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Commentaire de Gaston Lagaffe

sur Moix face à Houellebecq : je te tiens, tu me tiens par la barbichette !


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Baston Labaffe Gaston Lagaffe 31 août 2015 11:25

Parisiânerie (partie 2) lettre de Blanrue à son ex ami Mhoax’ Mhoax... Ridicule sur la forme mais instructive sur le fond, Ruquier le sait il, le passé de son nouveau Moix ? Sans doute, mais ça ne doit pas le gêner aux entournures du pourtour de l’anus plus que ça.

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Nos discussions tournaient principalement autour des filles (draguées, manquées, aimées, épuisées !), de Sacha Guitry (que je te fis connaître malgré tes réticences avant l’un de tes départs pour le Brésil), de Marcel Baudouin, Céline, Carl Barks, Georges Cziffra (à la science pianistique duquel je t’initiai), Cosmo Kramer et George Costanza, Martin Heidegger, Larry David, Ricky Gervais, Hitler, Maximin Giraud dit Mémin, Kennedy, Christian Godard, Gérard Majax et Sylvain Gary, Benny Lévy, Fernandel, Lucien Rebatet, Alphonse Daudet et Paul Arène, Chesterton et Hilaire Belloc, et puis de nos villes d’élection São Paulo et Venise, de l’intégralité des émissions d’ “Apostophes” et des “Archives du XXe siècle” disponibles sur l’INA, et encore de tout le petit monde étriqué de l’édition que tu exécrais tout comme moi.
Il faut être sincère : j’ai rarement vu quelqu’un ayant la tête aussi peu politique que toi. De toute évidence, tu n’étais pas un vitupérant gauchiste, puisque Le Pen ne te déplaisait pas, mais tu étais dénué d’idéologie et de parti pris dogmatique. À tel point que certains des sujets délicats que j’abordais en exerçant ma liberté sans complexe faisaient briller tes yeux comme des De Beers. En t’observant, on pouvait parier que ce n’est pas dans les locaux de La Règle du jeu que tu en entendais de pareilles ! Je mentirais si je disais que le souvenir du fameux briquet de la République sociale italienne était absent de nos conversations. Je crois bien qu’il finit par atterrir dans ta poche. Qu’en penses-tu ? Comptes-tu me le rendre un jour ?
Je m’amusais souvent à t’expérimenter, te conduisant sur un terrain glissant, t’encourageant par mes remarques enthousiastes à suivre le cours de tes réflexions devenues sulfureuses malgré toi ou te lançant des perches afin de t’inciter à sauter plus haut que tu ne l’eusses fait sans ma pernicieuse présence - un saut périlleux que tu parvenais souvent à réaliser à ma grande joie (et à la tienne) !
En quelque sorte, j’étais devenu ta bonne conscience : tout ce qui t’était interdit de dire en public du fait de ton statut d’israélophile encarté et de tes relations bobos castratrices, tu me le lâchais en privé ou me le faisais assumer en riant à gorge déployée à mes tirades transgressives. Docteur Yann et Mister Moix ! Je t’offrais la possibilité de vivre quelques heures par jour la vie que tu aurais voulue mener si la Shoah n’était pas devenue une religion et d’exprimer en cachette les propos que tu aurais aimé tenir si tu n’avais pas choisi la voie du succès contre le monde du silence.
Par surcroît, j’étais un témoin insigne de ton être intérieur, te permettant de t’endormir chaque mauvaise nuit en pensant qu’il existait au moins un type sur terre comprenant qui tu étais vraiment, sachant ce que tu pensais au fond de toi quand tu cessais d’être un schizophrène de profession et que tu ne t’abîmais pas dans des capucinades échevelées inventées pour satisfaire tes mentors et tes mécènes ou impressionner un fade public, les branchés sans électricité et autres demi-soldes de la culture. Beaucoup de nos relations communes te prenaient pour un mou salaud, un opportuniste ayant vendu son âme au diable pour réussir dans le métier, mais ce bon vieux Blanrue savait que ton âme n’était pas si noire qu’elle paraissait et n’ignorait pas, en vrai zététicien, que certaines apparences sont trompeuses ! Je contribuais ainsi à te sauver à tes propres yeux, et, un jour, peut-être l’espérais-tu, devant l’histoire (c’est ce que je suis en train de faire en ce moment-même).
Ai-je dit que je t’avais également chuchoté dès l’origine que j’étais un ami personnel de Robert Faurisson ? Non ? Alors c’est le moment de rappeler cette histoire à ton bon souvenir, ne crois-tu pas ? Rencontrant régulièrement le professeur à Vichy ou lors de ses venues dans la capitale, correspondant avec lui au quotidien par e-mail, je n’ai jamais été, tu l’admettras, du genre à me cacher devant toi de la proximité que j’entretenais avec cette sulfureuse personnalité qui avait, d’ailleurs, peu de secrets pour toi (nous en reparlerons un jour, dans mes mémoires, si Dieu me prête vie). Je ne suis pas cachotier et m’épanche sans souci sur cette affaire du moment qu’on me le demande gentiment. Or non seulement tu me le demandais, mais tu en redemandais, mon Yannou, et combien goulûment  ! Qui en était ? Qui n’en était pas ? Ça te passionnait ! C’était amusant, n’est-ce pas, de deviser de la Chose interdite entre toutes, confortablement assis à l’ombre des platanes des Hortensias en fumant un D4, entre une blague sur les “chtrols” et un panégyrique de Mylène ou d’Elsa ? Yann Moix, bras droit de BHL, s’exposant chaque jour en terrasse avec un proche de celui que ses employeurs sionistes et toute la France officielle tenaient pour le parfait salaud, l’homme à abattre, l’assassin toutes catégories confondues de la Mémoire, l’immonde raclure dont le nom ne devait jamais être prononcé sous peine de mort sociale, ça avait de la gueule ! On les emmerdait bien, pas vrai ?
Je dois admettre que jamais il ne te prit l’idée de me recommander la discrétion à ce propos. Peut-être pensais-tu que j’étais aussi apeuré que toi à l’évocation publique du révisionnisme et considérais-tu que tu étais le seul de mes amis à obtenir de moi des confidences d’une si étrange nature. Je me rendais bien compte que tu changeais brutalement de sujet lorsque l’une de tes relations professionnelles, oeil torve, bouche lippue et bas-du-cul, déboulait à notre table ; j’avais déjà noté chez toi une propension certaine à la lâcheté. Ce nonobstant, je me souviens qu’un jour, tu m’assuras que si par malheur l’on me lynchait en raison de ce voisinage scandaleux, je pouvais compter sur toi, craché, juré. Tu répétas à plusieurs reprises, pour te convaincre toi-même sans doute, que tu demeurerais fidèle à notre amitié même si le ciel d’Israël venait à se fracasser sur ma pauvre tête de goy vénitien privé de ghetto.
Je ne te crus pas ; la préface que tu consentis à écrire pour Le Monde contre soi – Anthologie des propos contre les juifs, le judaïsme et le sionisme paru aux éditions Blanche en 2007 me fit penser, un moment, que je t’avais soupçonné à tort d’être le porteur d’une paire de couilles en verre de Murano. Hélas, l’avenir donna raison à mon instinct.
Il y eut pour commencer l’affaire de la pétition contre la loi Gayssot en 2010. Nous avions longuement parlé de cette dégueulasserie liberticide et tu partageais mon sentiment, mon exaspération. Le Parlement n’a pas à écrire l’histoire, punto finale ! Dans aucun pays totalitaire, jamais, une telle loi n’avait été osée ; les dictateurs les plus sanguinaires eux-mêmes, de droite comme de gauche, n’y avaient point songé. Mais depuis le 13 juillet 1990, dans le pays de Voltaire et de Céline, à cause d’un député stalinien et d’un Fabius aux mains sanglantes, tout opposant à cette foutue législation était tenu pour un partisan du génocide ! L’histoire n’était plus libre mais cadenassée, la pensée était verrouillée sans que personne ne réagisse. Pour fissurer le mur du silence et de la peur, je m’étais juré de monter un jour au créneau, au risque de me prendre une flèche dans les côtes et de briser dans l’oeuf ma carrière historique, littéraire et cinématographique. Connaissant le fond de l’affaire, tu m’avais approuvé sans réserve.
L’emprisonnement de Vincent Reynouard au mois de juillet 2010 me décida de franchir le pas. Le 10 août, je lançai la pétition sur Internet, une première dans l’histoire. Pour ne pas mettre les signataires dans l’embarras et rester neutre, j’avais tenu à spécifier qu’il ne s’agissait pas “de soutenir les idées de Vincent Reynouard mais de défendre son droit à les exprimer”. Je me consacrai seul à cette mission durant des mois. Je fis le tour de mes relations : Jean Bricmont fut le premier à m’apporter son amical soutien. Noam Chomsky nous appuya ; le cofondateur d’Apple Steve Wozniak, des libertaires, des gauchistes, des journalistes comme ton vieux pote Dominique Jamet, et bien sûr des révisionnistes, tous m’adressèrent leur paraphe sans barguigner. Jour après jour, je te tins informé de l’évolution de l’affaire.  Ah, ça t’aguichait !
Devant cette vague montante de protestations, je te sentais de plus en plus détendu et enhardi. Il était patent que BHL et sa cour de laquais te sortaient par les narines et qu’à quarante piges tu ressentais la marque du collier comme une injure faite à ta qualité d’être humain. C’était pour toi l’occasion rêvée de leur faire la nique et de t’évader de la prison dorée dans laquelle tu croupissais, avec vue imprenable sur la mer Morte.

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