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Commentaire de Yacine

sur Exégèse scientifique du Coran


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Yacine Yacine 29 mai 2013 11:41

"la particularité de la langue arabe étant d’être "née" avec le Coran, ou plutôt avec la littérature qui en a suivi, car il n’existe en effet pas de littérature arabe auparavant"
A ma connaissance, il existait les Muâllaqat, les plus fins poèmes arabes pré-islamiques, qui étaient suspendus aux murs de la Kaaba (la mecque, lieu de pélerinage païen à l’époque) avant l’avènement de l’Islam. En voici un exemple :

IMROU’L-QAYS
( ? – environ 540)

chassé par son père Houdjr, roi de Kinda, qui désapprouvait sa passion pour une fille des Banou Oudhra, la tribu où l’amour courtois était à l’honneur, le prince poète erre de campement en campement à travers l’Asie mineure. Il connut des nombreux succés d’amour, même à Constantinople où Justinien le reçut avec libéralité. Lorsque son père mourût en combattant la révolte des Banou Assad, dans l’Arabie centrale, Imru’al-Qays se mis en mesure de le venger. Il n’en continua pas moins à composer des poèmes jusqu’à ce qu’il mourût empoisonné.



Sur le sable, l’empreinte de nos corps.


Arrêtons-nous et pleurons au souvenir de l’aimée.
Maison près du blanc de sable entre Dakhoul et Harmal,

Toudiha et Migrat, les vents du Nord et du Midi
Leur étoffe ont tissé mais n’ont point effacé sa trace.

Mes compagnons près de moi ont arrêté leurs montures,
Disant : « Maitrise-toi et fuis cette affliction mortelle. »

Ma guérison, amis, c’est c’est de laisser couleur mes larmes ;
Mais doit-on s’affliger auprès d’une trace effacée ?

N’as-tu pas courtisé Oumm-oul-Houwayreth avant elle,
Et puis encore la belle Oumm-oul-Rabab à Ma’ sal ?

Quand elles se levaient, des effluves de musc partout
Se répandaient, parfum d’œillet porté par le zéphyr.

En les quittant, d’abondantes larmes avaient coulé
Jusqu’à ma gorge et mon ceinturon en était mouillé.

Oui, plus d’un jour parfait d’elles tu as pu obtenir,
Et surtout, parmi ces jours, celui de Darah Djouldjoul.

Et cet autre où j’ai tué mon cheval pour les pucelles,
Quelle surprise de les voir toute décamper sous leur charge.

L’une à l’autre, les morceaux elles s’étaient arrachées,
La viande, puis la graisse aux bords frangés comme la soie.


Je suis entré un jour dans le palanquin d’Onayza…
« Malheur ! Tu vas me forcer d’aller à pied, me dit-elle » ;

Et entre temps le palanquin ployait avec nous deux …
Et puis : « Descends, Imru’al-Qays, tu fatigue ma bête. »

Et moi de lui répondre : « va, laisse filer sa longe ;
Ne m’éloigne pas, de grâce, de ton fruit qui distrait…

J’ai visité des femmes comme toi, et même enceintes,
Qui ont laissé leur nourrisson, entouré d’amulettes…

S’il pleurait, de moitié se tournaient vers lui, et mon soc
Les pourfendait tranquillement, sans être détourné. »

L’une un jour se refusa sur la colline du sable,
S’obligea de rompre, par un serment indissoluble.

Doucement ! ô Fatima, après ta coquetterie,
Modère-toi, même si la rupture est décidée.

Cela t’a-t-il séduite de voir ton amour me tuer,
De constater que mon cœur t’obéit sans murmurer ?

Si quelque créature t’a poussée à me haïr,
Sépare nos habits : tu verras qu’unique en est la trame.

Tes beaux yeux n’ont pleuré qu’afin de mieux lancer les traits
Qui ont blessé à mort un cœur déchiré de douleur.

Au cœur même d’une alcôve imperméable au désir,
Avec ma belle à loisir j’ai savouré mon bonheur.

J’avais passé à travers une troupe de gardiens
Qui me guettaient, me préparant une mort infamante ;

Lorsque dans le ciel la Pléiade s’était déployée,
Comme un assortiment de perles sur une ceinture,

Je suis entré, alors qu’elle avait pour dormir ôté
Près du rideau ses habits, sauf la tunique légère.

« Non ! Par Dieu ! Ta ruse n’a pas de cours ici, dit-elle,
Je vois que tes séductions sont loin de disparaître. »

Je l’emmène aussitôt, lui ouvrant aussitôt le chemin, mais elle,
Traînant un manteau d’homme à terre, effaçait nos deux traces.

Lorsque nous eûmes traversé la place du village
Et atteint le fond d’un vallon encerclé par les dunes,

De mes mains sur ses temps je l’incline, elle se ploie
Sur moi, taille mince et jambe prospère, ornée d’anneaux.

Svelte et blanche, elle n’offrait aucune ample solitude ;
Sa poitrine était lisse et polie ainsi qu’un miroir.

Reflets de refus ou désirs sur un visage lisse,
Œil complaisant d’un fauve de Wadjrah sur son petit

Un cou aussi beau que celui de la gazelle blanche,
Délicat, lorsqu’il se dresse, et sans aucun ornement ;

La chevelure abondante et très noire, ornant le dos,
Riche ainsi qu’un rameau de palmier chargé de fruits ;

Et ses boucles rebelles de relèvent indomptées,
Noyant les rubans dans un flot d’ondes enchevêtrées ;

Des flancs délicats, souples comme une corde tressée ;
La jambe, un cep soutenu dans une terre irriguée,

Et des miettes de musc dessus sa couche éparpillées,
Vrilles des vignes de Zabyi ou cure-dents d’Ishil ;

A l’entrée de la nuit, elle dissipe les ténèbres,
Tel un feu, la nuit d’un moine voué au célibat.

L’homme doux s’éprend avec ardeur de femmes comme elle,
Ayant ainsi grand entre cuirasse et bouclier.

Pucelle dont l’or jaune fait ressortir la blancheur,
Qu’a fait fructifier une eau abondante et salutaire…

Les insensés parmi les hommes se sont consolés
De leur amour, mais le mien, mon cœur ne peut l’oublier


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