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Joe Chip Joe Chip 22 septembre 2014 12:18

Bonne analyse. Il déplore en outre sur son facebook le format de l’émission axé "divertissement" qui aurait dénaturé ses propos, prouvant ainsi un peu plus son amateurisme médiatique. Le type pèse virtuellement 0% aux élections mais il faudrait lui déployer le tapis rouge dans les médias et le traiter à égalité avec un parti représentant 25% de l’électorat.

Il s’était pourtant déjà retrouvé dans une situation similaire face à Quatremer, dans une émission radio, qui avait pu facilement tourner ses propositions en dérision. A vrai dire, au-delà de sa prestation, je crois qu’Asselineau vient de rendre un très mauvais service aux souverainistes de manière générale, en présentant une vision passéiste, sectaire et caricaturale de la défense de la souveraineté nationale, à base de "CNR de 1944" de "nationalisation de TF1" (ridiculisée par Sardou à juste titre) et "d’alliance avec les communistes". En 1944. de Gaulle ne manipulait pas les concepts de 1918 ou de 1870. Ruquier devait boire du petit lait en entendant ça.

Quand on est contre l’UE et pour la souveraineté nationale, on ne peut pas se mettre à évoquer ces sujets en feignant d’ignorer que l’on participe en réalité à un dîner de cons.

Le fait de se faire applaudir par ses séides alors qu’il venait de répondre par un désastreux "et vous, vous avez fait quoi ?" pour se dégager d’un échange avec Caron tournant à son désavantage, suffisait à lui seul à illustrer les limites d’Asselineau dans cet exercice. Son truc à lui, c’est la didactique et les salles de conférence attentives, pas la dialectique de plateau télé. 

Au niveau de l’image, Asselineau transpire malheureusement l’orgueil froissé et une certaine condescendance typique de haut-fonctionnaire, tout en paraissant agité et nerveux. De ce point de vue, le type qui faisait remarquer qu’il pourrait toujours se reconvertir dans l’opéra s’il échouait en politique ne faisait que relever de manière assez subtile et ironique le côté "diva" d’Asselineau. 

Et c’est trop facile de dire à présent que c’était un piège, que le format de l’émission n’est pas adapté, que c’est de la télé, que les chroniqueurs étaient agressifs... il fallait s’y préparer. Vous savez combien de dirigeants de micro-partis ou association aimeraient bénéficier d’un passage chez Ruquier le samedi soir sur France 2 ? Maintenant, il faut que l’UPR arrête de jouer la carte des réprouvés médiatiques et commencent sérieusement à s’interroger sur leur stratégie de communication. Asselineau a encore passé de longues minutes à déblatérer le FN, alors que tout le monde vous dit et vous répète depuis plusieurs mois que cette stratégie concurrentielle ne fonctionne pas. Asselineau veut faire le hold-up parfait en se dissociant médiatiquement du FN (c’est eux les méchants d’extrême-droite) tout en cherchant à capter hypocritement leur électorat. En gros il envoie un message absurde du genre "vous sentez la merde dans les médias mais je vous veux quand même". Bien entendu, les médias voient aussitôt l’ambiguïté de ce positionnement. Toutes ces longues minutes à vomir le FN n’ont nullement empêché ensuite Caron de le cuisiner très tranquillement sur Ayoub et Soral.
Personne n’a pleuré pour BHL la semaine dernière quand Caron, courageusement, l’a mis face à ses contradictions. L’agressivité des chroniqueurs est par ailleurs à double tranchant. S’il était parvenu à la détourner à son avantage ou à paraître dégagé et tranquille, cette séquence l’aurait grandement servi en termes d’image, les gens retenant alors l’image d’un bonhomme sûr de son fait (et donc, dont les idées méritaient d’être entendues...) et ne cillant pas face à l’adversité dans un contexte médiatique, ce qui est la base de la politique.

Caron et Salamé étaient dans leur rôle, même si cette dernière s’est ridiculisée avec des arguments totalement caricaturaux. 

La bonne communication ne se voit pas ; de ce point de vue, les applaudissements du public - notés à plusieurs reprises par Ruquier - produisaient une impression de raideur collective archaïque (genre Corée du Nord) mais bien dans le ton, malheureusement, de ce que l’on voit sur le net. Le moment où il tente désespérément d’empêcher Caron de poser sa question sur Ayoub, répétant "par ailleurs" à quatre ou cinq reprises avant de laisser voir un rictus de frustration presque enfantin, était assez pitoyable. 

Mais le pire est qu’Asselineau est passé pour un mauvais client de télévision, peu adapté aux codes médiatiques. Je doute qu’il soit réinvité après s’être payé le luxe de venir à la télé à une heure de grande écoute pour dire... qu’il n’avait rien à dire. Et il vient en plus de perdre un de ses arguments principaux sur sa soi-disant ostracisation médiatique face au FN (qui n’est pas invité chez Ruquier).

Cette émission aura eu au moins l’avantage de rappeler à tous les "dissidents" qu’une omniprésence et une visibilité sur internet ne valent rien en soi...




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