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maQiavel maQiavel 25 octobre 2018 18:24

@Qirotatif

Il n’existe pas de loi anti-niqab en France. La loi qui existe est la "n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public". 

Toutafé.

Mais ce qu’il faut savoir , c’est que le comité des droits de l’homme considère que cette loi est une acrobatie. Non pas à cause de sa formulation mais du fait des débats parlementaires qui ont précédé la ratification de la loi.  Parce que le débat a débuté par la réflexion sur une loi interdisant la burqa. Au fil des débats , il est apparu aux parlementaires qu’une interdiction générale était juridiquement risquée du fait du conseil d’Etat. Les parlementaires ont ensuite voulu glisser cette loi en s’appuyant sur la laïcité mais ce principe ne s’applique qu’à l’Etat et à ses agents et non pas aux simples citoyens. Le parlement a finalement opté pour une loi qui ne parle ni de burqa, ni de niqab, ni d’aucun vêtement religieux, mais de la nécessité de découvrir son visage dans les rues et les lieux ouverts au public pour des raisons de sécurité publique et de respect des « exigences minimales de la vie en société ». C’est en raison de tout ce processus qui a aboutit à la loi que le comité considère qu’il s’agit en réalité d’interdire indirectement le port du voile intégral ( ce qui est vrai , il faut être honnête).

Là je vais faire une remarque : les parlementaires  ont trouvé une solution habile pour interdire le voile intégral et c’est très bien. Mais c’est regrettable d’être passé par tous ces débats (qui révèlent les intentions réelles des parlementaires au comité ) pour en arriver là. Ils auraient pu prendre la décision d’interdire la dissimulation du visage dans les lieux publics sans jamais mentionner une quelconque pratique religieuse et personne n’aurait rien trouvé à redire.

C’est ce que je dis souvent ici lorsque je critique certains anti-islam et qui n’est pas compris puisque lorsque je le fais je suis assimilé à un crypto-islamiste , ce qui est assez ironique : je dis simplement qu’ il faut être plus malin. Il faut revenir à certains principes directeur : l’Etat n’a pas à caractériser le fait religieux , il ne doit même pas le reconnaitre. Les agents de l’Etat doivent appliquer de façon stricte la loi et si certaines pratiques ( revendiquées par des individus comme étant religieuses ou non , peu importe ) y contreviennent , alors elles doivent être interdites. De sorte que personne ne pourra parler de discrimination puisque la loi est générale et impersonnelle  ( elle n’est pas et ne doit pas être dirigée contre une religion et ses pratiquants ). La loi qui consiste à interdire la dissimulation du visage concerne tout le monde , une femme ne peut pas mettre de voile intégral dans les lieux public mais un homme ne peut pas non plus mettre un masque de clown dans un lieux public . Sans ces débats parlementaires sur la burqa , on ne pourrait même pas dire formellement quelle était la cible réelle de cette loi.  Selon la même logique , si on se fixe pour objectif de réduire drastiquement la halalisation agro-alimentaire , il ne faut même pas que les autorités publiques mentionnent le halal dans les débats. Il faut se concentrer sur les conditions sanitaires d’égorgement dans les abattoirs et la souffrance animale pour émettre des normes qui concrètement rendront le rituel d’abatage islamique illégal ( et pas que , à mon avis de nombreuses industries d’élevage et d’abatage seront aussi embarrassées ).

Mais de nombreux anti-islam ne le comprennent pas. Eux mènent une lutte culturelle et symbolique totale contre une religion et contre les pratiquants de la dite , ce qui nécessite de nommer leur ennemi directement et plus ou moins franchement. C’est leur droit mais le problème c’est qu’ils confondent leur combat culturel avec le combat politique qui demande plus de précisions , de subtilités et d’intelligence tactiques. Ce sont des gens , souvent grossiers et caricaturaux , qui carburent au politiquement incorrect et qui frissonnent de plaisir à la moindre attaque symbolique contre l’islam et les musulmans , ce qui est peut être un atout dans la lutte culturelle  qu’ils mènent je ne sais pas , mais qui devient grotesque si on transpose sur le plan du combat politico
 juridique , qui lui , nécessite plus d’habilité tactique et l’usage de moyens détournés.

D’où la nécessité de faire la distinction entre le niveau culturel et le niveau politico-juridique ( quand bien même l’islam mélangerait les deux , concrètement ça ne change rien à la façon de traiter la problématique ). Et le problème , c’est que certains politiciens , sous la pression d’une frange de l’électorat chez laquelle le sentiment de dépossession culturel est le plus fort , font eux aussi cette erreur de mélanger ces deux niveaux , de sorte qu’ils rivalisent entre eux dans les attaques symboliques pour conquérir cet électorat , alors qu’ils devraient rester cantonné de façon habile à la sphère politico-juridique.

J’espère que ce cas me permettra de me faire comprendre ( peu importe que l’on soit d’accord avec moi mais si je parviens déjà à me faire comprendre , ce serait déjà énorme). Parce que généralement , expliquer cela , c’est risquer d’être assimilé aux islamistes.




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