Oui, je comprend ce que vous voulez dire. Ce qui m’induisait en erreur
c’est que vous utilisez le mot "gauchisme" comme le fait la droite pour
parler de la gauche "bien-pensante", alors qu’à gauche, "gauchisme"
désigne plutôt ceux qui sont qui dénigrent les élections, refusent la
bagarre politicienne et rêvent d’une révolution qui viendrait de la rue.
Du coup je n’étais pas sûr de comprendre...
Je ne voudrais pas me fourvoyer en donnant l’impression de défendre
Mélenchon envers et contre tout, mais concernant l’absence de critique
envers la politique de Chavez ou du régime chinois, personnellement j’ai
plutôt l’impression que Mélenchon cherche surtout à ne pas être
récupéré par l’opinion médiatique dominante qui critique ces régimes par
simple "anti-marxisme primaire".
Ça me semble logique que plusieurs choses doivent le faire tiquer,
Mélenchon, quand au rapport du gouvernement vénézuélien à la religion
par exemple, ou au fait que le régime chinois n’a de démocratie
populaire que le nom...
Mais en ce qui me concerne je comprend parfaitement ce souci de chercher à éviter d’être
récupéré par ses opposants. D’ailleurs quand des critiques sur la personne de DSK ont
commencé à fuser de la droite, Mélenchon a cessé d’en parler dans ces
discours, pour ne pas y être assimilé (et je ne sais plus quel
journal a même parlé d’un retournement de veste en douceur de
Mélenchon...)
Sa tactique me semble encore plus clair concernant Cuba, lorsqu’il a
dit à plusieurs reprises qu’il acceptera de parler de ce qu’il se passe
là-bas lorsque le journaliste qui lui posera la question commencera
tout d’abord par dénoncer l’embargo américain, contre lequel pourtant
l’ONU s’oppose depuis 10 ans.
Concernant le FN par contre là je ne suis pas d’accord avec vous. Je
n’ai malheureusement pas trouvé sur internet les argumentaires précis
qui ont été énoncé pour ou contre l’interdiction du FN... mais défendre
le FN sous l’égide de la liberté d’expression, comme le font la majorité
des gens à ce sujet, me semble être un jugement gravement erroné. C’est
confondre un organe de presse et un parti politique qui participent à
des élections. Dissoudre le FN et interdire ses militants de s’exprimer à
travers des médias n’est pas du tout la même chose.
Pourtant l’amalgame est fait régulièrement, et produit même parfois des
opinions inverses, certaines personnes ne se prononçant pas sur
l’existence du FN mais s’opposant au fait de présenter Marine Le Pen
dans les médias.
Pour la peine, là je trouve que ça ressemble justement à une réaction de
"gauchiste bien pensant", ou de quelqu’un qui ne se sent pas capable de
les contrer par l’argumentation. Il me semble beaucoup plus cohérent l’attitude
qui consiste à penser, comme l’a dit un journaliste de Fr3 à ce sujet
sur le plateau d’arretsurimage, "J’ai milité pour l’interdiction du FN
car je considère que c’est un parti anti-républicain. Mais puisqu’il n’a
pas été interdit, et bien j’y vais, il faut les interroger, montrer à
tout le monde leurs mensonges, leurs contradictions, et se battre sur le
plan des idées."
Mélenchon réagit de la même manière et je trouve que c’est tout à son honneur.
Et concernant l’UMP, qui serait "pire que le FN", à mon avis il peut
être aussi considéré comme un parti anti-républicain (et la présidence de Sarkozy le prouve), mais déjà qu’il
n’a pas été possible d’interdire le FN... alors l’UMP... c’est juste
prendre le risque de se ridiculiser.
Après, ceci dit, personnellement je ne sais pas si faut être
pour ou contre l’interdiction du FN, on peut considérer par exemple
qu’il faut mieux savoir où trouver ces gens plutôt qu’ils soient
éparpillés sans porte-parole qui accepte de débattre avec des contradicteurs. Mais je pense que s’opposer à leur interdiction en
défendant la liberté d’expression est une erreur que
malheureusement beaucoup trop de gens commettent. Dans ce cas là, ça
voudrait dire que n’importe quel parti avec n’importe quel programme
pourrait participer aux élections toujours pour la liberté d’expression
?... je ne sais pas, mais un parti politique n’est pas censé être un organe qui permet à des manipulateurs d’utiliser le temps de parole accordé par le CSA lors des canpagnes électorales pour se faire une notoriété médiatique...
Enfin, à propos de Chevènement, je serais très intéressé aussi par un
débat ou une rencontre entre le MRC et le PG. Mais j’ai l’impression que
les désaccords entre eux sont tout de même tenaces, au sujet du PS par
exemple.
La dernière rencontre entre eux semble s’être faite il y a deux ans et c’est terminé sur un
"ni oui, ni non"
http://www.lepartidegauche45.com/article-27212973.html
En tout cas je vous comprend sur votre hésitation entre les deux, et c’est agréable d’ailleurs d’en discuter avec vous.
Ce que j’espère de mon côté c’est que Chevènement, maugréant contre une
bagarre médiatique qu’il ne parvient pas à tourner à son avantage, ne
décidera pas de se lancer dans les présidentielles en la jouant perso, fonçant tête baissée.
Faut dire qu’avec le titre de son dernier bouquin, et son soutien
officiel à Zemmour, on en est quand même arrivé à entendre Askolovitch le
traiter de "Le Pen de gauche" sur Europe1 sans que Chevènement ne trouve le moyen de s’en défendre. C’est mal joué à mon avis... par exemple, lorsqu’il a ensuite accordé un "tchat" à Rue89,
la plupart des internautes se sont contentés de chercher à savoir s’il
était raciste...
J’ai trouvé Mélenchon assez juste quand, lors d’un interview, il disait "Chevènement, c’est quelqu’un qui essaie d’être dans une
logique de vérité, il n’a pas compris que malheureusement à l’ère
médiatique ça n’existe plus, il faut être pour/contre, noir/blanc...’