@Belenos
Ok alors mettons de côté le mot « intelligence »
et remplaçons par « capacités à faire des choses ». Non seulement les
machines ont certaines capacités dont ne disposent pas les humains (et vice et
versa), mais elles peuvent aussi dénaturer les capacités humaines.
Le rapport
amoureux, par exemple, avec une poupée animée qui parle et interagit. Et la
déviance amoureuse, si elle est partagée par un nombre significatif d’humains
dans une société, peut devenir une nouvelle norme, pour laquelle il faut être
tolérant, sinon vous êtes encore un machinphobe d’ultra droite. C’est vite fait
d’ailleurs : un chanteur gagne l’Eurovision grâce à son duo avec sa
bionique (le mot est pas mal, d’ailleurs), puis on rajoute un R comme robotique
à l’acronyme sans fin de LGBT+ et c’est torché. Même si la machine ne connaît pas le sentiment
amoureux, elle a tout de même la capacité à faire perdre la singularité de ce
sentiment chez les humains.
.
Je reviens à Fei Fei Li : elle a aussi appris à son programme (ImageNet) à devenir
capable de décrire en langage humain les scènes des images qu’elle lui
présente. Elle pourrait aussi lui
programmer la valeur esthétique : un ciel bleu meilleur score qu’un ciel
gris, encore plus avec un arc-en-ciel, et un Soleil meilleur score quand il est
coloré d’autres nuances que le jaune dominant. Et ainsi des milliers, ou plus,
d’informations de toutes sortes, avec des lois mathématiques de formes,
répartitions, harmonie, etc... En lui ajoutant des bras mecaniques, le
programme peut combiner des paramètres esthétiques (optimisation des scores),
pour produire une nouvelle chromatique jamais peinte, ou un nouveau trait qui
révèle des réminiscences d’une scène plus puissantes que l’impressionnisme, ou
une composition abstraite encore plus océanique que le triptyque bleu de Miro.
Et puis installer des programmes ImageNet à chaque continent, monitorés
par des scientifiques de cultures différentes, qui produiront de tableaux typés
les uns par rapports aux autres.
Si je trouve un tableau d’ImageNet plus joli
qu’un Jeff Koons, ou que la plupart des tableaux de Pollock : je dis que ce
n’est pas de l’art car c’est signé numériquement, alors que l’étron de Koons
est de l’art parce que conçu par un esprit vivant ? Je prends un exemple
provocateur, mais vous voyez que l’intégrité de l’art comme expression de l’esprit
peut aussi en prendre un coup.
.
Les machines n’auront jamais de conscience, d’esprit ou d’intelligence,
comme les humains, surtout si vous persistez qu’elles sont le propre de l’homme.
Mais elles les dénaturent, elles rongent la singularité humaine au point que ce
qui était « naturel », « en soi », ne l’est plus. L’essence,
un des concepts fort de toute la philosophie depuis Aristote est en train de
fondre comme un sucre sur une flaque.
.
Beo111 a dit des choses intéressantes : De toute
façon pour revenir au titre de la vidéo la machine ne peut pas être créative au
sens où on l’entend, mais elle peut si bien simuler la créativité que de toute
façon, vu que nous sommes tous plongés dans le Maya (la Grande Illusion) ça
fait pas une grande différence.
Les machines en deep learning accumulent la mémoire des
expériences, comme les humains. Elles restent sous forme d’engrammes, ou d’empreintes,
dans la matière numérique ou dans la matière biologique. Les matériaux ne sont
pas les mêmes, un métal ne ressent pas comme un être fait de chaire, mais ils
accumulent les images des réalités qui les entourent ou les confrontent, pour
renforcer la capacité à faire des choses.
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Et, à tout hasard : je n’adhère pas, je ne fais qu’essayer de décrire un cauchemar.