Le Talmud ( ????????? « étude ») est
l’un des textes les plus importants du judaïsme rabbinique, tout de
suite placé après la Bible hébraïque, dont il est, en quelque sorte, le
complément. Composé de la Mishna et de la Guemara,
il réunit, rassemble et résume, l’ensemble des discussions rabbiniques
sur tous les sujets de la Loi juive, sujets qui sont classés et partagés
en six ordres (shisha sedarim, etc.),
abordant tous les problèmes relatifs aussi bien à la religion,
l’éthique, la morale, la vie conjugale, la médecine, l’économie, et les
relations avec les non juifs [1].
Très
tôt l’Eglise s’est inquiétée de cet ouvrage dont on pouvait constater
l’influence nocive sur le comportement des populations juives, mais il
fallut cependant attendre le XIIIe siècle pour qu’une véritable
politique d’examen approfondi du contenu du texte soit entreprise afin
d’en déterminer la nature exacte, et surtout qu’en soient fermement
condamnées les affirmations principales et les blasphèmes absolument
scandaleux que l’on découvrit dans les pages du Talmud.
I. La première condamnation : Innocent IV Impia Judaeorum perfidia
C’est à Paris, en 1240, que le premier procès du Talmud se déroula, lorsque, après avoir été expulsé de l’école juive dans laquelle il se trouvait, Nicolas Donin (+ 1287), qui s’était converti en 1235 au christianisme et devint franciscain, dénonça les principaux passages antichrétiens du texte, ceci dans une confrontation publique avec le rabbin Yehiel de Paris (+1286) qui était alors le responsable de l’école talmudique (yeshiva), confrontation où furent présents Eudes de Châteauroux chancelier de la Sorbonne,ainsi que du côté juif, Moïse de Coucy, Juda ben David et Samuel ben Salomon.
Faisant suite à sa démonstration, qui épouvanta les examinateurs et
théologiens ecclésiastiques dans laquelle Donin cita des passages
entiers du Talmud, dont il prouva qu’il était devenu pour les juifs une
autre loi (alia lex) quasi supérieure à celle de la Torah, montrant
qu’il contenait d’horribles blasphèmes, encourageait à la haine envers
les chrétiens et autorisait les juifs à se jouer des « goyim »,
de les voler voire les tuer, 24 charrettes remplies de manuscrits
talmudiques furent brûlées en place de Grève le 20 juin 1242.
Les manuscrits talmudiques furent brûlés
en place de Grève à Paris le 20 juin 1242.
C’est
à cette époque, en écho direct avec cette confrontation où de nombreux
passages épouvantables du Talmud furent révélés aux consciences
chrétiennes qui en étaient ignorantes [2], que le pape Innocent IV (1180-1254), l’un des meilleurs canonistes de son époque - reprenant les directives de Grégoire IX qui avait demandé le 9 juin 1239, suite à la promulgation de la bulle Sufficere dibuerat (l5 mars 1233),aux évêques de France de faire confisquer tous les exemplaires du Talmud - écrivit une lettre pontificale qu’il intitula : Impia Judaeorum perfidia (la perfidie impie des Juifs), publiée le 9 mai 1244, lettre adressée au roi Saint Louis (1226-1270) afin que le souverain puisse légiférer pour se protéger des idées talmudiques en France.
Innocent IV exhorta saint Louis
à brûler publiquement le Talmud,
devant le clergé et le peuple.
Dans la lettre Impia Judaeorum perfidia, Innocent IV exhortait saint Louis à brûler et faire brûler publiquement le Talmud, livre abusif, dans son royaume, devant le clergé et le peuple, (praedictum abusionis librum […] coram Clero et populo, incendio concremarint).
Innocent IV indique que Jésus Christ, par sa miséricorde et sa
longanimité tolère la cohabitation entre Juifs et chrétiens, mais ceci
dans l’attente de la conversion des Juifs, même si ces derniers désignés
comme « ingrats » n’admettent aucune repentir de leur faute et ne
« révèrent pas l’honneur de la foi Chrétienne, avoir renoncé à la loi
de Moise et des Prophètes, suivent quelques traditions de leurs aînés » (Ipsi
enim ingrati Domino Jesu Christo […] nec reverentes honorem fidei
Christianae, omissis […] lege Mosaica et Prophetis, quasdam traditiones
suorum seniorum sequuntur).
C’est
pourquoi le pape, s’appuyant sur saint Matthieu (XV, 3), après avoir
rappelé que les Juifs ont volontairement renoncé au mandat divin à cause
de leur tradition qui enseigne des doctrines faussées et les éloigne de
la loi et des prophètes, soulignait que les enfants des Juifs étaient
nourris et enseignés par le Talmud qui contient « des blasphèmes contre le Dieu et son Christ, la Vierge Marie, des abus faux et des bêtises inouïes » ( « sunt blasphemiae in Deum et Christum ejus, ac beatam Virginem manifestae, abusiones erroneae, ac stultitiae inauditae »).
Finalement, le pape demandait expressément qu’il soit interdit aux
Juifs d’avoir des serviteurs chrétiens, et que les nourrices chrétiennes
n’aillent pas dans les maisons juives, de peur de donner l’impression
d’encourager la perfidie judaïque.