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Commentaire de bOvinus

sur Journal hebdomadaire de ProRussia.tv – 20 janvier 2014


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bOvinus bOvinus 21 janvier 2014 14:51

@ LadyFell

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Oui, je connais cette version-là aussi. C’est aussi partiellement vrai : le mensonge était omniprésent, il y avait beaucoup de gens qui étaient prêts à troquer leur pays et leur dignité contre une paire de jeans, un magnétoscope et un paquet de Marlboro. Ma mère fait partie de cette catégorie, du coup, je suis plutôt bien renseigné. Que voulez-vous, il y a des imbéciles partout.

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Néanmoins, ce serait une erreur grossière de considérer que la totalité, ou même simplement la majorité des citoyens soviétiques partageaient cette vision. Il se trouve qu’un référendum a eu lieu en 1991, dont la question était de savoir si l’URSS devait être dissoute ou non. La réponse fut non à plus de 70%. Par ailleurs, vous n’ignorez pas que Eltsine fut destitué de ses fonctions en 1993 par le parlement à une écrasante majorité (634 députés pour, 2 contre, si je me souviens bien). Pour se maintenir au pouvoir, il n’eut pas d’autre alternative que de commettre un coup d’État. Eltsine, c’est un Pinochet russe, accompagné des mêmes "chicago boys" pratiquant la même "thérapie de choc" qu’au Chili en 1973. Et vous venez me vanter les bienfaits de la "démocratie de marché" ! Allons...

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Votre film est un film américain, donc, une œuvre de propagande par défaut : en gros ça dit "l’URSS cé caca, fo ce baré". Alors, non, tout n’était pas rose bonbon au pays des soviets. La réalité est toujours subtile et compliquée, et jamais monolithique rose bonbon. Oui, le marché noir existait. Oui, on manquait de certains produits de consommation courante. Oui, la nomenklatura dans sa majorité se foutait éperdument du peuple et ne songeait qu’à démanteler l’État au plus vite, histoire de pouvoir faire comme leurs collègues de l’autre côté du rideau de fer. En revanche, tout le monde était correctement logé, nourri, éduqué et soigné, il n’y avait pas de chômage, on ne se tuait pas au boulot, et la criminalité était anecdotique ; globalement, on ne manquait de rien. Citez moi un seul pays qui corresponde actuellement à cette description. À part éventuellement la Suisse, je vois pas.

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Non, je ne vis plus en Russie, depuis plus de 20 ans, quoique j’y retourne assez souvent pour raisons familiales et autres. Ça a bien changé, et en mal. J’espère pouvoir retourner m’y installer, mais pour l’instant, je n’ai pas une thune, et même pas de quoi me loger là-bas. Forcément : je suis né en URSS, et l’URSS n’existe plus ; de plus, pour la Fédération de Russie, je suis un dissident potentiel. Techniquement, je suis une sorte d’apatride. Le seul coin où je pourrais éventuellement aller c’est la Transnistrie, mais je doute que ma femme serait d’accord.

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Ne pensez pas pour autant que "seuls les bébés regrettent l’URSS". L’immense majorité des ex-citoyens soviétiques regrettent l’URSS, d’après certains sondages (non officiels, bien entendu). Il y a eu également un sondage officiel organisé en Russie en 2008, la question était de déterminer le personnage politique le plus populaire. Cette histoire se termina par un retentissant scandale : le gagnant était Alexandre Nevski. Mais après un retournement spectaculaire, puisque le nom largement devant depuis des mois était Joseph Staline... forcément, ça faisait désordre. Des sources "officielles" ont dit que c’était parce que des hackers avaient saboté le truc (véridique !) ... Bref, tout cela est un grossier foutage de gueule (un de plus).

Vous pouvez lire l’histoire là :

- http://ru.wikipedia.org/wiki/%C8%EC%FF_%D0%EE%F1%F1%E8%FF

- http://www.kasparov.ru/material.php?id=48DB8EB74D4B7

- http://delostalina.ru/?p=403


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