Et bien moi je ne trouve pas qu’il soit
tant à côté de la plaque. Certes il n’a pas l’opportunisme
politique de Soral, mais c’est ce qui le rend attachant à mes yeux.
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Nabe a une vision de l’acte
politico-mystique qui me plait. Pourquoi détacherons la politique de
la foi, comme si la politique n’était pas une affaire de croyance et
de symbole ! Comme lui, je faisais partie de ces millions de gens qui
se sont félicité de la destruction des deux "Tours de la
Finance Mondiale". Ca ne veut pas dire que j’étais heureux que
des milliers d’américains soient morts. C’était l’acte symbolique
qui me fascinait.
.
Le Ben Laden de l’époque était un héro, et je comprend que Nabe
soit resté dans cette nostalgie. Malheureusement, force est de
constater qu’il a été récupéré, pire que Che Guevara : alors
qu’il était (sans doute) mort depuis longtemps, les américains ont
créé des vidéos et financé des branches d’Al Qaida, ils ont
"apprivoisé" leur ennemis et les islamistes sont devenus leurs meilleurs alliés pour
justifier tout ce qui allait suivre.
.
Evidemment, les théoriciens du complot pensent que tout ça
était prémédité par l’Empire. Peu importe si c’était
prémédité, car des millions de gens rêvaient de voir les tours
tomber (les américains les premiers dans leurs films catastrophe).
Cette bande de tarés, qu’ils soient des terroristes djihadistes ou
étatiques, n’ont fait que réaliser ce sacrifice collectif qui est
devenu un mythe de l’Empire.
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Par ailleurs, sur les soulèvements arabe, l’analyse de Nabe sur
les décapitations est très juste : c’est LE point commun de ces
soulèvements. Mais il ne semble pas comprendre que ces décapitations
sont justement le moyen de détourner les révoltes populaires qui
naissent non d’une volonté de renverser un homme, mais un système.
La décapitation de Ben Ali (improvisée plus qu’orchestrée) a
précédé de nombreuses autres décapitations, elles savamment
orchestrées qui ont permis de remplacer les pouvoirs en place par
des pouvoirs dans une redistribution des cartes.
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Je crois que ces soulèvements, s’ils trouvent leur ferment dans
une colère populaire légitime, sont l’instrument impérialiste d’un
changement politique majeur : les dictateurs nationalistes installés
par la post-colonisation (fausse indépendance qui a permis de garder
le contrôle sur les populations tribales qu’il fallait éduquer),
sont aujourd’hui remplacés par les agents libéraux du FMI qui,
comme en Lybie, utilisent l’islamisme pour se légitimer auprès du
peuple, et pour mieux les faire entrer (par derrière, et ça fait
encore plus mal) dans le libéralisme économique.