@maQiavel
C’est toujours avec plaisir que je lis tes commentaires, mais là
je ne sais pas ce qui t’arrive. Tu as l’air content
d’avoir trouvé un moyen d’affirmer, sous l’autorité d’un
sociologue et armé du mot « cliché », que les bobos
n’existent pas. Tu t’accroches comme une tique à l’idée que
les bobos n’existent pas sous prétexte qu’on ne peut pas les
classer dans une catégorie sociologique aux contours bien définis.
Et en brandissant l’argument du cliché (je dirais plutôt du
stéréotype) tu crois avoir résolu le problème. L’exemple du
beauf, dont tu te sers pour défendre ta thèse, se retourne contre
toi : tout le monde sait ce qu’est un beauf – ta description
du beauf est très juste et elle n’a pas besoin pour être juste
d’être exhaustive – et tout le monde en connaît dans son
entourage. Si c’était un stéréotype qui ne renvoie à aucune
réalité concrète, comment expliquer qu’il y en ait autant et
qu’on arrive à se mettre d’accord quand on en voit un ? Qu’il
y ait un stéréotype du beauf et un stéréotype du bobo et que la
réalité soit plus complexe qu’un stéréotype, je crois qu’on
est tous d’accord là-dessus. Mais si c’est une notion vide de
sens, comment expliquer qu’elle fonctionne ? Le concept
d’arbre me permet de reconnaître un arbre quand j’en vois un. Je
ne vais pas dire que les arbres n’existent pas sous prétexte que
mon concept d’arbre est trop abstrait ou stéréotypé (avec
couleur du tronc marron par exemple).
Bref toute cette discussion me semble stérile car partisane :
pour les anti - anti-bobos le manque de précision conceptuelle et/ou
sociologique de la notion de bobo serait la preuve que les bobos
n’existent pas, et j’espère avoir réussi à montrer que c’est
un sophisme ; pour les anti-bobos, les bobos existent parce
qu’on arrive à dresser un portrait-robot idéologique assez fidèle
du bobo, portrait-robot qui est aisément vérifiable empiriquement
(nombre de croix cochées dans une liste de critères) sans avoir
besoin d’être d’une précision ou d’une justesse absolues. Le
portrait-robot permet à la police de retrouver un criminel.
Heureusement que les policiers ne se disent pas que le criminel
n’existe pas puisque la description n’est qu’approximative.