L’article
se termine en nous informant que "A France Inter cette réaction, au
premier degré, face à une émission dite de divertissement laisse circonspect".
Toute
l’hypocrite bien-pensance désormais installée à France Inter est résumée dans
cette phrase.
D’abord
parce que c’est France Inter qui a pris soin, en s’en vantant, de faire durer
l’ambiguïté sur la réalité de l’émission (qui passe à une heure de grande
écoute, rappelons-le).
La
station s’est en effet efforcée de laisser croire le plus longtemps possible
qu’il s’agissait de faire réfléchir "psychanalytiquement" sur des
sujets divers et importants de la vie contemporaine. Et ce serait finalement la
"stupidité" des auditeurs (ceux qui "appellent" et ceux qui
écoutent) méprisés (sans guillemets) par la station qui ferait apparaître que
l’émission doit y être "dite" de divertissement.
Ensuite
parce que France Inter participe désormais activement à la construction de la
"nouvelle bien pensance", qui doit beaucoup à Charlie Hebdo" et
à son ancien directeur venu prendre la direction de la station radio toujours
officiellement "de service public".
Philippe
Val fut longtemps l’animateur de l’humour "totalement libre" qui
s’exprimait dans Charlie Hebdo, jusqu’au jour où il a montré très concrètement,
en virant l’un des plus célèbres collaborateurs du journal, que la liberté avait tout de même une
limite : celle au-delà de laquelle on n’est plus dans ce que le patron juge
convenable.
C’était
le signe attendu en très haut lieu pour constater que Val ferait bien,
désormais, un bon patron pour France Inter. Il est donc venu diriger la
station, animé par son "anarchototalitarisme" très respectable.
Il
en a profité pour assurer, dans cette station, une bonne place à quelques autres
libertaires de la bien pensance compatible avec le goût du pouvoir personnel,
tels que Caroline Fourest, qui n’en finit plus de promouvoir la
"bonne" islamisation de la France et de l’Europe, en bataillant ferme
contre la "mauvaise", allant jusqu’à demander qu’on fasse taire ceux
qui montrent la dangerosité de l’une et de l’autre.
A
la fin de l’émission commentée ici, les "comédiens-psy", donneurs de leçons
au "bon peuple imbécile ne sachant pas reconnaître un propos
humoristique", prennent soin de confondre ostensiblement mais "en bafouillant", l’antisémitisme
et l’antisionisme pour qu’on voit bien que leur ambiguïté volontaire l’est à
dessein dans toutes les directions.
Le
problème est que, depuis des années maintenant, la renaissance de
l’antisémitisme "de gauche" est une réalité pas du tout rigolote et qu’elle
est même, selon moi, extrêmement inquiétante.
Le
problème est qu’il va bien falloir en venir à la mise en question du fameux
propos de Pierre Desproges selon lequel "on peut rire de tout mais pas
avec n’importe qui".
C’était
probablement vrai pour le "tout" de Desproges et pour ses conceptions
intimes du "n’importe qui". Mais ces deux notions sont devenues, dans
les grands médias contemporains, du "n’importe quoi". Notamment sur France
Inter où, en fin de compte, on nous demande de faire confiance aux valets (1) pour nous garantir la bonne rigolade et nous éviter de tomber dans
la mauvaise.
On
entend fréquemment, sur France Inter comme ailleurs, de très nombreuses
expressions des pires confusions cultivées, à gauche et à l’extrême-gauche comme
à droite et à l’extrême-droite… et ailleurs. Ceci devrait nous conduire à
refuser que l’on rigole à tout
propos, même avec des gens supposés (ou auto-proclamés) très bien.
L’exemple
le plus fréquent, et que je dénonce avec le plus d’insistance depuis des années,
de confusion cultivée est celui de
l’islamophobie qu’il faudrait assimiler à du racisme, de la xénophobie et de la
haine pour ne pas être soi-même assimilé à "n’importe qui" et mériter l’envoi
devant un tribunal de la République.
Avec
le temps, cette culture-là devient franchement odieuse, et France Inter ne peut
se croire excusable de la pratiquer en son sein parce que les autres "grands"
médias la pratiquent avec la même persévérance.
P.R.
(1)
Si si, j’ai bien le droit de faire un tel jeu de mot, même si j’ajoute ici une
faute d’orthographe. Les juges en ont décidé ainsi en ne trouvant rien de
répréhensible dans le fait de qualifier de "souchiens" les français de souche. C’est forcément chez ceux qui entendent "avec l’esprit mal placé" qu’est la faute,
pas chez l’auteur du jeu de mot, lequel en réalité n’en était pas un… puisque cet
auteur vous le dit.