@Prosper
Notre sympathie et tendresse pour Alban, Alain Fournier, c’est le souvenir inaltérable de l’ imaginaire de notre enfance rêvée retrouvée.
La
chapelle d’Anguillon, un étrange et merveilleux enfant ouvre les yeux sur un
monde déjà trop petit pour lui.
Est-ce pour
cette raison que les prénoms et les noms fleurissent dans sa tête, avant même
que les mots pour le dire ne les retiennent dans leur enveloppe duale.
Fournier
Henri, Alban, Alain, François Seurel, Augustin Meaulnes, Frantz de Galais...Yvonne
du même nom...Sublime apparition dans le coeur du trouvère.
L’hybridation
doucement inscrit l’itinéraire sensible et délicat d’un sentimental né
d’ailleurs et de nul part. Le creuset romantique tendrement s’insinue.
Mais
enfin ce poète encore vagissant connaît aussi des origines humaines. C’est un être charnel, dans une France d’autrefois, aux contours de
village, de clocher, de rumeurs artisanes et paysannes et de bruits d’enfants...
...
« L’enfant
vit dans un monde de rêve dont il est l’auteur. »
...Il ouvre
au fond de lui tous les capteurs et récepteurs. Alors s’engouffrent les
bourrasques, et les parfums violents de la nature suave et pleine, à l’état
brut. Tant de puissance manifestée, tant d’inspiration saisie et absorbée dans
cet esprit et ce corps pétris d’innocence juvénile.
Déjà les
dédoublements chimériques d’une adolescence précoce, Henri- François-Augustin
Meaulnes, sans le savoir, ce poète en mouvement anticipe inconsciemment son
univers de chevalier en partance pour les folles croisades de l’amour et de
l’amitié. L’adolescence, clé de voûte de l’espérance de vie, traverse en
fulgurances soudaines, les mondes insatiables de son imaginaire.
...
Il
s’avance dans le monde, porteur d’un désir « si grand qu’il plongera de
l’autre coté ! » Ce langage d’illuminé, il le doit, plus
encore qu’à Dostoïevski, à cette blessure intime qui le torture toujours.
« Une
partie de ma vie se passe dans un autre monde plein d’imaginations et de
paradis enfantins. De plusieurs femmes, déjà, j’ai pensé qu’elles sauraient y
partir avec moi. Mais aucune n’a jamais su. »
...Témoins
malgré nous, d’une belle et triste histoire pleines d’illusions déçues, il nous
reste un ouvrage qui nous parle du parfum de l’enfance et de la chimère de
l’adolescence « Le Grand Meaulnes »