Le christ révolutionnaire
« Jamais homme n’a parlé comme cela ! » est il écrit dans l’évangile de Jean. Les paroles de Jésus s’enracinent dans une pensée radicalement nouvelle et révolutionnaire, elles sont en effet provocantes et remettent en question des principes éprouvés et vont à l’encontre des dogmes et des clergés de l’obéissance et de la servitude.
Dans une scène de la mini-série télévisée de Franco Zeffirelli réalisée en 1977, Jésus joué par Robert Powell, chasse les marchands du temple et s’oppose aux pharisiens. Ce moment de radicalité contre le Temple de la marchandise fait mémoire.
La présence des marchands n’était pas facultative ils étaient indispensables pour que puisse exister le culte : il fallait bien qu’ils fournissent les bêtes qu’on offrait en sacrifice, il fallait bien aussi des changeurs d’argent. En faisant ce geste, Jésus attaquait le culte lui-même.
" Détruisez ce temple, dit Jésus, et en trois jours, je le relèverai ". Le temple dont il parlait, c’était son corps, c’est-à-dire sa personne. C’est comme s’il disait : " Vous pouvez détruire le temple, puisque, je suis là ! "
A la samaritaine, il dira " L’heure vient, et c’est maintenant où vous adorerez ni au temple de Jérusalem ni au mont Garizim. Les vrais adorateurs adoreront en esprit et en vérité ! "
Le corps du Christ, le temple de Dieu, c’est nous : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu » (1 corinthien 3 : 16).
En chassant les vendeurs du temple, Jésus prend une position radicale quant aux trésors de ce monde que les mites et les vers peuvent consumer, que les voleurs peuvent cambrioler. C’est dans le ciel qu’ils doivent être amassés car notre cœur sera là où sera notre trésor (Mt 6, 19-21). Dans la même logique, nul ne peut servir deux maîtres. L’on aimerait l’un et l’on haïrait l’autre : on ne peut servir et Dieu et l’argent (Mt 6, 24). Quels sont donc ces trésors célestes ? Tout ce que j’offre, tout ce que je donne à mon prochain sans rien attendre en retour me rend plus riche. Les choses les plus importantes de la vie n’ont aucune valeur matérielle mais elles ont une immense valeur spirituelle.
« Oui, il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu ! ». (Luc 18, 25)
Les évangiles comparent d’ ailleurs le royaume à un trésor caché. Le « Royaume de Dieu » est un élément fondamental du message du Christ. Luc nous fournit une indication très claire : « La venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer, et l’on ne dira pas : ‘Voici : il est ici ! Ou bien : il est là ! Car voici que le Royaume de Dieu est au milieu de vous » (Lc 17, 20-21).
Le royaume de Dieu n’est pas une organisation secrète, ni une association structurée ni une entreprise hiérarchisée. Dans le royaume de Dieu, ce qui importe ce sont les valeurs de l’être, l’amour du prochain, le comportement envers autrui.
« Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33). Le Christ place le royaume de Dieu au-dessus de tout. Il lui donne la toute première priorité. « A moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu » (Jn 3, 5).
La puissance éclatante des paroles du Christ est là pour provoquer une métanoïa, une « conversion de l’esprit » permettant l’émergence d’un homme nouveau, ce qui implique un recommencement, une seconde naissance de nature spirituelle. La renaissance en l’esprit, l’accession à une conscience nouvelle est une révolution qui se déroule à l’intérieur de nous-mêmes, dans nos pensées, dans nos convictions, dans notre être.
Le message du christ est un programme de paix radicale : aimer ses ennemis, faire du bien à ceux qui nous haïssent, bénir ceux qui nous maudissent, prier pour ceux qui nous diffament.
Paradoxalement, il sait que celle-ci ne s’installe pas sans divisions et sans douleur. Mais il impose la tolérance et le pardon comme seule issue possible à l’escalade de la haine et de la violence. Pour y parvenir, il propose d’agir selon le modèle d’un Dieu capable d’un amour infini et promet en échange la vie éternelle. Le Christ enseigne une éthique à portée universelle : justice et partage, non-violence, liberté de choix, fraternité humaine. Le passage de la femme adultère dans l’évangile témoigne de la générosité du christ. Jésus discute du respect de la Loi avec des Pharisiens :
L’esprit de la loi peut se résumer à l’intérieur de ces deux commandements : il s’agit d’aimer le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, toute ton âme, et toute ta pensée. Et aussi d’aimer ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. Jésus affirme que toute la loi, si on la considère du point de vue de son essence, doit être comprise sur la base de ces deux commandements, ils sont au centre de l’enseignement de Jésus.
Jésus répétait constamment aux pharisiens qu’ils étaient des hypocrites. "Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! "Et dans le contexte de ce passage, être hypocrite veut dire accorder la priorité aux actes extérieurs de la loi et à la lettre au détriment des dispositions intérieures du cœur et de l’esprit.
La parole de Jésus n’est pas faite pour séduire les plus hauts dignitaires du peuple juif. Aujourd’hui non plus, de semblables discours de la part de Jésus n’emporteraient pas l’adhésion des décideurs et des dignitaires de notre société.
Pourtant ces paroles ont survécu à tous les orages et en deux mille ans n’ont rien perdu de leur actualité.
Tags : Religions Culture
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