de notre éducation, ou Humanisme et Réalisme (article, 1842)

  • L'Art et la Religion (article, 1842)

  • Les Mystères de Paris d'E. Sue (étude, 1844)

  • L'Unique et sa propriété (1845)

  • L'histoire de la réaction (1852)

LA biographie :

  • "Max Stirner, sa vie et son oeuvre" (John-Henry Mackay, 1898)


 

Pas de documentaires sur Stirner, peu de travaux sur Lui.

 

Comment un Onfray en parle dans les merdias ( faussement , comme de Guyau ) :

 


 

Comment il en parle en conférence : « Stirner , un roman solipsiste » (100X mieux)
 

Comment Michel Magnant en parle mieux :

 


 

Réhabilitations écrites :

Max Stirner, encore et toujours un dissident

par Bernd A. Laska

 

Comment Marx et Nietzsche ont évincé leur collègue Max Stirner et pourquoi il leur a pourtant survécu

 

JPEGMax Stirner ? Le petit bourgeois philosophe, tancé de son temps déjà par Karl Marx ? L’anarchiste, l’égoïste, le nihiliste, le grossier précurseur de Nietzsche ? - Oui, nul autre que lui. Certes mal famé dans le monde philosophique, qui l’évoque tout au plus en marge, mais encore aujourd’hui détenteur de la dynamite intellectuelle qu’un de ceux qui vinrent après lui prétendit avoir fabriquée.

 

Il suffit de prononcer son nom pour qu’apparaissent des formules telles que "Je suis Unique", "Il n’y a rien au-dessus de Moi", "J’ai fondé Ma cause sur rien", qui l’ont fait passer pour l’incarnation de l’égoïste sans gêne, du solipsiste naïf, etc... Il n’est donc pas complètement oublié. Son livre, "Der Einzige und sein Eigenthum " (1844) ["L’Unique et sa propriété"] - il n’en a pas écrit d’autre - est édité de nos jours encore dans la "Reclams Universalbibliothek" ["Bibliothèque Universelle Reclam"], pour ainsi dire comme l’ouvrage classique de l’égocentrisme. Sans que personne le considère pour autant comme actuel.

 

Pourtant - telle est en revanche ma thèse - voici venu le temps de Stirner. On trouvera peut-être la meilleure explication de ce que je veux dire dans l’histoire de l’influence de son livre, qui s’est exercée de manière étrangement clandestine dans ses périodes les plus riches de conséquences et qui est aujourd’hui encore très peu connue. Elle permet également de comprendre comment et pourquoi l’idée centrale et spécifique de Stirner n’est devenue véritablement actuelle que plus d’un siècle et demi après sa formulation.

 

Stirner a écrit son "Unique" dans le contexte de la philosophie jeune-hégélienne des années 40 du XIXième siècle. Celle-ci, si l’on met à part la critique biblique de ses débuts, a tenté de développer pour la première fois en Allemagne une théorie rationaliste et athée conséquente (la "vraie" ou "pure" critique) et une pratique (la "philosophie de l’action"). Ses théoriciens les plus représentatifs furent Ludwig Feuerbach et Bruno Bauer, tandis que, sur le plan politique et pratique, Arnold Ruge et Moses Hess se distinguaient dans la lutte pour la démocratie et la justice sociale.

 

Max Stirner fut d’abord un membre plutôt effacé du groupe de Bruno Bauer. Aussi la critique impitoyable de l’ensemble du jeune-hégélianisme présentée dans son livre ("L’Unique") surprit-elle tout le monde. Stirner ne critiquait pas, dans la philosophie de Feuerbach et de Bauer - à l’instar des nombreux adversaires du Nouveaux Rationalisme post-hégélienne - l’athéisme des deux anciens théologiens, mais plutôt le manque de conséquence de leur pensée. Sans doute étaient-ils parvenus à s’émanciper du système totalisateur de Hegel, mais pas à quitter vraiment le "cercle magique du christianisme". D’où le bilan de Stirner : "Nos athées sont des gens pieux !"

 

Ceux qu’il avait ainsi critiqués virent très bien que Stirner était allé plus loin, et de manière conséquente, sur leur chemin, le chemin de la critique. Et, s’ils admirèrent son audace, ils s’effrayèrent du résultat, qu’ils considérèrent comme un nihilisme moral.

 

Fascinés en privé - Feuerbach écrivit à son frère que Stirner était "l’écrivain le plus génial et le plus libre qu’il ait connu", tandis que Ruge, Engels et d’autres se montrèrent également spontanément impressionnés - ils adoptèrent publiquement une attitude défensive et choisirent de garder leurs distances ou le silence : cette avant-garde intellectuelle réagit de manière ambivalente et tactique à l’œuvre de la plus audacieuse de ses têtes. Personne ne voulut faire avec Stirner ce pas au-delà du Nouveau Rationalisme - une pensée rationaliste ne devait pas déboucher sur le nihilisme. Et l’on s’alarma au point de ne pas voir que Stirner avait déjà ouvert des chemins "au-delà du nihilisme".

 

Le réflexe défensif devant les idées stirnériennes caractérise également la plus grande partie de l’histoire de la réception, faite à la fois de répulsion et de déception, de "L’Unique". L’ouvrage tomba d’ailleurs pour commencer dans l’oubli pendant un demi-siècle ; c’est seulement dans les années 90 du XIXième siècle que Stirner connut une renaissance, qui se poursuivit au siècle suivant, toujours dans l’ombre de Nietzsche toutefois, dont le style et la rhétorique ("Dieu est mort", "Moi, le premier immoraliste", etc.) fascinèrent tout le monde.

 

Quelques penseurs sentirent néanmoins très bien que Stirner, quoique passant pour un prédécesseur borné de Nietzsche, était en fait le plus radical des deux. Ils n’en négligèrent pas moins eux-mêmes de s’expliquer publiquement avec lui. Edmund Husserl parle par exemple, dans un passage isolé, de la "puissante tentation" que représente "L’Unique" - et ne l’évoque pas une seule fois dans ses écrits. Carl Schmitt, bouleversé par sa lecture lorsqu’il était jeune, n’en dit pas un mot jusqu’au jour où, en 1947, dans la détresse et l’abandon d’une cellule de prison, Stirner vient à nouveau le "hanter". Max Adler, le théoricien de l’austro-marxisme, eut toute sa vie, dans le plus grand secret, une discussion avec "L’Unique". Georg Simmel se détourna instinctivement de son "étrange espèce d’individualisme". Rudolf Steiner, qui fut à ses débuts un publiciste rationaliste engagé, s’enthousiasma spontanément pour Stirner mais, voyant vite que celui-ci le "conduisait à l’abîme", il se tourna vers la théosophie. Quant aux anarchistes, ils se tinrent silencieusement à distance (Proudhon, Bakounine et Kropotkine) ou eurent avec lui une relation perpétuellement ambivalente (Landauer).

 

On retrouve ce refus horrifié d’une pensée ressentie comme abyssalement diabolique dans "L’Unique" chez d’éminents philosophes de notre temps. Pour Leszek Kolakowski, Stirner, auprès duquel "Nietzsche lui-même paraît faible et inconséquent", est certes irréfutable, mais il faut à tout prix le frapper d’anathème, parce qu’il détruit "le seul outil qui nous permette de faire nôtres des valeurs : la tradition". La "destruction de l’aliénation" à laquelle il aspire, "le retour à l’authenticité, ne signifierait pas autre chose que la destruction de la culture, le retour à l’animalité ... à un statut pré-humain". Et Hans Heinz Holz nous met en garde : "L’égoïsme stirnérien, s’il était mis en pratique, conduirait à l’auto-anéantissement de l’espèce humaine".

 

Il est possible que ce soit une angoisse apocalyptique de cette sorte qui ait poussé le jeune Jürgen Habermas à anathématiser, en termes frénétiques, "l’absurdité de la frénésie stirnérienne" et à ne plus jamais évoquer celui-ci par la suite, même lorsqu’il traite du jeune-hégélianisme. Adorno, qui devait se voir, sur la fin de sa carrière de penseur, "ramené au point de vue" - pré-stirnérien - "du jeune-hégélianisme", nota un jour de manière obscure que Stirner était celui qui avait véritablement "vendu la mèche", mais on ne trouve pas un seul mot sur lui dans toute son œuvre. Cependant que Peter Sloterdijk ne remarque rien de tout cela et se contente de hocher la tête en constatant que le "génial" Marx a "laissé libre cours à son irritation au sujet d’une pensée en somme aussi simple que celle de Stirner sur plusieurs centaines de pages".

 

Donc, Karl Marx : sa réaction mérite, comme celle de Nietzsche, d’être soulignée en raison de l’influence qu’elle a eue sur toute une époque. Dans l’été 1844, Marx voyait encore en Feuerbach "le seul penseur qui ait accompli une véritable révolution théorique", mais la parution de "L’Unique", au mois d’octobre de la même année, ébranla cette conviction, car il sentit très clairement la profondeur et la portée de la critique de Stirner. Tandis que d’autres, dont Engels, commencèrent par admirer Stirner, Marx vit en lui dès le début un ennemi qu’il convenait d’anéantir.

 

Il envisagea d’abord d’écrire un compte-rendu critique de "L’Unique", mais abandonna bientôt ce projet et décida d’attendre la réaction des autres (Feuerbach, Bauer). Dans son pamphlet "La sainte famille - Contre Bruno Bauer et consorts" (mars 1845), il épargna donc Stirner. En septembre 1845, parurent la critique de "L’Unique" par Feuerbach et la souveraine réplique de Stirner. Marx, se sentant provoqué à intervenir en personne, interrompit d’importants travaux en cours et se précipita sur "L’Unique". Sa critique, intitulée "Saint Max", débordante d’invectives contre "la plus pauvre des cervelles philosophiques", devint finalement plus volumineuse que "L’Unique" lui-même. Toutefois il semble que, son manuscrit terminé, Marx ait à nouveau hésité dans ses réflexions tactiques et, en fin de compte, la critique de Stirner resta inédite.

 

Le résultat de cette explication menée en privé avec Stirner fut que Marx se détourna définitivement de Feuerbach et construisit une philosophie qui, contrairement à celle de ce dernier, devait être immunisée contre la critique stirnérienne - ce fut le matérialisme historique. Il paraît néanmoins avoir encore considéré à cette date sa nouvelle théorie comme provisoire, puisqu’il la laissa elle aussi, comme son "Saint Max", dans ses tiroirs. Voulant éviter à tout prix une discussion publique avec Stirner, il se jeta dans la vie politique, dans les luttes contre Proudhon, Lassalle, Bakounine, etc. C’est ainsi qu’il parvint à refouler complètement le "problème Stirner" - aussi bien au niveau psychologique qu’à celui de l’histoire des idées.

 

La signification historique du travail de refoulement de Marx devient claire, lorsqu’on examine la façon dont les marxologues de toute nuance ont vu Stirner et apprécié son influence sur Marx. Ils ont adopté sans le moindre esprit critique et de manière étonnamment unanime la manière de voir d’Engels dans son ouvrage de vulgarisation "Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande", publié en 1888. Engels y parle de manière purement épisodique de Stirner comme d’un "cas curieux" dans le "processus de désagrégation de l’école hégélienne", qu’il loue Feuerbach d’avoir surmonté.

 

Cette manière de présenter les choses, bien que grossièrement fausse aussi bien du point de vue de la chronologie que des faits, fut vite généralement acceptée et le resta, même après la parution du "Saint Max" de Marx en 1903. Quoique les réactions de Marx à "L’Unique" de Stirner puissent être documentées de manière convaincante et détaillée, il n’y a eu jusqu’ici que de très rares auteurs - tels Henri Arvon ou Wolfgang Essbach - pour traiter du rôle décisif de Stirner dans l’élaboration de la conception du matérialisme historique de Marx et procéder à une réhabilitation sans enthousiasme du premier ne remettant pas en question la supériorité bien établie du second. Cependant, ces travaux eux-mêmes ont été ignorés pendant des décennies et on ne les discute que depuis peu, et avec hésitation, dans les milieux spécialisés.

 

On peut dire en résumé qu’au refoulement primaire de Stirner par Marx (au niveau psychologique et de l’histoire des idées) a succédé un refoulement secondaire, par lequel les marxologues de toute tendance ont automatiquement fait disparaître, contre toute évidence, le refoulement primaire marxien (ce fut en dernier lieu, et de manière très impressionnante, le cas de Louis Althusser), s’épargnant du même coup d’avoir à procéder au leur.

 

Friedrich Nietzsche, le second grand "vainqueur" de Stirner, est né l’année (et le mois même) de la parution de "L’Unique". Toutefois, le jeune-hégélianisme dans son ensemble était déjà considéré partout, du temps de sa jeunesse, comme une philosophie manquant de sérieux, comme les élucubrations de quelques maîtres de conférences chassés de l’Université et de journalistes tapageurs d’avant les journées de mars 1848. Le jeune Nietzsche pourtant, dégoûté par la "sénilité" de ses condisciples, vanta dans une lettre ces mêmes années 40 comme une "époque de grande activité de l’esprit", à laquelle il aurait aimé participer lui-même. Le contact direct avec un vétéran jeune-hégélien orienta aussi le futur philosophe. Au mois d’octobre 1865, Nietzsche rencontra longuement et intensivement Eduard Mushacke, un ancien membre du cercle intime de Bruno Bauer, qui avait été lié d’amitié avec Stirner. Cette rencontre eut pour conséquence immédiate une profonde crise intellectuelle et la décision panique de "se tourner vers la philologie et Schopenhauer".

 

Nietzsche a tenté avec un certain succès d’effacer les traces directes de ce tournant intellectuel décisif - ce qui donne un poids d’autant plus grand à celles qui subsistèrent.

 

Bien que, dans le cas de Nietzsche, les choses se présentent dans tous leurs détails (y compris au point de vue de la justification positive) autrement que chez Marx, on peut constater néanmoins des similitudes fondamentales dans l’évolution intellectuelle de ces deux penseurs dont l’influence devait être primordiale : la confrontation avec Stirner dans leur jeunesse ; le refoulement (primaire) et l’édification d’une nouvelle philosophie renforçant un courant idéologique commençant de leur époque avant de devenir populaire, parce qu’elle fait avorter l’explication (véritablement en suspens et réclamée par Stirner) avec les problèmes de fond du projet moderne, à savoir "la manière dont l’homme peut sortir de sa minorité", tout en suggérant une solution pratique accessible.

 

Comme pour Marx, un refoulement secondaire collectif succéda au refoulement primaire - celui de la recherche nietzschéenne de toute tendance, mais il s’exprima toutefois sous des formes plus souples. On n’hésita pas à comparer des déclarations de Stirner et de Nietzsche - pour conclure que Stirner était et n’était pas un précurseur de Nietzsche. Il fut également répondu aussi bien positivement que négativement à la question de savoir si Nietzsche avait eu connaissance de "L’Unique", sans qu’on en tire toutefois de conclusions.

 

La thèse la plus extrême, celle d’Eduard von Hartmann, veut que Nietzsche ait plagié Stirner. Mais ceux qui avaient compris le véritable apport de Nietzsche, se sont tus.

 

Les philosophes, dans la mesure où ils furent des rationalistes, furent toujours des dissidents. Cependant, tôt ou tard et le plus souvent après leur mort, leur enseignement fut intégré dans le corpus de l’histoire des idées. Contrairement à l’apparence superficielle, cela n’a pas été le cas jusqu’ici pour le critique rationaliste du rationalisme que fut Stirner. Contrairement à Marx et à Nietzsche, il est resté jusque dans notre temps lui-même, qui se croit post-idéologique et ne connaît effectivement plus de dissidence intellectuelle, un véritable dissident - un dissident durable.

 

C’est de cette provocation que découle la valeur heuristique de son "Unique" pour l’époque actuelle, et son actualité. L’étude attentive de cet ouvrage et de son influence peuvent nous aider à comprendre l’étrange déclin qu’a connu le projet rationaliste au cours des cent cinquante dernières années - et peut-être par là même inciter à sa réanimation.

 

Rationalisme - on tient presque obligatoirement celui qui, de nos jours, veut faire de ce concept un thème du temps, pour un naïf n’ayant aucune notion de l’histoire des idées. Ne sommes-nous pas depuis longtemps "éclairés", et tout particulièrement sur le rationalisme elle-même ? N’appartiennent-elles pas à une époque passée et n’a-t-on pas depuis beau temps reconnu leurs contradictions ? Puisqu’elles ont engendré, de manière active et réactive à la fois, sur la base d’une image apparemment optimiste mais foncièrement fausse de l’homme, les idéologies meurtrières qui ont conduit aux catastrophes du XXième siècle.

 

Tous ceux qui ont voulu continuer au XXième siècle le projet rationaliste du XIXième, ont accepté cette leçon - y compris ceux qui, dans les années 30, ont conçu une "théorie critique de la société" inspirée par Marx et Freud, puis l’ont silencieusement abandonnée peu d’années après pour finir par penser qu’une "dialectique" fatale était inhérente à tout rationalisme.

 

La proclamation de l’époque post-moderne a rapidement mis un terme aux dernières ambitions rationalistes qui se firent encore quelque peu entendre et effectuèrent une brève percée en 1968. Le projet moderne de rationalisme, déjà discrédité et démodé, devait être définitivement congédié nominalement et l’on résuma ainsi le bilan de siècles de rationalisme : nous sommes désormais éclairés sur le fait que l’homme ne peut être éclairé. L’homme nouveau, que ce soit celui selon Marx ou selon Nietzsche, n’est pas advenu, c’est le vieil Adam qui triomphe. Désormais, tout appel à la création d’un homme nouveau est vu d’un mauvais oeil, voire considéré comme grandement dangereux.

 

Les choses sont effectivement telles que toute intention de réanimation du projet rationaliste est aujourd’hui étouffée dans l’œuf par le fait que les idées porteuses des derniers penseurs rationalistes ayant agi sur les masses - à savoir Marx et Nietzsche - ont été fondamentalement dévalorisées par les expériences historiques du XXième siècle. Leur faillite a fait aussi se décourager ceux qui ne peuvent tout simplement pas croire, en face de l’omniprésent irrationalisme, que l’humanité - et ne fût-ce que dans sa partie la plus avancée - soit déjà "sortie de la minorité" et que le dernier mot ait été dit sur les possibilités de la raison humaine.

 

Pourtant, la faillite des idées rationalistes jusqu’ici dominantes offre aussi une chance. Maintenant que s’est évanoui le prestige de Marx et de Nietzsche, il devrait être possible de revenir à l’endroit de l’histoire des idées, jusqu’ici consciencieusement évité, où a commencé cette évolution erronée - à savoir les débats rationalistes radicaux des jeunes hégéliens des années 1840, d’où sortirent tout d’abord les idées de Stirner, puis - principalement en réaction contre elles - celles de Marx et de Nietzsche.

 

Stirner reprocha aux rationalistes radicaux de son temps d’avoir seulement "tué Dieu" et supprimé l’"au-delà hors de nous", alors qu’ils conservaient, en "pieux athées" qu’ils étaient, le fondement de l’éthique religieuse, l’"au-delà en nous", le transposant simplement sous une forme sécularisée. Alors que nous ne nous libérerions de nos chaînes millénaires que lorsque ce dernier "au-delà" aurait lui aussi disparu.

 

Par l’"au-delà en nous", Stirner entendait très précisément l’instance psychologique pour laquelle Freud créa en 1923 le mot pertinent de "surmoi". Le surmoi apparaît chez l’individu comme le résultat principal de l’acculturation de l’enfant. Il est ensuite l’asile des estimations de valeur qui, engendrées au début de la vie de manière pré- et irrationnelle, ne peuvent plus être influencées que de manière très conditionnelle par la raison. Le surmoi, bien que considéré par l’individu comme son bien le plus personnel, est l’incarnation de l’hétéronomie (Voir à ce sujet "Die Negation des irrationalen Über-Ichs bei Max Stirner" ["La négation du surmoi irrationnel chez Max Stirner"]).

 

Stirner pensait que le stade de l’évolution au cours duquel un surmoi engendré pré- et irrationnellement gouvernait le comportement des hommes, passerait avec l’accomplissement de la rationalité au stade du gouvernement personnel, c’est-à-dire d’une véritable autonomie des individus.

 

Cette idée n’a cependant suscité jusqu’ici, partout où elle a été entendue, que de vives réactions de défense - même chez un rationaliste comme Freud, qui voulait voir le surmoi ancré dans la biologie de manière ferme, inabrogeable et éternelle et qui a vulgarisé la psychanalyse avec la formule : "Là où était le Ça, doit advenir le Moi !" (N.B : un moi avec surmoi). Et les quelques psychanalystes qui ont tenté de prendre pour thème l’alternative "Là où était le surmoi, doit advenir le moi !", furent aisément mis sur la touche. Mais ceci est un autre chapitre de l’histoire tout à fait non-dialectique de l’auto-paralysie du rationalisme.

 

Bernd A. Laska

 

Stirner et Nietzsche

 

par Albert Lévy

 

Il s’est produit dans la deuxième moitié du XIXème siècle une réaction contre l’individualisme. Les théories morales les plus répandues, par exemple celle d’Auguste Comte en France, celle de John Stuart Mill en Angleterre, celle de Schopenhauer en Allemagne, avaient ce caractère commun de pêcher l’altruisme. Les philosophes tenaient-ils à garder la morale chrétienne au moment où ils renonçaient à la foi, ou se croyaient-ils obligés, comme l’a soutenu Nietzsche, de se montrer plus désintéressés que les chrétiens eux-mêmes ? Toujours est-il qu’ils condamnaient l’égoïsme et l’isolement de l’individu. De même, en politique, on insistait sur les liens nationaux ou sociaux qui unissent les individus, et on prêchait la solidarité.

 

Or, vers 1890, on commença à parler en Allemagne de deux philosophies qui n’admettaient ni l’altruisme moral si la solidarité sociale. Stirner, qui n’avait joui de son vivant que d’une gloire éphémère, venait d’être ressuscité par un disciple fanatique, J.-H. Mackay, qui voyait dans l’auteur de l’Unique et sa propriété le théoricien de l’anarchisme contemporain.

 

D’autre part, Nietzsche, si longtemps "inactuel", s’imposait à l’opinion publique au moment même où la maladie triomphait définitivement de sa raison, et devenait peu à peu un des favoris de cette mode européenne qu’il avait si durement jugée.

 

Il était naturel qu’on rapprochât les noms de ces deux philosophes, dont les idées s’opposaient si nettement aux idées courantes ; on s’habitua à voir en Stirner un précurseur de Nietzsche. Mais il y a lieu de se demander si cette habitude est justifiée. Est-il vrai d’abord que Stirner ait eu une influence sur Nietzsche ? Est-il juste ensuite de considérer leurs philosophies comme deux systèmes analogues et animés du même esprit ? Est-ce à bon droit qu’on rattache Nietzsche à Stirner, et qu’on parle d’un courant individualiste, anarchiste ou immoraliste ?

 

Albert Lévy

 

Extrait de : "Stirner et Nietzsche" thèse présentée par Albert Levy à la Faculté des Lettres de l’Université de Paris

 

Tags : Histoire Philosophie Culture Michel Onfray




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23 réactions à cet article    


  • 1 vote
    O Scugnizzo O Scugnizzo 24 mai 2013 14:47

    Toujours eu de la peine avec Stirner, difficile à approcher, beaucoup trop théorique. C’est intéressant de le lire, mais l’égoïsme quasi héroïque ou à tout le moins sain mis en avant me rappelle trop la doctrine libérale. Association libre sur la somme des Uniques, où ladite somme donnerait une sorte de surpuissance collective (sans que cette collectivité aie une véritable identité). S’il critique fortement la religion en début de son ouvrage principal, on dirait qu’il renverse simplement le discours religieux : le mal existe pour un plus grand bien, l’égoïsme est bon car il permet une collectivité libre et surpuissante. J’imagine aisément les conséquences dans notre monde d’aujourd’hui, d’une somme d’Hommes uniques et se pensant au-dessus de tout, à la fois de l’environnement, de ses voisins et de toute spiritualité. Bien qu’il ne dise pas ça directement (mais presque) imaginer le fruit de la dialectique entre théorie et pratique me fait déjà froid dans le dos.


    En même temps, en tant que formation maussienne, c’est-à-dire un lien social fondé sur le don à la fois obligé et libre (la liberté totale je ne la comprends pas), Stirner ne me parle pas. Mais merci pour le partage, ça reste le théoricien de l’individu absolu le plus intéressant.

    • 2 votes
      Nora Inu Nora Inu 24 mai 2013 15:13

      ... Bien qu’il ne dise pas ça directement (mais presque) imaginer ...

       

      S’il critique fortement la religion en début de son ouvrage principal (L’Unique - NDA)

       

       on dirait qu’il renverse simplement le discours religieux : le mal existe pour un plus grand bien...

       

      Ne t’arrêtes pas au premiers chapitres .

      Contrairement à ses prédécesseurs (Feuerbach , Bauer , et avant Pascal ou encore plus loin Parménide) , justement , il ne renverse rien !!!

      Il n’entre pas dans ce jeu ...

       

      Il EST !!!

       

       

      Et , il nous écrit que Nous sommes !

       

      Et Rien d’autre .

       

      Tous les Bauer ( le Seul ami - donc fidèle , malgré leurs divergences ) , Schopenhauer , Nietzsche , Freud , Foucault , Delleuze ...

       

      Tous après LUI , ont repris SES thèmes , sans jamais le citer .

       

      Indices concordants de la justesse de "L’UNIQUE" .

       

      Ou pas ?

       


    • 2 votes
      Karvok 25 mai 2013 15:58

      Il ne critique pas la religion seulement au début du livre, tout son livre est contre la religion. Mais il parle d’abord de religion au sens restreint, avant de l’élargir à tout ce qu’elle a enfanté, détruisant tout ses fondements philosophiques, et c’est d’ailleurs là la force du bouquin. Qu’on l’appelle christianisme, humanisme, socialisme ou libéralisme, et il aborde ces différents avatars, tout ceci repose à divers degrés sur des fantômes, et il en est le ghostbuster théorique. Nul sacré, nul dogme, nul être supérieur subsiste à ses critiques, si ce n’est que chaque individu est son propre dieu, son propre roi, son propre souverain.
       
      "En même temps, en tant que formation maussienne, c’est-à-dire un lien social fondé sur le don à la fois obligé et libre (la liberté totale je ne la comprends pas)"
      Un don obligé et libre, c’est un non-sens. Soit il est obligé, soit il est libre, mais pas les deux à la fois. Tout comme la "liberté totale" n’a aucun sens, il y a liberté ou il n’y a pas. Dans le même genre on entend souvent les politiciens souhaitant encadrer la liberté d’expression, alors que la liberté est l’absence de cadre, et qu’en matière d’expression le cadre s’appelle censure.


    • vote
      Nora Inu Nora Inu 25 mai 2013 16:15

      Karvok ,

       

      il réduit tellement à néant la "religion" , les croyances en des arrières-monde , qu’après , il ne peut que calciner tous les avatars moins métaphysiques tels que le socialisme , le communisme , le libéralisme ...

       

      Toute certitude collective est fausse .

       

      Ne restent que les perceptions (les pensées) de Chacun , les réalités subjectives du Je .


    • vote
      Nora Inu Nora Inu 25 mai 2013 16:33

      Karvok ,

       

      j’oubliais , mais la difficulté de lecture de ce livre est pour moi du même ordre que la lecture de Bakounine .

       

      Les répétitions , les retours sur une phrase à peine changée puis les apartés , les dialogues avec lui-même ...

      Tout cela donne un fouillis touffu sur lequel je retourne en y découvrant de nouvelles choses à chaque lecture .

      J’espère un jour le comprendre totalement .

      Y a du boulot ... :)


    • vote
      Karvok 25 mai 2013 16:58

      Je ne dirais pas que toute certitude collective est fausse, seulement qu’elle est relative au collectif. Il est impossible de se passer de toute certitude ou de toute croyance, quoique personnellement je préfère m’en passer au maximum, il faut juste éviter d’en faire des Vérités absolues et universelles, et les partager plutôt que les imposer.
       
      Je reconnais que Stirner n’est pas évident à lire (quoique ce soit proudhon qui m’ait le plus agacé), je suis très subjectif à ce sujet. Je suis tombé dessus un peu par hasard, au moment où je me posais des questions qu’abordent ce livre, et si j’ai pris beaucoup de temps à le lire, j’avais aussi beaucoup d’intérêt et de motivation pour le sujet, ça aide. Ce que j’ai lu de Bakounine, c’était plus par dilettantisme, je ne me suis pas plongé à fond dedans, et les sujets évoqués m’étaient déjà plus ou moins familiers, là où Stirner a ravagé certaines de mes illusions.


    • vote
      Nora Inu Nora Inu 25 mai 2013 17:21

      Karvok ,

       

      ... Stirner a ravagé certaines de mes illusions.

       

      Et pas mal des miennes ...

       

      On n’est plus le même après la lecture de ce livre ...

      Enfin , c’est ce qu’il me semble .


    • 3 votes
      kemilein kemilein 24 mai 2013 16:17

      les philosophes sont pour la plus part des imposteurs ayant pour volonté et/ou lubie la masturbation mentale, beaucoup sont juste des sophistes (des menteurs qui jouent avec les mots).
      -
      Max Stirner est dans le vrai comme Arthur Schopenhauer comme Spinoza (comme Pierre-Simon de Laplace) comme Etienne de La Boétie comme Jean Jacques Rousseau.
      ils ont tous des faiblesses, mais leur intuition est pourtant la réalité.
      certain paraissent contradictoire pourtant.
      -
      il est question de responsabilité, du déterminisme explique mais ne justifie jamais, de volonté (légitimité) comme force constructrice du consentement (légalité).
      toutes ces pensées pourtant bannies ont chacune trait a une parcelle du réel. leur génie réside dans l’absence bien souvent de mystique rhétorique dont raffole les imposteurs.
      -
      affirmer que la réalité est cruelle, l’unique est SA propriété ou le Solipsisme tendance sadique sont la réalité. ca ne plait pas a tout le monde de le voir de le comprendre, c’est donc dur de l’accepter.
      pour autant dire que le monde est cruel ne justifie pas le de laisser ainsi, a notre echelle de savoir qu’il est cruel est même, de fait, une obligation de faire en sorte de le changer un peu.
      c’est parce qu’on sait que l’unique est sa propriété qu’on doit s’orienter vers un contrat social.


      • 2 votes
        Nora Inu Nora Inu 24 mai 2013 16:35

        Bien entendu .

         

        S’orienter vers un contrat social ...

         

        Oui , soit .

        Mais quel contrat , et surtout écrit par qui ???

         

        Le refus de l’écriture d’un contrat - en tant que Ce Qui Reste (ce qui est , ce qui demeure ...) , comme toute chose non-matérielle ( les dieux)- démontre l’attachement à "L’ici et maintenant" démocritéen , épicurien , sceptique , Cynique ..., à "la parole donnée"

         

        J’ai été surpris de l’acceptation de cet article .

        Il me semblait déjà trop long (pour "ceux qui lisent les titres et commentent" , assez nombreux , hélas !)

         

        J’ai donc retiré des citations , paragraphes ...

        Même des vidéos généalogiques ...


      • vote
        kemilein kemilein 24 mai 2013 18:14

        seul peut être inclue dans le contrat ceux qui contractent
        -
        oui c’est un contrat qui doit être de facto re-contracté a chaque naissance une fois la majorité advenue.
        -
        la construction d’une convention sociale est une chose compliqué (pour vous autres -ceux qui pigent pas ce que je dis quoi) a mettre en place car cela requière de la légitimité.
        et comme il est très clairement dit ici, seul l’autorité qui vient du dedans le l’individu est légitime, autrement dit, le pacte doit être contracter librement (véritablement librement, et pas avec un couteau sous la gorge)
        -
        la "pureté" des idées ne dois pas faire oublier le réel, c’est pas une chose facile a faire, mais au moins pourrait on essayer d’y parvenir, avant, de s’avouer vaincu.


      • vote
        ffi 25 mai 2013 00:55

        Bonnes questions Nora :
        Qui a signé un contrat ? S’il doit y en avoir un, qui l’écrit ? Qui le fait respecter ?
         
        Le contrat social, c’est certes une jolie expression, mais cela ne correspond à rien de réel.
         
        Beaucoup de choses nous préexistent, et elles demandent en général une acceptation unilatérale... Y’a pas de contrat, il n’y en a jamais eu.
         
        Celui-là, c’est encore un beau sophisme révolutionnaire...

        .


      • 1 vote
        Nora Inu Nora Inu 25 mai 2013 01:06

        A ffi ,

         

        Tout contrat est écrit par un contracteur , au détriment d’un contractant ...

         

        Rapport de force ...


      • vote
        kemilein kemilein 25 mai 2013 01:27

        peuplade d’idiot sur avox... ca a toujours été le cas mais quand les gens savent même plus lire et font de l’inventions ca deviens juste insupportable.
        -
        pour contracter faut être au moins DEUX, t’as deux manière de contracter
        soit d’égale a égale, soit dans un rapport de force favorable a l’un.
        quand j’écris "librement" & "sans avoir le couteau sous la gorge" ca veut peut être dire qu’on est dans un putain de cas bien précis ?
        -
        je dois juste avoir du mal a parler français
        nan parce que de base je sais que je vais devoir expliquer de trucs a des gros cons (en général, te sens pas ciblé)
        alors je fais déjà gaffe a pas employer des mots trop chelou
        mais que même des mots simple soient pas compris... franchement !!
        -
        y’a toujours un rapport de force, au sens physique du terme et des fois ce sont deux force allant dans le meme sens et parfois deux force exactement identique mais de sens contraire
        -
        comment contracter correctement sans taper dans l’idéalisme du blabla ?
        te suffit d’être un poil intelligent
        -
        ne pas pousser le boucher trop loin (sinon ca va pas me plaire et ca va se résoudre a coup de poing dans la gueule)
        ne jamais me faire confiance (sinon tu risques de te faire étrangler dans ton sommeil)
        a partir de là on a établie des "institutions" (ca veut pas forcément dire "bureaucratie") équilibrées et lucides.
        -
        là c’est bon on s’est compris ? (ca m’étonnerais m’enfin)


      • vote
        Nora Inu Nora Inu 25 mai 2013 01:50

        Kemilein ,

        pour contracter faut être au moins DEUX, t’as deux manière(S) de contracter
        soit d’égale a égale (sans les e), soit dans un rapport de force favorable a l’un.
        quand j’écris "librement" & "sans avoir le couteau sous la gorge" ca veut peut être dire qu’on est dans un putain de cas bien précis ?
        -

        je dois juste avoir du mal a parler français (Absolument)

         

        Non , ne t’énerves pas tout de suite ; je plaisante .

         

        Mais il est tard , monsieur ... Il faut qu’je rentre ... chez moi ...

         


      • vote
        QaviQeQuarQo davideduardo 25 mai 2013 09:16
        @kemilein


        les philosophes sont pour la plus part des imposteurs ayant pour volonté et/ou lubie la masturbation mentale, beaucoup sont juste des sophistes (des menteurs qui jouent avec les mots).

        l insulte est la derniere arme des sophistes et je trouve que tu en abuses beaucoup ces derniers temps.
        Petite crise d égo ?

      • vote
        Karvok 25 mai 2013 16:21

        Vouloir rapprocher Stirner de Rousseau est une totale hérésie (^^). Les deux courants sont en totale contradiction sur ces points évoqués. Je ne cacherais pas que pour moi Rousseau est une ordure finie, un des fondateurs des horreurs d’aujourd’hui, du libéralisme, de l’étatisme, du nationalisme et du fascisme. Le contrat social est une saloperie, défini et signé par quelques uns, imposé à tous et sur des générations, par la force dès que besoin, un formatage oppresseur. Stirner ne reconnait nul contrat, si ce n’est une entente tacite conclue par les individus eux mêmes, ne s’appliquant qu’à eux même, modifiable ou révocable à tout moment et par chacun.
         
        Je trouve par ailleurs la courte citation de Onfray ridicule. Stirner n’est nullement anticollectiviste, ni exclusivement individualiste, et n’entre pas en contradiction avec une certaine idée du mutualisme développé par Proudhon. Stirner pose simplement les bases théoriques nécessaires au respect de l’individu, à partir desquelles est possible la libre-association. Mais de toute façon, Onfray est synonyme de ridicule, s’il contribue à quelque chose ce n’est surement pas à l’anarchisme, et ce n’est pas pour rien qu’il soutient sans grande réserve l’autoritaire mélenchon.


      • vote
        QaviQeQuarQo davideduardo 25 mai 2013 17:32

        un des fondateurs des horreurs d’aujourd’hui, du libéralisme, de l’étatisme, du nationalisme et du fascisme. 


        tu as a ´peu pres tout énuméré, quel autre systeme politique concois tu ?


        Stirner ne reconnait nul contrat, si ce n’est une entente tacite conclue par les individus eux mêmes, ne s’appliquant qu’à eux même, modifiable ou révocable à tout moment et par chacun.

        c est comme cela que j appréhendé le contrat social, rousseau ne donne qu une piste :
        comment accepter un systeme politique pendant des générations sans l excuse d un dieu bienveillant ?
        C est sur que l on allait pas faire signer chaque nouveau né (comme le bapteme dans l ancien systeme), ce qui aurait été fastidieu, le contrat est tacite.
        Rousseau laisse meme la possibilité d une vie sauvage dans des zones naturelles et préservées hors de la zone du contrat social pour ceux qui ne veulent contracter.

      • 1 vote
        Nora Inu Nora Inu 25 mai 2013 01:00

        Hieronymus ,

         

        il me déplait de l’admettre , mais il semble bien que vous aviez raison .

         

        Nobody’s here !

         

        Personne !!!

         

        Ni marxiste , ni nietzschéen , ni hégélien , ni mon cul sur la commodiens ...

         

        Il y a des montagnes que nul claviériste ne désire gravir .

         

        Deux-trois hommes me déçoivent , deux-trois femmes aussi .

         

         

        N’est-ce point un invariant , d’être déçu ?

         

        Sur ce point , Stirner est dans Le Vrai .

         

         


        • vote
          Karvok 25 mai 2013 16:26

          Le Vrai est un fantôme, c’est une notion propre à chacun, aussi unique que l’individu, aussi multiple que personnelle.


        • 1 vote
          Nora Inu Nora Inu 25 mai 2013 16:35

          Karvok ,

           

          redite ...

          Toute certitude collective est fausse .

           

          Ne restent que les perceptions (les pensées) de Chacun , les réalités subjectives du Je .


        • vote
          Karvok 25 mai 2013 17:02

          C’est surtout que je n’aime pas les majuscules, en particulier sur le mot vérité ^^
          On est d’accord sinon


        • 1 vote
          QaviQeQuarQo davideduardo 25 mai 2013 08:38

          j aurai bien participé a la discussion, mais je n ai pas lu ce monsieur et je ne voudrais pas parler dans le vide.


          Mais cette réputation d égoiste, et le fait qu il soit souvent repris par les libertariens et sa réputation d egoiste ne m ont pas donné envie de le lire pour l instant

          • vote
            Karvok 25 mai 2013 16:34

            Il est toujours plus intéressant de lire l’auteur plutôt que ceux l’ayant lu, d’autant plus pour Stirner, qui a si peu écrit, jamais rien fait de notable, mais a tant été commenté. Par ailleurs c’est beaucoup plus simple à lire que du Nietzche, il n’y a guère plus d’une métaphore (les fantômes), et c’est rationnel jusqu’à la déraison. C’est bien sur un point de vu tout à fait personnel, mais ce bouquin est une dynamite intellectuelle, qui si elle n’est suffisant, est une base philosophique essentielle pour comprendre et construire. A condition bien sur de vouloir partir de l’individu pour créer du collectif.



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