On les appelle les anars de droite
Voici un article que je me permets de republier presque 8 ans après parce que, entre le macronisme et l'extrême gauche d'un côté et le Lepenisme et le zemmourisme de l'autre, il y a de quoi déprimer en France, tant nos contemporains sont d'une affligeante tristesse à force de trop se prendre au sérieux. Voilà sans doute ce qui constitue l'antichambre du totalitarisme : vouloir se prendre trop au sérieux ! Dieudonné estime que le rire constitue sans doute le mécanisme qui sauvera le monde et il a probablement raison là-dessus même si il a fini, lui aussi à force de devenir trop sérieux, par sombrer dans l'abîme.
Je voulais donc à nouveau rendre hommage ici à ces gens qu'on appelle "anarchistes de droite". 2 termes qui semblent pourtant contradictoires. C'est sans doute pour cela qu'on n'a jamais pu les "étiqueter" et le seul point commun qu'on peut éventuellement leur trouver est précisément de ne jamais se prendre au sérieux. Leur paradoxe est leur plus grande force et leur seul intendard car ils représentent mieux que personne, à l'instar de nos héros tels D'artagnan ou Cyrano, ce qu'on appelle "l'esprit français"
Mais pour tenter de les décrire, je laisse ci-dessous la place à ce très beaux texte qui décrit ces "inclassables" bien mieux que je ne saurais le faire moi-même (ci-dessous en gras et en italique)
https://anardedroite.wordpress.com/category/anar-de-droite/
"L’expression sonne comme une insulte. Ou comme un compliment, c’est selon. Ça sent le soufre, la pédanterie bon marché, le mépris revendiqué. L’anarchisme de droite n’est pas une école de pensée. C’est une famille recomposée introuvable voire impossible. L’anarchiste de droite est d’autant plus difficile à reconnaître qu’il ne se définit pas comme tel. Anarchiste ? Il se moque de tout, à commencer par lui-même. Tâte plus du salon feutré que le pavé. De droite ? Rien ne l’agace autant que les snobs et les bourgeois. Le confort n’est pas sa quête. L’anarchiste de droite n’occupe pas une position facile. Les uns lui reprochent d’être plus de droite qu’anarchiste ; les autres d’être plus anarchiste que de droite. Dans le fond, lui-même ne sait pas trop où il se situe.
On appartient à l’anarchisme de droite essentiellement par tempérament. Ses hommes libres ont peu de goût pour le suivisme, ont coutume de théoriser par eux-mêmes, quitte à s’attirer quelques inimitiés...Alliant la verve, le style, ces esprits ne se célèbrent pas dans un anticonformisme de façade ; ils ne cessent d’analyser, de contextualiser et de dialectiser des phénomènes grotesques, qui à force de nous noyer, ont fini par apparaître souhaitables au plus grand nombre. Armés d’un subtil cocktail de cynisme, de perfidie et d’élégance, ils dégomment les démagogies. Chacun, dans son art, a su s’affranchir des carcans et des conservatismes pour transcender sa vérité.
L’anar de droite déteste tout ce qui finit en « isme », à part peut-être l’individualisme.Il n’aime pas les étiquettes, mais est surtout mécontent de celles qu’on lui applique, facho, réac, cynique, nihiliste.. Le fait est que sa liberté de pensée a tendance à l’ostraciser, quitte à être classé, il finit souvent du coté de l’extrême droite, ce qui le ferait hurler, ou marrer ; c’est selon...Il a ses marottes ; Le matérialisme vautré de notre époque, la technocratie, le snobisme, l’attention au collectif, l’affirmation d’une égalité, l’exaltation de notre sempiternelle perfectibilité. Ils aiment à tirer sur tout ce qui bouge, tout ce qui se costume en « avant-garde », esthétique, intellectuelle, politique. Le moderne quoi.
S’il est une notion qui lui est étrangère c’est celle de société, un de ces noms qui vous obligerait à croire au collectif. Compassion et empathie sont moqués. L’humanité figurerait plus volontiers dans son vocabulaire. Même si elle apparaît souvent pauvre, sinistre et sordide. Le capitalisme n’est pas dénoncé en lui-même, mais il est coutume d’afficher telle volonté de bouffer du bourgeois, de casser du ploutocrate. Au fond, ils reprochent à la bourgeoisie de ne pas se comporter en aristocrates."
En voici quelques uns
Léon Bloy, le désespéré magnifique
A tout seigneur, tout honneur, voici probablement l’un de nos plus grands stylistes français, Léon Bloy, qui, par sa détestation de la modernité et, de manière générale, de son aversion pour tout ce qui est médiocre, petit lâche et fade, entre parfaitement dans la catégorie des ’anars de droite’ ou même, pourrait-on ajouter, des ’anarchistes chretiens’. Détestant la bourgeoisie et admirant la grandeur, telle son admiration pour Napoléon, Bloy fut surnommé le "prophète" des pauvres, lui qui et connut et vecut la misère. Ce chrétien en quête d’Absolu méprisait le catholicisme moderne et ses représentants. Méprisant Édouard Drumont l’auteur de la "France juive" et antidreyfusard, Bloy, en partisan de Dreyfus, n’en méprisait pas moins Zola qu’il surnommait ’le crétin des Pyrénées’. Bref, prétendre que Léon Bloy avait beaucoup d’amis serait un tantinet "exagéré". Mais c’est souvent cela, le destin des hommes libres !
A propos de Dreyfus, Bloy disait :
"Je ne suis et ne veux être ni dreyfusard, ni antidreyfusard, ni antisémite. Je suis anticochon, simplement, et, à ce titre, l'ennemi, le vomisseur de tout le monde, à peu près. (...) Avec moi on est sûr de ne prendre parti pour personne, sinon pour moi contre tout le monde et d'écoper immédiatement de tous les côtés à la fois.”
Michel Audiard, ce génie si français
Qui ne connaît pas Michel Audiard, ce réalisateur et dialoguiste inventeur d’une nouvelle langue cinématographique ! Qui ne connaît ses fameuses répliques de film devenues culte ! Mais peut-être est-ce celle-ci qui résume le mieux l’époque : “C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule.”
Jean Yanne, tout le monde il est pas comme lui
Gouailleur, anticlérical, antimilitariste et, de manière générale anti-tout ce qui n’est pas lui, Jean Yanne, cet ancien sociétaire de l’émission "les grosses têtes" de la belle époque, ne respectait pas grand chose. Mais ce qu’il execrait par-dessus tout, c’est cette course à l’émotionnel et au sentimentalisme si bien décrite dans le film ’ tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil’
Pierre Desproges, chroniques de la haine ordinaire
Autre impertinent qui demeure dans le coeur des français, Desproges, que beaucoup aujourd’hui tentent de récupérer en ignorant bien souvent à quel point ce dernier les méprisait. Desproges, comme tous les anars de droite exécrait la médiocrité et l'esprit de foules. Cet extrait, issu de ses "chroniques de la haine ordinaire" sur la démocratie vaut le détour. Pour moi, c'est incontestablement le meilleur humoriste de ces 50 dernières années.
Laurent Gerra, le meilleur d'aujourd'hui
Enfin, voici probablement un de nos derniers humoristes représentant cet "esprit français" qui tend à disparaître : Laurent Gerra, que Desproges n'aurait certainement pas renié. Voici sa dernière chronique "le cirque Zelensky" qui vient de déclencher une petite polémique : en quelques secondes d'humour, Gerra vient d'atomiser toute cette propagande faite autour de Zelensky. A consommer sans modération.
Et pour terminer, je ne résiste pas au plaisir de remettre cette vidéo autour des chroniques de Gerra consacrées aux "chansons de Jean-Marie Le Pen" qui me font toujours autant hurler de rire
Et on pourrait ajouter à cette liste Philippe Muray, Claude Chabrol, Antoine Blondin, Thierry Le Luron et tant d’autres... A découvrir ou à redecouvrir !
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