ça risque de piquer un peu.
Même beaucoup.
Ce que vous ne voyez pas, meditocrate, c’est le remplacement de la sociabilité par la
technologie.
Quand j’étais gamin, toutes les boites aux lettres étaient
en bois. Même à moitié cassées, il était impensable de voler le courrier.
Aujourd’hui, elles sont en fer et tordues quand même. Les digicodes pour
rentrer chez soi n’existaient pas, les cambriolages ont toujours existé, mais
pas le home jacking, les voleurs attendaient au moins que les résidents soient
absents. Les caméras dans les bus et les rues n’existaient pas. Le mobilier
urbain n’était pas renforcé, comme aujourd’hui, où même les bancs publics
deviennent inconfortables. Brûler des voitures n’existait pas. Les agressions
gratuites étaient quasi inexistantes, elles faisaient toujours suite à une
embrouille. On ne baissait pas les yeux dans la rue pour éviter les regards.
Les femmes s’habillaient comme elles voulaient. Se faire siffler était la
marque osée d’une admiration, pas la désignation d’une proie sexuelle. Les pandores étaient habillés avec une vareuse
et un képi, ou une casquette. Aujourd’hui, les golgoth sont encore plus caparaçonnés
que les militaires. D’ailleurs si vous comparez l’équipement des FDO français
est le plus renforcé du monde : surveillez cela quand vous regardez les
infos.
Où sont les ethnologues pour constater ces évolutions ?
Quelle université est capable de les expliquer ?
Et je pourrais ouvrir le chapitre, qui va avec, de la
connexion numérique qui remplace celle sociale, qui nous piste partout, avec
les datas qui connaissent mieux nos vies que nous même. Elle détermine nos choix et automatise nos
comportements, les violente.
Je sais bien que j’apparais sous les jours d’un vieux
schnoke, en écrivant cela, le « C’était mieux avant ». C’est
possible. Ou vieux réac, maintenant extrême droite. Ok. C’est toujours plus
facile de casser le thermomètre. Mais
nous avons deux possibilités devant nous : la technologie qui pourra
toujours se renforcer pour repousser la montée de la violence, des
fracturations communautaires, du stress, de l’incapacité des individus à se supporter
les uns et les autres. Ou bien, la
technologie s’effondre, pour une raison ou une autre (écono, écolo, c’est
pareil), alors ce sera des lois toutes nouvelles, inédites en France, qui vont
régir la société : le plus fort sera le plus violent et je ne pense pas
que meditocrate y soit prêt.