@gorguetto
Votre
prospective est juste jusqu’à un certain point, en effet les technologies
permettront la production d’humain dans des centres spécialisés ( comme dans le
meilleur des mondes) sous le patronage du marché et de l’Etat, ce qui aboutira
concrètement à la fin de la notion même de filiation, ce qui n’est arrivé à
aucune époque et dans aucun contexte culturel depuis que notre espèce a fait
son apparition, ce serait un saut anthropologique sans précédent. Seulement je ne crois pas que ça ira jusqu’à l’interdiction
de faire des enfants naturellement. Ce n’est pas impossible mais à mon sens cette
mesure coercitive serait difficilement applicable, même dans un contexte de
surveillance de masse généralisée, il y’aurait trop de révoltes et de contestations, et ça pourrait devenir à terme trop couteux pour le système. A mon avis, le pouvoir
va user d’une contrainte beaucoup plus subtile et acceptable qu’une
interdiction directe et brutale :
-Il commencera
par arguer que nous sommes tous égaux devant la loi.
-Cette
égalité concerne aussi les enfants, bien évidement. Il ne peut donc pas exister
de régimes juridiques différents pour les enfants nés naturellement et ceux nés
artificiellement, cette inégalité sera présentée comme inacceptable.
- La
législation évoluera donc dans le sens de l’égalité. Concrètement, ça veut dire
la fin de l’autorité parentale pour les enfants nés naturellement ( puisque par
définition, ceux qui sont nés artificiellement n’ont pas de parents ). Pour
pouvoir élever leurs enfants et conserver un semblant d’autorité parentale, les
parents devront remplir une série de critères qui les mettront sur un pied d’égalité
avec les centres de production.
-Seulement
dans un contexte de pauvreté généralisé, seuls les riches pourront remplir
ces critères. Le coût sera tel pour la masse que les parents, décontenancés, réclameront
d’eux-mêmes l’aide de l’Etat, qui leur recommandera de remettre leurs enfants
dans les centres ( au début avec des aménagements du genre " l’enfant peut
revenir au domicile parental le weekend ou pendant les vacances"). Les parents délaisseront ainsi leur
progéniture d’eux-mêmes et le principe d’égalité, bien évidemment présenté
comme légitime, sera respecté dans le consentement général.
-Pendant ce
temps, les parents des classes inférieures qui persisteront à élever leurs enfants malgré les coût évolueront
dans un contexte social hostile du fait d’une propagande intensive les
désignant comme des réactionnaires irresponsables et sectaires mettant en péril
le bienêtre de leurs enfants. Ces derniers en grandissant pourront exiger de se
séparer de leurs parents pour être inséré dans les centres, car séduit par les
programmes médiatiques montrant à quel point ces centres sont formidables. Leurs
parents n’auront d’autres choix que d’acquiescer et jureront, au regard de l’ingratitude
de leur progéniture, de ne plus jamais engendrer.
Le chemin
est plus long mais au final, on arrive au même résultat sans révoltes et sans
troubles sociaux. Quand on
voit la façon dont ces gens réalisent leurs projets , ils prennent généralement
leur temps ( cfr l’UE), il ne faut pas aller trop vite sinon la grenouille se
rendra compte que l’eau de la casserole dans laquelle elle va bouillir est entrain
de chauffer. Par
ailleurs, ici je suppose une intentionnalité mais tout ce processus peut progresser de façon spontanée, sans même qu’il existe une concertation en vue de réaliser ce projet.