@Guepe maçonne
Il faut bien
distinguer ce qui relève de l’islamisation de l’islamisme.
Par exemple,
tu dis qu’en termes de vêtements, les tenues religieuses s’imposent de plus en
plus face aux tenues traditionnelles ou occidentales. C’est tout à fait juste,
c’est ce qu’on a observé dans les pays d’Afrique du nord par exemple depuis quelques
décennies. Mais cela est précisément une illustration de l’islamisation dont je
parle plus haut, ce n’est pas de l’islamisme.
Lorsque tu
dis qu’une certaine interprétation de l’islam s’impose de plus en plus dans le
monde musulman, je crois comprendre que tu veux parler du salafisme et du wahhabisme.
Si ce que tu disais était vrai, on verrait les partis politiques s’en
revendiquant triompher partout. Or, ce n’est pas du tout ce qu’on remarque. L’échec
de l’utopie islamiste s’explique par le fait que les habitants de ces sociétés,
bien qu’ils soient plus attachés à leur foi que les décennies passées, rejettent
les autorités qui prétendent interpréter celle-ci, s’opposent à l’idée
d’instrumentalisation de la sacralité et au fait que certaines personnalités,
certains groupes politiques tels les islamistes ou des institutions expertes en
jurisprudence islamique bénéficient d’un statut sacralisé et réclament à ce
titre obéissance et respect. Il y’a un puissant anticléricalisme qui est incompatible
avec le projet islamiste et qui provoque même un rejet populaire de ce dernier.
C’est aussi en partie pour ça qu’Al-Qaïda et Daech sont violement rejetés ( je
dis bien « en partie »).
Alors
certes, il y’a une offensive culturelle des musulmans les plus rigoristes et
avec l’émergence des réseaux sociaux, leurs discours ont acquis une certaine puissance
normative mais même entre eux ils ne s’entendent pas, c’est une mosaïque qui produit de l’éclatement ( pour
ceux qui connaissent un peu l’univers protestant, on retrouve à peu près la même
dynamique avec les différents courants évangélistes).