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Commentaire de toug

sur Conférence : Alain Soral et Mathias Cardet à Nantes « Comprendre l'antiracisme »


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toug toug 24 mars 2014 21:50

Le point de vue de l’ethnodifférentialisme Soral sur l’anti racisme est dans la droite lignée du taff fait par la nouvelle droite de Debenoist. Il a largement gagné à mon avis Soral. C’est pas de la dissidence son point de vue. Il devrait même pas prendre la peine de faire des confs ( quoi que il fait payer l’entrée non ? un peu de beurre dans les épinards... ) Papier intéressant sur le sujet : "A la fin des années ’70, une victoire majeure a été obtenue sur le champ des idées. Elle n’a pas été saluée à sa juste valeur. Comme le monde est oublieux. Elle concerne le racisme et son invention. Et c’est à la Nouvelle Droite (et tout particulièrement au GRECE) qu’on la doit. 

Une Nouvelle Droite allée à l’Ecole de Lévi-Strauss. Une victoire lourde de sens et de conséquence. Mais en quoi consistait-elle ? En une « transmutation » et en un art consommé du détournement et de l’inversion. Alain de Benoist et ses amis avaient réalisé un coup de maître en remplaçant habilement le racisme biologique et inégalitaire (grevé par l’aventure génocidaire nazie) par un racisme culturel et se voulant non-hiérarchique (appelé aussi racisme différentialiste ou racisme sans race). 
Pour saisir la manœuvre, il faut savoir que, depuis Lévi-Strauss, on distingue deux formes de racisme : l’un se fonde sur un « déni d’identité » et l’autre sur un « déni d’humanité ». Le premier se présente comme un universalisme, tandis que le second se manifeste comme un communautarisme absolu. A ces deux racismes leur répond deux anti-racismes, le premier prenait la forme d’une « altérophilie » (le droit à la différence) et le second d’ une « altérophobie » (l’humanité est une et indivisible). (1)

L’intelligence de la Nouvelle Droite fut de s’accaparer et de retourner deux notions clé : le « droit à la différence » et le « relativisme culturel » qui étaient des réponses à la première forme de racisme, celui par « déni d’identité », pour permettre l’expression du second. Ces deux notions, malgré leur ambiguïté, étaient à l’origine des conquêtes remportées de haute lutte sur le discours de la « mission civilisatrice » du temps béni des colonies. Et cette trouvaille avait de l’avenir. Puisqu’elle devint la doxa d’aujourd’hui.

Le génie de la démarche, à l’évidente ironie, résidait dans le fait qu’elle singeait au plus près l’antiracisme (traditionnel) qui se voulait une réponse au racisme biologique. Et par un jeu de renversement et de symétrie, elle y installait la confusion et l’inversion. 
L’ironie pouvait se poursuivre, puisque la réplique qu’on trouva à ce nouveau racisme différentialiste n’était autre que l’universalisme, dans sa version nationale républicaine. C’est-à-dire l’autre forme de racisme, celui qui se définissait par le déni d’identité.
Trois ouvrages ont ponctué et popularisé les « moments » clé de ce passage paradoxal. « La force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles. » de Pierre-André Taguieff (le péri-situationniste passé à l’ennemi et aficionado des notes de bas de page), « La défaite de la pensée » d’Alain Finkielkraut (le philosophe contrarié et mentor de Breivik) et enfin « La France de l’intégration. Sociologie de la nation en 1990. » de Dominique Schnapper (la fille à papa qui continue la boutique). 
Trois Moments qu’on peut résumer par trois formules lapidaires : 1. la crise de l’antiracisme (Taguieff) , 2. l’antiracisme est un racisme (Finkielkraut) et 3. le salut par la République universelle (Schnapper etc.). 
Mais l’ironie ne s’arrêtait pas en si bon chemin. Cette spécificité française qui allie « nation » et « universel » est une étrange synthèse hégélienne (Aufhebung), car pour tout dire le Républicanisme ressemble à une variété hexagonale du différentialisme qui s’ignorerait et aurait des prétentions à l’universalisme, ce que Bourdieu définissait comme un « chauvinisme de l’universel ». En d’autres mots le « déni d’identité » n’est jamais très loin du « déni d’humanité ». 
Sinon comment comprendre cette déclaration de Taguieff : «  fermer les yeux sur la guerre culturelle déclarée qui a lieu en Europe de l’ouest tout particulièrement, c’est faire preuve d’angélisme » et celle de Finkielkraut : « En France, on aimerait bien réduire ces émeutes à leur dimension sociale, les voir comme une révolte des jeunes des banlieues contre leur situation, contre la discrimination dont ils souffrent, contre le chômage. Le problème est que la plupart de ces jeunes sont des Noirs ou des Arabes avec une identité musulmane. C’est pourquoi il est clair que cette révolte a un caractère ethnique et religieux. » 
Et comment comprendre que ces deux champions de la République universelle aient signé, en mars 2005, un Appel contre « le racisme anti-blanc » (2). A bien y regarder, la trouvaille des tenants de la Nouvelle Droite ont dépassé leur espérance, car elle joua comme une ruse de la raison conceptuelle, elle permit, par un jeu de désarticulation et de réarticulation, de liquider l’antiracisme classique, en le disqualifiant définitivement, et de maintenir, voire de revivifier le racisme sous un autre codage, tout en inversant le rôle de la victime et celui de l’agresseur. Que ce soit dans sa forme biologique (« le retour de la race ») que dans sa forme culturelle, celle du « racisme sans race » (islamophobie). 
Un deux en un : déni d’humanité et déni d’identité. Ce fut indéniablement un coup de maître. 
Rendons nous à l’évidence, depuis plus de trente ans, dans la bataille des idées, de l’immigration à l’insécurité en passant par l’identité nationale, c’est l’extrême droite qui a l’initiative, ce sont ses penseurs qui mènent la danse, tandis que ses idées volent de victoire en victoire... Jusqu’à quand ?"

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