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Commentaire de ffi

sur Socrate contre la démocratie directe


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ffi 5 mars 2015 02:55

@VINASAT-2
le hic, c’est que ton "prolétaire", c’est une catégorie intellectuelle, qui sert dans quelque théorie politique, mais qui n’a pas de réalité concrète. C’est tout au plus un genre de moyenne statistique.

Or, dans la réalité, qui agit ? N’est-ce pas des personnes réelles ?

Ou bien est-ce des moyennes statistiques ?

Comme l’action vient des personnes réelles, ne te faudra-t-il pas alors, pour réaliser ton projet, incarner ces moyennes statistiques en des personnes charnelles, sortes de représentants ? On les a déjà, ce sont les syndicalistes et autres élus : cela fait longtemps qu’ils mangent à la table des puissants. Quant aux apparatchiks soviétiques, de ce qu’on à vu, la représentation fidèle des prolétaires, ce n’était pas leur fort.

La démocratie, c’est un système complexe : il faut bien l’organiser. Or ce sont toutes ces petites mains qui sont en charge de l’organiser qui défaillent et se corrompent. Ils se font des salaires confortables et ça leur suffit. La politique n’a pas besoin de tant d’intermédiaires. Surtout que les intermédiaires prennent toujours leur marge...

 

Mais ne te trompe pas : je ne suis pas libéral, je suis pour les monopoles. Pas pour des monopoles à l’échelle de la nation, mais pour une multitude de monopoles locaux. L’État-administration centralisé devrait se retirer des localités, et se consacrer à ce qui est le Bien commun, il devrait restreindre son périmètre d’intervention. Il n’y a que dans la localité, la proximité, là où les gens se côtoient, donc se connaissent, que la démocratie directe a un sens.

 

Sais-tu qu’avant le 18e siècle, les campagnes étaient organisées en communautés villageoises et qu’aucun champ n’était enclot ? Comment donc faisait les gens pour organiser les pâturages et les cultures, les semailles et les moissons ? Ils s’organisaient ensemble, en discutant. L’autorité supérieure n’était là qu’en cas de désaccord pour les arbitrer.

Les gens doivent pouvoir s’organiser localement, librement, directement entre eux, sans passer par l’administration. Celle-ci ne doit être là que pour faciliter les projets, arbitrer certains désaccords, maintenir l’ordre. 

 

On a tout ce qu’il faut par nature pour se passer de l’intermédiation totalitaire de notre État-administration, comme disait Toqueville, dans de la démocratie en Amérique : 

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Au-dessus de ceux-la s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu a peu chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

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Et en plus, la vie serait plus exaltante !


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