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maQiavel maQiavel 5 janvier 2015 18:56

@Latigueur

 

J’ai cru percevoir une référence au mythe rousseauiste du bon sauvage.Ce bon sauvage qui serait perverti par nos sociétés modernes et vivait sans maître ni esclave loin des vices de l’échange marchand. Rien, dans aucune étude anthropologique, n’est venu en attester la réalité.

 

------> Cela méritait une réponse à part.

 

Je crois qu’il existe un mythe de Rousseau décrivant le bon sauvage, on l’a caricaturé, il dit très clairement et à plusieurs reprises que le sauvage n’est ni bon ni mauvais. Par ailleurs, il faut savoir que beaucoup d’anthropologues ont confirmés certaines intuitions de Rousseau sur le sauvage comme Claude Lévi Strauss, Sahlins ou Pierre Clastre, N’entrons pas dans ce débat du bon sauvage chez Rousseau trop intellectuel et abstrait à mon gout.

 

Partons plutôt du matériel anthropologique :

 

-Plus haut, vous avez parlé de société complexe. J’ai été très prudent en parlant de complexité technique et de la division et spécialisation du mode de production. Parce que complexité sociale et complexité technique sont deux choses différentes.

 

Les sociétés primitives sont simples techniquement mais très complexes socialement. Elles sont organisée autour de clans, de sous clans totémique dont les règles d’appartenance sont d’ une telle complexité qu’ elles ont parfois nécessité l’ élaboration de modèles mathématiques pour les chercheurs.

Elles ne sont pas organisées suivant les règles du territoire (ce qui est certain pour la plus rudimentaire d’ entre toutes ces formes d’organisation primitive, celle des chasseurs cueilleurs nomades) mais sur celui de la parenté, l’individu est au centre d’un immense réseau social intriqué et mouvant.

Une chose importante : c’est parce qu’elles se caractérisent par une concentration minimale du pouvoir qu’elles s’avèrent complexes socialement, la parenté étant le lien politique majeur.

 

C’est un phénomène que l’on retrouve sur tous les continents, que ce soit les aborigènes d’Australie, les San d’ Afrique Australe, les Inuits, les amérindiens d’Amazonie.

 

C’ est l’ émergence de la propriété privée , de la spécialisation du mode de production et de l’ Etat qui vont simplifier cette complexité sociale : l’ existence d’ une hiérarchie susceptible de régler les conflits et d’ apaiser les relations entre les individus font que le lien de parenté n’ est plus au centre des communautés. Il peut donc se simplifier.

 

Pourquoi le bon sauvage n’existe pas ? Simplement parce que ces communautés primitives connaissaient très bien les processus de vampirisation que j’ai décrit dans cet article et qu’en conséquence elles ont élaborées de touffus systèmes juridiques encrés dans la mémoire des anciens pour empêcher son émergence.

Il n’y a donc pas le mauvais civilisé d’ un coté et le bon sauvage de l’autre : il y’ a d’ un coté des hommes qui vivent dans un contexte ou la conflictualité est structurelle et au centre des relations sociales et de l’ autre des hommes qui vivent dans un contexte ou la conflictualité est épisodique.

 




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