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Commentaire de edzez

sur Les affaires Bernheim


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eQzez edzez 8 avril 2013 21:53

@popov


Selon la Bible, les évènements décrits dans le livre de Josué se situent avant l’époque monarchique, plus précisément juste après la conquête de la « terre promise », ce qui correspondrait à la jonction du bronze récent et de l’âge du fer. Selon le récit du onzième chapitre de Josué, de nombreuses populations peuplent la région, dont les Cananéens, les Hittites, les Amorrites, les Périzzites et les AnakimN 37,278. Dans cette liste, seuls les Cananéens étaient présents à la fin de l’âge du bronze en Palestine. Les autres peuples n’ont soit jamais existé, soit n’étaient pas présents dans cette région à cette époque.

C’est le cas tout d’abord des Hittites. Bien qu’ils forment un royaume qui s’étend jusqu’en Syrie autour des xive ???xiiie siècle av. J.-C., les données historiques et archéologiques montrent qu’ils ne descendent jamais jusqu’en Palestine et s’arrêtent bien plus au Nord. Le terme Hatti est un terme générique babylonien pour désigner, au vie siècle av. J.-C., toute la région syro-palestinienne. Les auteurs bibliques en ont sans doute déduit qu’un peuple de Hittites habitait en Palestine avant leur extermination par Josué, et les ont incorporés dans le récit peu après l’exil279. Selon Mario Liverani, le cas des Amorrites est similaire, puisque ce peuple s’établit principalement en Syrie et s’éteint vers le xive siècle av. J.-C., c’est-à-dire bien avant la conquête présumée de Josué. Le termeAmurru désigne chez les Babyloniens du vie siècle av. J.-C. la même chose que le terme Hatti, c’est-à-dire une région syro-palestinienne.

Le terme « Périzzite », quant à lui, signifie « qui habite un village ». Il ne s’agit donc pas d’un peuple. Cependant, puisque l’existence de ce groupe est attestée de haute antiquité, les rédacteurs bibliques ont sans doute supposé qu’il s’agissait d’un peuple qui avait été anéanti avant l’arrivée des premiers Israélites en Canaan. Citons pour finir la mention des Anakim, ou Nephilim, ces géants légendaires dont l’existence est certainement sortie de l’imagination des rédacteurs bibliques devant les imposants dolmens mégalithiques de la préhistoire qu’ils rencontrent en Palestine, tels que le « lit de fer » de Rabbath Ammon, de neuf coudées sur quatre, que certains prennent pour une tombe royale280.

Ces anachronismes et inventions démontrent que les rédacteurs du livre de Josué méconnaissent la Palestine de la fin de l’âge du bronze. L’analyse des données archéologiques apporte des conclusions similaires : la géographique décrite dans ce livre ne correspond pas à celle de l’âge du bronze récent. En revanche, elle ressemble plus à celle du viie siècle av. J.-C. ou du vie siècle av. J.-C.. Cela concorde avec une réécriture tardive destinée à justifier les ambitions politiques de Josias ou une reconquête du pays après l’exil à Babylone281,282.

Exemple de remaniements tardifs[modifier]

Le dixième chapitre de Josué présente plusieurs remaniements tardifs du texte biblique. Par exemple, il existe deux formes distinctes du verset 9 : le texte hébreu traditionnel dit que Josué « monta » depuis Guilgal, tandis qu’un manuscrit retrouvé à Qumran dit que Josué « marcha ». Les deux verbes étant très différents en hébreu, cela ne peut être dû qu’à une modification intentionnelle du scribe, sans doute dans le but d’harmoniser le texte avec son contexte immédiat.

Un autre indice de remaniement est le fait que les versets 15 et 43, qui sont identiques dans la version massorétique, sont absents de l’ancienne version grecque. Au lieu de supposer que le traducteur grec les a supprimés, il semble bien plus logique de faire l’hypothèse inverse, c’est-à-dire que l’auteur du texte massorétique les aurait ajoutés tardivement. Cela explique en effet l’incohérence narrative du récit, qui replace Josué de retour dans la région montagneuse qu’il vient de quitter quelques versets plus tôt.

Quelques versets plus loin, on retrouve encore un autre remaniement tardif du texte. En effet, on lit que le roi d’Hébron est tué avec d’autres rois (versets 23 à 26), puis tué une deuxième fois lors de la prise de sa ville (verset 37). Cela s’explique très bien si l’on considère que deux épisodes ont été assemblés tardivement pour former un texte unique283.


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