En bonus, voici la présentation de l’« Appel à la Société des Nations », de Haïlé Sélassié I, le 27 juin 1936
Depuis
Londres, Haile Selassie I prépare son départ vers Genève afin de
s’exprimer à la tribune de la Société des Nations. Il fait savoir à la
Suisse cette intention ; si sa présence pour l’assemblée est acceptée,
les autorités helvétiques s’opposent à un séjour trop long dans leur
pays. Une fois à Genève, Haile Selassie se prépare pour son discours
pendant quatre jours. Le 30 juin 1936, il arrive à la SDN. Au moment où
il doit monter à la tribunes, des journalistes fascistes se mettent à
crier : « Assassin ! À la guerre ! Va rejoindre ton gouvernement ! Ça
suffit négrillon ! ». Au milieu de ce vacarme, Nicolae Titulescu, un
diplomate roumain, s’élève et clame : « À la porte les sauvages ! ».
L’assemblée éclate en applaudissements et le public des tribunes prend
également part contre les journalistes qui ont été expulsés de la
salle[116]. Une brève bagarre s’ensuit avant que l’atmosphère ne soit à
nouveau calme. Entre temps, Haile Selassié est resté impassible.
S’il
a initialement opté pour le français, alors lingua franca de la
majorité des membres de la SDN, le souverain éthiopien choisit au
dernier moment de prononcer le discours en amharique. La traduction
n’arrive qu’une demi-heure après. L’intervention est restée célèbre.
Henze met cela sur le compte l’éloquence de Haile Selassie qui lui «
valut les applaudissements de la salle et la sympathie du monde entier
». D’après Gontran De Juniac, « Son discours fit sensation. ». Malgré le
« retentissement » de cet appel, il ne semble avoir eu aucun effet
direct. Plus concrètement, le Negusse Negest évoque divers points
importants. Il critique l’absence de soutien financier à
l’Éthiopie[118], évoque le risque que cette crise représente pour la SDN
et dénonce les crimes commis par les forces de Mussolini. Il insiste
sur la portée plus globale de ce conflit :
« C’est la sécurité
collective. C’est l’existence même de la Société des Nations. C’est la
confiance que chaque État place dans les traité internationaux. C’est la
valeur des promesse faites aux petits États que leur intégrité et leur
indépendance seront préservées. C’est le choix entre d’un côté le
principe de l’égalité entre nations, et de l’autre celui de
l’acceptation de leur vassalité. En un mot, c’est la moralité
internationale qui est en jeu. »
Haile Selassie s’indigne que
l’on ait laissé un « gouvernement fort » détruire un autre peuple et
déclare : « Dieu et l’Histoire se souviendront de votre jugement », une
formule marquant ses déceptions concernant la sécurité collective. Il
insiste sur ce point dans les dernières lignes de son discours et
prévoit que d’autres pays pourraient subir le même sort que l’Éthiopie :
«
Nous le demandons aux cinquante-deux États qui nous ont promis naguère
d’aider le peuple éthiopien dans sa résistance à l’agression. Que
veulent-ils faire pour l’Éthiopie ? Et les grandes puissances, qui ont
promis la garantie de la sécurité collective pour les petits Etats sur
lesquels pèse la menace qu’ils pourraient un jour subir le sort de
l’Ethiopie, je vous demande quelles mesures comptez-vous prendre ? »
(source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_guerre_italo-éthiopienne)