@Conférençovore
Travailler peu pour un patron ne veut pas dire glander le reste du temps. Cela veut dire travailler pour d’autres choses, plus hautes, plus nobles, peut-être plus difficiles. Il n’existera jamais aucun citoyen digne de ce nom tant que les hommes jugeront normal de dépenser toute leur énergie dans un travail aliénant. Dans la conception (certes assez utopique) d’un Chouard, le temps libre est consacré à des activités encore plus exigeantes que le temps de travail.
Voici la citation exacte de Nietzsche :
"Tous les hommes se divisent, et en tout temps et
de nos jours, en esclaves et libres ; car celui qui
n’a pas les deux tiers de sa journée pour lui-même
est esclave, qu’il soit d’ailleurs ce qu’il veut : politique, marchand, fonctionnaire, érudit."
Et le fragment qui suit :
"En faveur de l’oisif. — Signe de ce que le prix
de la vie contemplative a baissé, les savants luttent
aujourd’hui avec les gens d’action en une espèce
de jouissance hâtive, au point qu’ils semblent, eux
aussi, priser plus haut cette façon de jouir que celle
qui leur convient proprement et qui, en fait, est
bien plus une jouissance. Les savants ont honte de
l’otium. C’est pourtant une noble chose que le loisir et l’oisiveté. — Si l’oisiveté est véritablement
le commencement de tous les vices, elle se trouve
ainsi au moins dans le voisinage le plus proche de
toutes les vertus ; l’homme oisif est toujours un
homme meilleur encore que l’actif. — Vous ne
pensez cependant pas que, par loisir et oisiveté, ce
soit vous que je désigne, ô paresseux ? —"
Cela dit, la vie de loisir et de création, de réflexion et d’engagement, ne pourra peut-être jamais concerner qu’une petite minorité, la grande masse aura peut-être toujours besoin d’être occupée par un boulot, des contraintes, une carrière. Avec cette rage intérieure consistant à vouloir que tout le monde marche au pas et en chie et souffre au travail (car s’il ne souffre pas au travail, s’il ne frôle pas constamment le burn-out, l’homme occidental a honte de lui-même et honte vis-à-vis des autres, qui ne le respectent qu’autant qu’il se donne à fond dans son taf). Enzo, idéaliste ou communiste, prône un mode de vie pour tous. Je le destine plutôt, de manière plus aristocratique, à quelques-uns.