Multinationales : trop riches ? Trop puissantes ?

@ Machiavel 1983

Bonjour,

Il est souvent intéressant de vous lire, je trouve. En tous cas je me reconnais volontiers dans vos commentaires.

Pour ma part, s’agissant du Gouvernement mondial, je pense aussi qu’il s’agit d’un leurre. Au contraire, si espoir il y a pour l’humanité, ce ne peut-être que dans le morcellement maximal des structures, notamment politiques. (La difficulté consistant à former des communautés politiques, d’une part douées d’une masse critique opérationnelle, d’autre part fondée sur la libre adhésion et non sur la fatalité du sang (reçu, la tribu, ou versé, l’Empire) : ce pourquoi j’observe que l’État-Nation, élaboration capitale de la modernité, est encore ce qu’on a fois de plus efficace et de plus paisible à la fois... Morcellement politique et même culturel qui, du reste, est certes conforme au processus historique observable depuis la fin du Moyen Age, mais encore au déploiement de la vie dans la nature, dont l’essor offre le spectacle d’un camaïeu infiniment divers. Tout ce qui vit se détache, se distingue au sein du vivant, selon sa logique intrinsèque, accomplissant sa propre destinée, à tout le moins son projet spécifique. Les abeilles ne sont pas des fourmis (malgré leurs similitudes d’êtres laborieux), ni les êtres humains (malgré les apparences contemporaines). Bref, en fait je suis sans espoir aucun ; mais si j’avais encore foi en l’avenir j’irais jusqu’à dire qu’en définitive, l’homme doit cultiver le singulier en lui jusqu’à ce que l’individu atteigne à l’intensité mystique d’un peuple...

Mais, encore une fois, j’ai perdu tout espoir, ne tendant plus qu’à m’excentrer au maximum de l’orbite hyper-violent. Voici pourquoi : je ne sais pas si vous connaissez, mais permettez-moi de vous conseiller la lecture du cybernéticien Jean-Michel Truong, Totalement inhumaine. Cherchez sur le Net.

C’est, à ma connaissance, le seul auteur parvenu à synthétiser (grâce à la cybernétique, véritable solution de continuité conceptuelle entre biologie et technologie), "nature du vivant" (la génétique c’est de l’informatique) et "logique du capital" (la valeur d’échange c’est de l’abstraction), à formuler le plus exactement le scénario en cours et à en démontrer la fatalité : l’interaction de ces deux paramètres fomentant selon lui l’avènement du Successeur, de l’Intelligence artificielle, c’est-à-dire d’une forme de vie totalement désincarnée - et "bientôt" même, explique-t-il, immatérielle...

L’humanisme découle mécaniquement de l’hominisation : la biologie (la conformation du cerveau) est le vecteur inexorable de l’économisme, lui-même forge du post-humain.

Je ne fais que résumer grossièrement l’impressionnant essai de Truong.

@ Machiavel

Bien de votre avis encore une fois : la beauté du geste importe autant que l’utilité du combat ; d’ailleurs, nous voir politiquement réduits au silence est une bonne raison de l’ouvrir ; et finalement, ne baissons pas les bras au pied levé !

Le livre de Truong doit se trouver d’occasion un peu partout (Gibert, Amazon...)

Le jeu de rôle Shadowrun est une bonne préfiguration, je trouve, de ce que pourrait vivre l’humanité structurée par les multinationales (mis à part le volet "magique").

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"Le monde de 2070 est dominé par les mégacorporations, multinationales ayant acquis le droit d’entretenir leurs propres forces armées ainsi que l’extraterritorialité et qui dictent leur politique à la plupart des pays. La technologie a grandement évolué depuis plusieurs décennies et les implants cybernétiques ou biotechnologiques sont désormais courants. Le monde virtuel de la matrice, qui a remplacé l’internet, procure quant à lui une immersion sensorielle totale à ses utilisateurs et la quasi-totalité de la population mondiale l’utilise quotidiennement.
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Dans ce monde où se côtoient continuellement technologie et magie, les joueurs interprètent un shadowrunner, c’est-à-dire un mercenaire qui essaie de survivre en gagnant de l’argent lors de missions illégales plus ou moins difficiles qui leur sont confiées généralement par des mégacorporations voulant entraver le développement d’autres mégacorporations, mais aussi par des gouvernements, des organisations (légales ou criminelles) ou même par de riches particuliers. Ainsi, les shadowrunners (coureurs de l’ombre) font « le sale boulot » pour des employeurs dont ils ignorent tout en espérant être payés en retour." https://fr.wikipedia.org/wiki/Shadowrun

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Là c’est très résumé mais j’assure que c’est beaucoup plus dense quand on y joue et qu’on prend la peine de s’inspirer du background qui est fort développé. 

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Il n’y a rien de fondamentalement original dans shadowrun (mis à part "l’éveil"). La première édition est parue en 1989 et rassemble plusieurs éléments des dystopies cyberpunk des années 70, 80 (K.Dick, etc.). Ce qui y est particulier, c’est surtout le fait que le principe de jeux est entièrement déterminé par l’organisation économique de la société : tout le jeu est une suite de séquence similaires, le joueur incarne un clandestin mercenaire qui s’allie avec d’autres pour mener à bien des contrats dont il ne comprend pas ni les tenants ni les aboutissants (par exemple, allez chercher dans une obscure boite de nuit un enregistrement crypté sur un disk et le remettre à un type qui n’est qu’un intermédiaire, réceptionner un colis impossible à ouvrir et le mettre dans une poubelle à un coin de rue, etc.). Dans shadowrun, vous pouvez incarner une variété d’êtres, avec des compétences et des pouvoirs différents, mais jamais vous ne pouvez avoir un autre job que shadowrunner. Le jeu maintient le joueur à la surface d’un état profond qui a colonisé toutes les infrastructures et toutes les superstructures, au joueur de s’acharner à chercher à comprendre et à s’extirper un minimum de cette état d’aliénation quasi total.

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Ca ne reste qu’un jeu mais il est très inspirant.
Sinon je pensais aussi aux univers sciencefictionnesques jodorovskiens :)