L’Etat profond, qui est en fait simplement la petite classe élitiste capitaliste, politique, managériale, a pour but je crois, pour le dire simplement, de garder ses privilèges de classe en maintenant le système économique en place. Sauf qu’il ne faut pas oublier que contrairement à d’autres systèmes économiques plus anciens, le capitalisme (une fois la "machine enclenchée") est un système en perpétuelle évolution/fuite en avant, vu qu’il repose sur l’accumulation infinie. Donc pour stabiliser ce système en évolution (!) déjà bien (trop) avancé, il faut que la tête (l’élite de la globalisation) se détache de plus en plus du corps travailleur, qui ralentit fatalement l’accumulation, tant les chiffres ont pris des allures incroyables (l’accumulation ne correspond plus à la valeur d’un travail réel). Ils ont besoin de faire leur propre règle selon besoin, de ne plus rendre aucun compte au peuple. La rupture totale ne peut se faire en donnant des ordres moraux fixes, rigides à l’ensemble de la pyramide sociale (ça serait encore garder un lien dangereux) mais en créant le chaos entre les pauvres, les couches les plus basses mais également les plus nombreuses de ladite pyramide. D’où une propagande (et des moyens techniques et scientifiques comme les médias de masse et l’ingénierie sociale) jamais égalée dans l’histoire. D’où que se faire la guerre entre pauvre plutôt que tenter la réconciliation dans le but de reformer des forces sociales c’est faire le jeu de la domination. Si ça va de plus en plus mal pour les couches populaires, c’est que l’opération (consciente ou non, répondant aux besoin du capital) réussi.
Machiavel, ta définition de l’Etat profond est excellente, je la prends. Par ailleurs, on peut dire que, dans notre système capitaliste et toute chose égale par ailleurs, plus le Capital augmente et plus l’Etat profond est important, c’est-à-dire plus coercitif. Plus il a d’impact sur le quotidien des masses, en d’autres termes. C’est un simple constat que Proudhon et bien d’autres avaient déjà fait, à leur époque. Ceci est d’ailleurs assez logique. Plus le capitalisme croît, plus, pour le faire croître, il faut "discipliner la masse à travailler d’une certaine manière". Contrairement à ce qu’un libéral (au sens économique du terme) pourrait croire, le capital ne s’accroît pas par magie. Si on prend en compte les autres enjeux, notamment politiques, autour du Capital, on peut imaginer l’importance de l’Etat profond dans tout gouvernement étatique. C’est qu’il ne faut pas confondre érosion des souverainetés territoriales (nationales dans ce cas) et augmentation de la coercition des forces étatiques sur les membres travailleurs de la société concernée. Dans notre processus de mondialisation (de mondialisme, pour être plus précis), l’un est d’ailleurs inversement proportionnel à l’autre, bien malheureusement.
Merci pour cette vidéo Blueman. Si elle ne me dit pas la réalité, elle me parle certainement de vérité. Ce qui manquait à ce groupement de personne - pourtant de la même société - c’était du lien social spontané. Ce qui, on le voit bien, fait qu’il n’y a pas de société, mais un amas d’individus isolés réduits à l’état de chose. Le problème, c’est que notre mentalité bien formatée au réalisme n’accepte que la déduction logique, faisant d’une opposition radicale le couple inséparable raison - passion (alors que je concentre au mieux ma raison sur les sujets qui me passionne le plus, par exemple), n’a plus accès à l’imaginaire, et n’est donc autorisée à ne penser que ce qui existe déjà. Normal, de ce point de vue là, que la vidéo ne passe pas.
Et il ne faut pas voir de comploteur dans chaque question ! Bon j’aurai peut-être dû préciser que ce n’est pas tant sa mort qui m’étonne mais l’annonce de sa mort, mais ça me paraissait détail insignifiant face à cette triste nouvelle. Je me demandais seulement si c’était une mort naturelle ou la fin d’une quelconque maladie. 88 ans ou pas, il n’empêche que la Faucheuse n’avait prévenu personne, ce qui n’est pas courant chez les personnes d’un tel âge. On peut dire que cela confirme l’originalité du personnage, et le fait que ce soit l’Ange du Seigneur qui nous l’ait prit. Ca fait toujours froid dans le dos de savoir que la mort puisse survenir d’un jour à l’autre, qu’on soit grand homme ou pas.
Quoiqu’on puisse dire sur lui c’était un homme complet comme il n’en existe que trop peu - et de moins en moins -, une oeuvre à lui tout seul. Ceci dit sa mort m’étonne, lors de ses dernières interventions filmées il paraissait en forme, l’oeil toujours aussi vif et l’esprit taquin. Quelqu’un connait-il la cause du décès ?
Mais que puis-je te répondre ? Ca fait des tas de vidéos que j’émets des critiques sur l’immigration de masse et la destruction des cultures populaires et tu t’arroges le pouvoir de me coller une étiquette d’immigrationniste. SI ça t’emmerde tant que ça que j’essaie de faire une critique constructive et pas raciste, que je lie phénomène social avec phénomène économique en tant que le capitalisme néo-libéral s’exerce comme fait social total, que je prends toujours parti pour le populaire contre le riche - et non pas le "de souche" (comme s’ils étaient tous pareils sociologiquement) contre "les autres" - alors y a pas moyen de dialogue. Je dis simplement que dans l’état actuel, la meilleure façon de réhabiliter les cultures populaires contre l’ordre mondialiste est de pointer du doigt non pas l’immigré en tant que personne humaine mais la classe qui nous fabrique une culture de masse (Kulturindustrie ou appelle la comme tu veux), c’est-à-dire ces produits culturels fabriqués en masse, homogénéisés qu’on oblige au peuple de consommer (sinon c’est la crise !) et qui - in fine - détruisent les formes de culture particulière (c’est ça les véritables traditions). Ca c’est l’esprit libéral "laissez-faire, laissez-passer" et le domaine culturel devient une industrie, donc le peuple devient masse sans identité propre, au nom de la liberté individuelle de choisir quel produit on veut acheter, et qu’on a tout à fait le droit de préférer regarder les anges de la téléréalité plutôt que lire un bouquin, discuter au bistro ou aller au bal. Cette hyper-consommation "chacun de son côté, chacun sa télé etc" est le véritable facteur de la rupture du lien social. Concernant l’immigration massive, elle est l’armée de réserve du capital, et plus les pauvres des pays voisins coûtent chers, plus on va chercher loin. Alors le bon petit bourgeois qui est contre l’immigration de masse mais libéral et capitaliste est obligé d’être raciste pour donner une cohérence à ses propos ("c’est la biologie ! C’est scientifique !"). Et je pointe du doigt tant les méfaits de l’un que de l’autre. Surtout que l’un et l’autre font le jeu du pouvoir, le premier en claquemurant toute interrogation personnelle sur ce qui se passe et le second en créant des tensions entre pauvres, comme ça les riches de ce pays sont tranquilles.
On te dit, te montre, t’illustre que les Italiens n’ont pas été facilement intégrés, alors même que c’était des Italiens du Nord (Piémont) des voisins, et tu persistes à croire, aveuglé par ta haine du bronzé, que c’est la race qui cause problème, parce que "ils ont une différente culture". Or l’intégration des maghrébins en Italie du sud s’est effectuée sans problème jusque dans les années 2000, où les médias les ont désigné comme les boucs-émissaires. Il y a encore 40 ans au nord de la Tunisie vivaient des familles françaises, italiennes et tunisiennes sans problème. Tu parles de tradition comme si on était au début du 19ème siècle. Désolé mais la tradition populaire, celle réelle - pas celle des rdv saucisson pinard - a disparu depuis qu’elle a été remplacée par une culture de masse, universelle. Reste à savoir qui crée cette culture de masse, et pourquoi. Là est l’ennemi. Bref.
Quelles traditions précisément ? L’habillement ? Vilipendé voir interdit. La nourriture hallal ? Va voir qui tient les reines économiques de ce marché juteux, c’est pas des musulmans. C’est à l’odeur du p’tit billet qu’on reconnait le véritable larron, pas à sa couleur de peau.
Oui oui... Théorie théorie. On est sur internet c’est que de la discussion houleuse, t’as pas grande activité. Parce que concrètement c’est quoi ta solution ? Les foutre tous dehors ? Et après ? Tu fais avec quelle main d’oeuvre la ré-industrialisation capitaliste ? Et tu l’assures comment ta sacro-sainte croissance sur des années ? Quand tu veux juste réformer un aspect du social d’un système pourri à la base tu vas pas bien loin, le boomerang te revient en moins de deux. D’où l’utilité de la connaissance théorique.
Quand des auteurs bien différents, de Bakounine à Guénon, pointent du doigt les dérives de la science occidentale, c’est exactement la stupidité d’un "ComprendreEnPire" qu’ils visent. Bakounine disait que la science - pourtant voie rapide à la raison - devenait la nouvelle foi de l’élite étatiste, le nouvel opium du peuple si on veut. Ce n’est plus "Dieu a dit" mais "c’est scientifique". Elle sert à justifier une idéologie et non pas à comprendre. Darwinisme social "laissez-faire, laissez-passer, laissez-crever" ; supériorité de l’homme blanc servant selon besoin soit à "chasser les sauvages" soit à "valoriser leurs produits locaux, vu que eux ne savent pas le faire". Expliquer la population européenne comme racialement homogène, c’est justifié la formation d’une Union européenne forcée, ce serait juste une construction nationale plus large tout à fait justifiée par l’histoire et la biologie. Faut aller au bout de ses propres logiques. Commence comme je le fais avec les produits israéliens en boycottant tous les produits étrangers où une multinationale européenne ne pratique pas le commerce équitable. En comptant bien sûr tant l’alimentation que l’habillement etc. Si on veut tous les foutre dehors, c’est normal aussi de militer pour que nos multinationales se cassent d’où elles sont :) Mais quelque chose me dit que ton côté bon bourgeois qui aime tant son petit confort intellectuel aimera également son petit confort matériel, sans remettre ni l’un ni l’autre en question et surtout sans jamais faire de liaison entre les deux.
Si je m’exprime aussi radicalement, ce n’est pas forcément parce que ma pensée est radicale mais parce que je pense sérieusement que notre civilisation a besoin d’une critique radicale. Pour répondre à "Voter après la monnaie", je ne confonds pas liberté et bonheur. Là où le reportage explique que la liberté n’apporte pas le bonheur, je dis que cette liberté n’en est pas une, et ne peut donc pas apporter le bonheur. D’où mon avis sur l’inutilité complète de l’utilisation de la science dans ce reportage. Si la liberté vue sous cet angle ne peut apporter le bonheur, pourquoi dépenser des millions pour étudier ce dernier ? Pourquoi ne simplement pas pointer du doigt une fausse définition de la liberté ? Parce que celle-ci est une critique radicale, remet en cause un système. En effet, après ce reportage, je me pose une très simple question : Pourquoi un reportage suisse, pays des banques et des multinationales, diffusé sur la chaîne nationale nous explique que le bonheur c’est pas l’argent et le matériel alors que c’est un pays où la propriété privée capitaliste est quotidiennement valorisée, où l’on travaille 8h30 par jour contre de l’argent pour posséder du matériel ? Pourquoi ne pointe-t-il pas ce hiatus social ? Pourquoi aucun des intervenants n’a remarqué cela ? Parce que ce sont des scientifiques nombrilistes, qui veulent juste faire leurs petites expériences, sans penser au potentiel libérateur de la science.
J’entends bien les propos du reportage, mais deux choses me dérangent pas mal dans ce ce dernier : 1. Le scientisme, cette volonté de tout quantifier, même les choses les plus intimes, sans se rendre compte que cette approche légitime la conquête autoritaire et capitaliste de toutes les sphères de nos existences, sans se rendre compte que cette vision du bonheur est elle-même biaisée, occidentale, libérale (il n’est point un hasard que ce documentaire est Suisse) 2. Le journaliste qui se voit comme neutre, alors qu’il n’est que vecteur d’une idéologie particulière et dominante.
Justement, y a pas 7 mia de personnes qui sont nourries !
Par ailleurs, le protectionnisme s’est développé aux USA et en Allemagne, deux nations quelque peu en retard sur l’Angleterre sur le plan industriel. Friedrich Liest, allemand, élabore sa théorie protectionniste après son séjour aux USA, comme réponse au libéralisme économique anglo-saxon. Voilà comment les USA sont devenus plus tard la première puissance industrielle mondiale. Certains prétendent encore que le libéralisme, né chez les plus riches pour s’enrichir encore plus, pourrait apporter richesse chez les plus pauvres. C’est toute l’utilité de l’écriture de l’histoire par les gagnants, rendre les âmes amnésiques, pour justifier ce qui ne peut se justifier sui generis.
Et voilà le parfait exemple de l’idiot utile, de la sainte alliance gauche-droite libérale-libertaire, et donc de toute la tartufferie spectaculaire de nos belles démocraties blanc-bonnet bonnet-blanc. Au nom d’un multiculturalisme appauvri (les pauvres ont le droit à une culture pauvre en toute liberté) - et trahissant au passage 2 siècles de réflexion sur le multiculturalisme véritable (randolphe bourne) -, le bon gauchiste bien mou et bien naïf justifie l’existence d’une industrie de la musique fabriquée par une petite classe capitaliste (Bellanger et les autres) pour tourner les colères légitimes du peuple vers de la consommation libidinale. D’une pierre deux coups, le capitalisme te dit merci, gros con !
Merci pour votre réponse. Je rajouterai qu’effectivement, le fait que des socialistes soient aujourd’hui à la tête montrent bien le versant libertaire le plus vulgaire (politiciens "open-minded", citoyens du monde, violeurs en série etc) du libéralisme. Parce que s’il convient de pointer du doigt cette hyper classe politique, il faut aussi préciser que les vrais acteurs politiques (pas ceux qui font les festins au parlement européens et sont payés pour rien foutre) sont les lobbys, les acteurs économiques, les multinationales, tout à fait libérales dans leur action et dans leur philosophie de travail. Voilà pourquoi je pense que le monde est dirigé par des acteurs libéraux, ou plutôt par une alliance libérale (économique) et libertaire (culturel), ce qui permet la survie du système capitaliste et de l’idéologie de la croissance. Par exemple, toute l’industrie du cinéma américain, ce cinéma nul et standardisé au possible, est justifié par l’intelligentsia de gauche, qui croit prendre la défense du peuple en accusant ceux qui remettent en cause la qualité d’un produit industriel par l’argument suivant "le pauvre a le droit à sa culture du pauvre" sans préciser qui élabore cette culture. La Kulturindustrie (libérale dans sa production) remplace la culture populaire (traditionnellement le frein de l’avancée capitaliste), voilà d’après moi le rôle laissé à la gauche aujourd’hui. Rôle ridicule selon moi.
Je ne vais pas répondre sur le contenu du libéralisme parce que 1. Machiavel l’a très bien fait et 2. je suis un fainéant anti-libéral qui déteste le salariat, donc le travail répétitif, aliénant et bien souvent inutile.
Oui, sauf qu’être libéral et conservateur conduit à la schizophrénie, les deux mots mis ensemble représentant philosophiquement un oxymoron exemplaire. D’où l’incapacité chronique de comprendre la situation actuelle, tant de la part du libéral conservateur que de sa complémentarité, le socialiste libertaire. Le libéral conservateur déteste le système culturel produit par le système économique chéri. Le libéralisme culturel est le résultat inévitable (ou la préparation nécessaire) à l’installation d’un libéralisme économique. L’économie étant un fait social total tant elle a pris de l’importance depuis l’avènement du capitalisme, elle transforme inexorablement toutes les sphères de l’humanité, dont bien sûr le versant culturel. Le libéralisme est le monde de la concurrence et du libre marché, ainsi l’homme est en concurrence avec son voisin et le reconnait en tant qu’homme social que par le calcul de l’intérêt bien compris. Les liens sociaux traditionnels sont dissouts par le système économique. Et en sachant qu’on est dans un système d’accumulation infinie, alors c’est une perpétuelle fuite en avant qui se dessine. Cette perpétuelle fuite en avant demande une rupture complète avec toute l’histoire passée, d’où la complémentarité nécessaire qu’elle trouve dans le libéralisme culturel, anti-thèse culturelle du moyen bourgeois conservateur (mais compagnon de route économique).
Faudrait-il encore considérer que les "leaders" français puissent avoir quelque reste de souveraineté politique, c’est-à-dire le pouvoir de faire appliquer, en toute liberté, des directives politiques contraires à celles supra-nationales - européennes et américaines.
Ceci dit, il est vrai que la France a une tradition foncièrement anti-capitaliste développée. C’est ce qui rend le discours libéral très indigeste pour le peuple, d’où la différence entre théorie (marketing électoral, grandes proclamations) et application concrète. Le fait que cet économiste base son constat à prétention scientifique sur du marketing électoral en dit long sur ses capacités cognitives.
Ensuite, il est vrai que le libéralisme est de moins en moins possible pour le peuple (c’est-à-dire qu’un mec voulant devenir commerçant indépendant aura toujours plus d’obstacle), seulement ne pas comprendre que c’est le résultat inévitable de décennies libérales me surprend (pas tant que ça, en fait). Le droit à la propriété privée induit le droit à l’expropriation des autres. Et dans un monde où y a toujours plus de disparité, c’est toujours plus de libéralisme pour les plus riches, et inversement pour les plus pauvres.
Enfin, comment expliquer l’anti-capitalisme actuel à partir de l’obsession tous azimuts pour l’impératif de la croissance, tant au PS, NPA ou FdG ? Qu’est-ce que le capitalisme si ce n’est pas cette obsession de l’accumulation (ou autrement dit, la croissance) ?
"C’est un rap très engagé"... "nous on s’inspire beaucoup du modèle américain musical, économique... socialement on est encore un peu à la traîne"
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